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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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demande…
    – Ah ! fit Tristan, incapable d’exprimer sa satisfaction autrement que par un soupir.
    Il se sentait enfin délivré du fantôme accablant de Mathilde. Il était libre de corps et d’esprit. Il pourrait sans remords épouser Luciane.
    La face ronde et glabre du messager s’éclaira :
    – Le maréchal m’a chargé de vous dire qu’on avait retrouvé, dans la forêt de Montaigny, le corps de votre épouse. Elle avait été égorgée… Son chambellan, un certain…
    –  Panazol ?
    – C’est cela…
    Tristan se sentit dévisagé avec une insistance singulière.
    – Ce Panazol, messire, vous avait accusé de l’avoir occise, mais la servante de la dame a raconté dans quelles circonstances vous vous étiez enfui après que votre dame eut voulu vous tuer avec l’aide, justement, de ce Panazol. En un mot comme en cent : vous voila libéré… prêt sans doute à épouser, cette fois, une damoiselle ou une veuve de qualité !
    Sacquenville riait. Sans doute n’était-il pas marié ou, s’il l’était, vivait-il heureux en ménage.
    – Je suis Normand, dit-il en jetant un regard à l’en-tour. Êtes-vous fiancé à une damoiselle ou une dame de Gratot ?
    Tristan broncha pour cette curiosité importune.
    – Si je vous parais… indécent, c’est par amitié… Certains chevaliers ont épousé des damoiselles aussi bien pour leur beauté que dans l’espérance de régner moins sur leur cœur que sur leur chevance 87 . Or, vous n’êtes pas en Langue d’Oc mais en Normandie. De ce fait, rien jamais ne vous appartiendra 88 .
    –  Je n’ai fait, messire, aucun calcul.
    Tristan considérait Sacquenville bien en face. Tout au fond de son cœur il se sentait déçu. Comment cet homme pouvait-il imaginer qu’il pût être un hypocrite ? Il fallait qu’il restât maître de lui, bien qu’il se fût senti offensé tout autant que s’il avait reçu le gant de Sacquenville au visage. Il s’efforça d’affermir sa contenance :
    – Avez-vous encore, messire, quelque annonce à me faire ?
    – Non, messire.
    – Je vous sais bon gré de vous être dérangé. Veuillez, je vous prie, faire part de ma reconnaissance à messire Boucicaut.
    Il raccompagna Sacquenville jusqu’à son cheval et, lorsqu’il fut en selle, jusqu’au pont-levis. Il cherchait, sans en trouver, des paroles désagréables. Le messager mit fin à sa confusion :
    – Messire Tristan, je connais votre histoire : Brignais, une injuste accusation, à Lyon, par un chevalier méprisable : Guillonnet de Salbris !… La dame de Montaigny qui vous sauve du bûcher en demandant de vous épouser… Votre captivité, peut-on dire, dans l’enceinte de Montaigny… Que Dieu vous garde !
    Le cheval avança sans qu’on l’eût talonné. De l’autre côté du pont-levis, quatre hommes attendaient. Tous portaient la livrée du maréchal Boucicaut.
    – Vous avez fait vélocement ! dit l’un d’eux.
    –  Bref, certes, dit Sacquenville, mais efficace.
    Ils rirent cependant que Tristan s’en allait.
    Des nuages pareils à d’énormes verrues désenchantaient l’azur du côté de Coutances.
    *
    Il sut d’emblée que l’orage serait sur terre avant de tonner dans le ciel : Ogier d’Argouges marchait vers lui à grands pas. Il eût couru sans doute s’il n’avait craint d’être la risée de Paindorge et de Tiercelet qui, sur le seuil du perron, avaient essayé de l’apaiser, sinon de le retenir.
    – Même s’il vous en coûte, Castelreng, j’aimerais savoir pourquoi ce chevalier vous a rendu visite.
    – Il ne saurait m’en coûter. Au contraire : je m’apprêtais à vous en entretenir.
    – Voire !
    Tristan trouva que l’entretien s’engageait mal. Tout l’empire qu’il pouvait avoir sur lui-même, il l’exerça, pendant que le baron reprenait son souffle, pour contenir un agacement dont l’ampleur l’inquiéta. Quelque chose d’autre lui chauffait le sang. Ce pouvait être une angoisse.
    – Vous ne pouvez, messire, douter de ma bonne foi… Voyez-vous, en marchant, je cherchais la façon de vous mettre au fait de ce que Sacquenville vient de m’apprendre.
    – Savoir ?
    – Savoir, messire, que je suis libre d’épouser Luciane.
    – Ainsi, vous ne l’étiez pas !
    – Je l’étais en un sens.
    – Soyez clair !
    Tristan tressaillit. Cette semonce valait un coup de fouet. Il la jugea malvenue et désagréable.
    – Messire, je vais être clair, mais avant je vous

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