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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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excuses les plus sincères, Sir James, expliqua-t-il. J’avais toujours cru que vous étiez passé par Kinghorn Ness, que vous aviez vu le corps en contrebas et l’aviez fait remonter avec des cordes.
    Selkirk eut un rire bref.
    — Pourquoi aurais-je fait cela ? Je vous ai déjà dit que la marée était basse. N’importe qui aurait emprunté ce chemin. On n’utilise le sentier de la falaise que lorsqu’il fait mauvais temps ou que l’on risque d’être bloqué par la marée montante. Mais votre question à propos de cordes et de système de levage pour remonter le corps est pure absurdité !
    Corbett fit signe qu’il était d’accord.
    — J’aurais une autre faveur à vous demander, Monseigneur, reprit-il posément. Il faut me l’accorder, bien qu’elle puisse offenser les Français.
    — Allez-y, dit Wishart d’un ton las.
    — Je suis allé au manoir de Kinghorn, poursuivit Corbett, j’ai essayé de voir la reine Yolande pour lui demander pourquoi elle n’avait pas envoyé ses gens à la recherche du roi quand il n’était pas arrivé au manoir. Je trouvais étrange qu’une épouse, une reine, une princesse chargée de responsabilités, à qui on avait dit, de façon certaine, que son mari allait la rejoindre, n’eût rien fait en ne le voyant pas arriver. N’importe quelle femme, dotée d’une once de bon sens, se serait tout de suite inquiétée et aurait envoyé ses serviteurs à sa recherche. Après tout, il aurait pu être désarçonné et être resté sur la lande, blessé, au milieu des éléments déchaînés. Je dois absolument demander à la reine Yolande pourquoi elle a agi ainsi.
    Corbett observa attentivement le vieil ecclésiastique. Il voyait, d’une part, ses soupçons se refléter dans les yeux de l’évêque et, d’autre part, celui-ci prendre conscience qu’une telle entrevue pouvait provoquer chez les Français de l’hostilité et plus d’ennuis que cela n’en valait la peine.
    Corbett insista.
    — Pour autant que je sache, Monseigneur, il est possible que la reine Yolande soit impliquée dans la mort de son époux. Pour elle, pour la France, pour l’Écosse, elle doit être lavée de tout soupçon.
    Wishart hocha lentement la tête.
    — La reine Yolande, répliqua-t-il, doit partir demain, à marée haute, juste après l’aube. Une galère française va venir la prendre sur la côte du Firth of Forth et l’amener en pleine mer où d’autres bateaux attendent pour l’escorter jusqu’en France. Je crois savoir que l’envoyé français, de Craon, assistera à son départ.
    Il soupira profondément.
    — Si les Français sortent du Firth of Forth à bord de cette galère, il y a fort peu de chances qu’ils s’arrêtent pour répondre à vos questions, Messire. Donc, vous devez retenir la reine avant que son vaisseau ne quitte le Firth of Forth.
    L’évêque fit soudain montre d’une grande agitation.
    — Avons-nous un navire, Sir James ?
    — Bien sûr, répondit Selkirk.
    — Je veux dire, précisa Wishart avec brusquerie, avons-nous un navire dans le port de Leith que nous puissions utiliser ?
    Selkirk réfléchit en se frottant le menton.
    — Il y a le Saint Andrew, un cogghe qui nous sert souvent à protéger nos bateaux des pirates anglais.
    Selkirk jeta un regard de côté à Corbett.
    — Il est entièrement armé et équipé, et prêt à prendre la mer à tout moment.
    — Très bien, dit Wishart en souriant. Sir James, emmenez notre visiteur anglais au port de Leith et ordonnez au capitaine de suivre ses instructions dans le Firth of Forth. Il devra arraisonner la galère, parler à la reine Yolande et ne pas la laisser quitter le Firth of Forth avant que Corbett n’obtienne des réponses satisfaisantes à des questions qui nous intriguent, lui et moi. Je vous donnerai les mandats et les lettres de créance nécessaires.

CHAPITRE XVI
    Moins d’une heure plus tard, Corbett et Selkirk, accompagnés d’une douzaine d’hommes d’armes à cheval, galopaient lourdement sur le chemin boueux qui reliait Edimbourg au port de Leith. Malgré un sol détrempé par de récentes pluies, ils allaient bon train, Sir James ayant déployé la bannière royale d’Ecosse pour avertir les autres voyageurs de s’écarter rapidement de leur passage. Ils entrèrent dans Leith, s’engouffrèrent dans les rues étroites et tortueuses, traversèrent la place pavée où Corbett avait rencontré les soldats de Lord Bruce et arrivèrent sur le quai.

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