La danse du loup
commencer. Un temps pour tout. Réjouis-toi et ne te pose pas des questions si tu ne peux répondre à icelles. Tu as tout pour être heureux. Jouis de ton bonheur. »
Du bonheur, j’en avais plein la tête. Sans parvenir à en jouir. Le baron de Beynac permettrait-il que j’en jouisse un jour, dans quelques mois ? Ou y ferait-il obstacle ? Trop de doutes, trop d’incertitudes, trop d’impatience me hantaient pour que je fusse en état de crier ma joie.
Le temps des vendanges approchait. L’heure du départ aussi. Je me laissai bercer par une douce mélancolie. Tantôt j’avais hâte de regagner ma terre natale, tantôt je redoutai le moment de notre séparation. Sans esprit de retour.
Le temps était plus doux, les soirées plus courtes, et les parfums qui se dégageaient de cette terre d’Orient, moins enivrants, plus délicats. Mais mon esprit vagabondait sur d’autres terres. Des terres aux senteurs inconnues.
« À quoi penses-tu, mon doux ami ?
— Au temps qui passe, m’amie. Au moment où je devrai te faire mes adieux. La mort dans l’âme.
— Je pensais t’avoir appris bien des choses. Viens et suis moi avant que le jour ne tombe. Tu vas découvrir la baie de Kyrenia comme tu ne l’as encore jamais vue. »
Après avoir attaché nos montures, nous nous dirigeâmes vers la plage sablonneuse, lentement, par un raidillon très escarpé Sans éviter pour autant les cailloux qui glissaient sous nos pieds.
Le soleil se coucherait bientôt. Il caressait le sable, d’or et de pourpre, découpait les cyprès et, plus haut, plus loin, la forêt de pins d’Alep qui surplombaient la baie. La mer était d’huile. Pas une vaguelette ne léchait notre plage. Le temps avait suspendu son vol.
Nous nous dévêtîmes avant de nous avancer dans l’eau. Elle était un peu fraîche, ce soir. Nous fîmes quelques brasses vigoureuses, puis Échive me prit la main et me guida vers une petite anfractuosité dans le rocher.
Le sol était recouvert d’une épaisse couche d’un sable très fin. Les abords de la grotte étaient illuminés de tous les feux du soleil couchant. Une légère odeur d’herbes séchées s’en dégageait.
Seuls, quelques oiseaux chantaient. Le reste n’était que silence. Pas même le bruit d’un ressac. Cette fois enfin, je jouissais pleinement de l’instant présent. Je sentais ma respiration soulever ma poitrine de plus en plus régulièrement, de plus en plus calmement.
En peu de mots, la princesse Échive m’invita à m’allonger sur le dos. Je fermai les yeux, m’étirai pour mieux sentir le sable étonnamment chaud mouler mon corps dénudé et mouillé. J’ouvris les yeux.
« Garde les yeux fermés ! » m’ordonna-t-elle. Je lui obéis Quelques grains de sable se collèrent sur mes jambes.
« N’ouvre point les yeux pour l’amour de moi et du Ciel, me chuchota-t-elle. Promets-le-moi ! Laisse-moi bercer ton cœur. » Je lui souris, paupières closes. Elle me prit les mains dans ses paumes encore fraîches et les appliqua tout à plat contre ma tête
« Ne bouge plus à présent. Surtout, ne bouge plus, mon doux ami. »
Une onde de chaleur envahit mon corps lorsqu’elle se pencha sur ma poitrine pour me mordiller doucement le lobe de l’oreille et déposer de petits baisers sur mes lèvres, sur mon col, sur mon torse, puis plus bas sur mon ventre dont tous les muscles se bandèrent incontinent.
Tel un ruban de soie caressé par la brise, je respirai son souffle sur moi, doux, chaud et terriblement charnel.
Sans les voir, je sentais les pointes humides et dures de ses tétines, tantôt effleurer et glisser sur ma poitrine, tantôt s’y abandonner tandis que ses genoux s’enfonçaient dans le sable de part et d’autre de mes hanches. Le contact de ses jambes le long de mes cuisses, le toucher de sa peau satinée enflammèrent mes sen S à la vitesse de la foudre.
Ma respiration s’accéléra. Mon cœur battit de plus en plus fort. J’ouvris la bouche, les yeux toujours fermés. Je sentais à présent ma poitrine se soulever et se relâcher en un mouvement de plus en plus rapide.
Elle m’étreignit les mains, les serrant de plus en plus fort. Elle se pencha pour me rappeler ma promesse de ne pas ouvrir les yeux avant qu’elle ne me l’ordonnât. Je hochai la tête en signe d’acquiescement. Elle posa sur mes lèvres un nouveau baiser. Pour me remercier du plaisir immense qu’elle me donnait.
Puis je sentis,
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