Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
imaginées.
    – Oui, dit Tiercelet en quittant le dernier la selle et en remerciant Tachebrun d’une caresse sur son chanfrein.
    Ensuite, le brèche-dent resta coi, immobile, tandis que son regard toujours vivace sous des paupières lourdes et comme ensommeillées courait se poser partout : sur les gens, les bâtiments, les volailles pour se perdre parfois dans le ciel moutonneux.
    – Des feux lointains nous prévenaient sur des présences déplaisantes.
    Et Tristan, inquiet, résuma sa pensée :
    –  La Normandie me paraît aussi peu sûre que la Langue d’Oc.
    Ogier d’Argouges acquiesça :
    – Charles de Navarre y sévit, les uns disent à juste raison, les autres non… Mais vous nous amenez un nouveau compagnon…
    Tristan présenta Tiercelet assez embrelicoqué, soudain, dans son personnage à mi-distance de l’écuyer et du sergent, du compère d’occasion et de l’ami fidèle.
    – Je l’ai retrouvé en Avignon… Je ne sais plus combien de fois il m’est venu en aide.
    – Ne parle pas de ça, dit le brèche-dent. C’était ainsi parce que ça devait l’être.
    Ogier d’Argouges ne parut point ébahi qu’un manant maussade, aux gestes lourds et comme compassés, tutoyât un chevalier qu’il avait en estime. Cependant, le sourire dont il gratifia Tiercelet parut à Tristan dépourvu de la moindre urbanité.
    – Vous êtes le bienvenu, messire, dit-il.
    Le messire fit son effet : Tiercelet s’inclina ; un frémissement anima ses lèvres. La gêne était rompue, sans doute.
    Ogier d’Argouges se tourna vers ses serviteurs toujours immobiles et comme indécis :
    – Raymond, peux-tu t’occuper des chevaux ?… Vous avez là, Tristan, un coursier superbe !
    – Alcazar, messire.
    – Superbe, en effet, dit Raymond en prenant Alcazar au frein.
    – Je viens avec toi, dit Paindorge.
    Tandis que son écuyer s’éloignait, suivi de près par les chevaux, Tristan crut bon d’en finir avec des questions informulées sur Alcazar :
    – Je l’ai obtenu lors d’un combat contre un hutin de la pire espèce : Fouquant d’Archiac. S’il peut le reconquérir en me tuant, il le fera.
    Ogier d’Argouges hocha la tête. Il était hors de doute qu’une inquiétude l’obsédait, forte et irrévocable. Tristan regretta de ne pouvoir élaborer la moindre conjecture sur la nature de ce tourment.
    – Je me serais battu sans pitié pour conserver Marchegai, dit enfin le chevalier normand après un léger soupir dû sans doute à la mélancolie du passé. Je ne l’aurais jamais mis en gage contre quiconque… et j’aurais refusé de le prêter au roi s’il m’en avait prié.
    – Eh bien, messire Ogier, vous êtes comme moi… et ce Fouquant d’Archiac n’est point à notre semblance.
    Ils marchaient lentement. Devant eux, Guillemette dodinait de la croupe, puis Thierry qui n’avait guère été loquace, Tiercelet toujours circonspect, et enfin Ogier d’Argouges auprès de ce Castelreng dont la venue, quelque attendue qu’elle eût été, semblait lui donner du mésaise.
    « Où est Luciane ? Pourquoi n’est-elle pas accourue ? »
    Bien qu’il touchât parfois de l’épaule son hôte. Tristan n’osait formuler la moindre interrogation concernant la pucelle. Était-elle absente ? Malade ? Mariée ? Morte ? Non, cela ne se pouvait ! D’ailleurs aucun chagrin, aucune anxiété n’apparaissait sur ces visages amis, plus attristés, toutefois, que réjouis.
    – Les Navarrais rôdent à l’entour de Gratot. J’ai, ajouta Ogier d’Argouges, reçu un message de Charles de Navarre. Il voudrait mon alliance. Je l’ai rencontré lorsque la peste noire accablait le Cotentin… J’étais allé chez Godefroy d’Harcourt afin de savoir s’il pouvait m’aider à retrouver Luciane.
    Enfin, le nom de la jouvencelle venait d’être prononcé.
    – Déjà – c’était en 48 –, il m’avait proposé d’être de son côté. J’avais alors atermoyé… Cette fois, j’ai dit non… bien que ses prétentions me semblent légitimes. Mais je déteste les moyens qu’il emploie pour les faire valoir.
    – Je vous comprends. Il s’allierait avec le diable s’il le pouvait !
    – Hé oui !… J’ai engagé trois soudoyers. Deux dorment en ce moment, l’autre est là-haut, dans cette tour… J’ai confiance en eux mais nous sommes fort peu si les Navarrais veulent nous punir pour mon refus !
    – J’ai l’intention, messire, si vous n’y voyez point

Weitere Kostenlose Bücher