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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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je gloussai comme une oie bien gavée, puis ris à gueule bec :
    « Comment peux-tu en être aussi sûre ?
    — J’ai fait un songe dont je ne t’ai point parlé. Je lis souventes fois l’avenir. Ils se réalisent toujours. Ils sont parfois tristes. Icelui est heureux. Ne me pose pas d’autres questions, s’il plaît à toi. »
    Armé chevalier avant cinq années ! Je n’en crus pas un mot, mais me gardais bien de le lui dire. Et pourtant l’avenir devait lui donner raison. Je serai armé chevalier avant cinq ans. Pour grande vaillance et grands faits d’armes. En présence de moult magnifiques chevaliers. Comment aurais-je pu imaginer ce jour ce qui n’arrivait qu’à d’aucuns écuyers ? Mes pensées s’assombrirentlorsque je songeai aux débours qu’un adoubement occasionnerait. Je n’étais qu’un pauvre gentilhomme sans fortune.
     
    Les deux nuits qui précédèrent notre visite au héraut d’armes de la commanderie hospitalière, je ne pus trouver qu’un sommeil fort agité. Je me tournais et me retournais entre mes draps de soie. Les chances de retrouver Isabeau tenaient à un fil. Un fil de soie. Un fil que j’avais été tenté de rompre à moult reprises. Sans y parvenir.
    Je voyais en songe la princesse Échive de Lusignan me tendre la main pour me présenter à Isabeau de Guirande. Le chevalier Gilles de Sainte-Croix bénissait notre mariage avant d’être lâchement occis par… par… Non, ce n’était point imaginable ! Un rêve peut aisément virer au cauchemar.
     
     

     
     
    « Vous dites, messire Brachet : d’argent et de sable, écartelé en sautoir, le chef et la pointe partis  ? N’avez-vous pas eu l’occasion d’interroger le baron de Beynac ? » me questionna le héraut de la commanderie.
    Il fit preuve de délicatesse en semblant ne pas reconnaître, sous ma nouvelle cotte d’armes, le jeune écuyer dont l’allure était moins fière, un certain jour. Le samedi saint, veille du dimanche de Pâques.
    « Non, messire, murmurai-je d’une voix mal assurée.
    — Vous en êtes-vous ouvert au chevalier de Sainte-Croix ?
    — Que nenni, messire. Au moment où j’envisageais de le faire, ce noble chevalier a été occis par traîtrise. En la chapelle de votre maison forte, à Cénac », avouai-je en me gardant bien de narrer les accusations qui pesaient sur moi lorsque je fus soupçonné d’avoir commis ce crime.
    « Messire Brachet, je connais ces armes. Le baron de Beynac les connaît aussi, bien sûr. Il pourra vous renseigner lui-même. S’il le désire », trancha-t-il sèchement.
    L’entretien était clos. Il s’était à peine mieux déroulé qu’au château de Castelnaud. Le chevalier nous servit lui-même de ce vin de la commanderie qu’un échanson venait d’apporter sur un plateau dans une aiguière de cristal au bec d’argent.
    Je trempai le bout des lèvres dans la coupe qu’il m’avait tendue, bien qu’il fût d’une autre qualité que la pisse de chat dont j’avais gardé un sinistre souvenir. J’eus un malaise. Une sorte de d’étourdissement, de vertigine.
    Le chevalier me pria de prendre place séant sur un faudes-teuil à dossier haut. Échive m’aida à l’atteindre. Ainsi, le baron de Beynac, mon maître, savait à qui appartenaient ces armes. Il savait certainement aussi où résidait la famille d’Isabeau de Guirande.
     
    Trente mois de recherches folles et infructueuses. Pour apprendre que les réponses à mes lancinantes questions étaient connues de la seule personne que je n’avais jamais osé questionner, messire Fulbert Pons de Beynac, mon compère !
    Certaines paroles du baron de Beynac me revinrent en mémoire. Celles qu’il avait prononcées la veille de notre départ pour la bastide royale d’Aigues-Mortes : “Un jour viendra où tu auras réponse aux questions que tu te poses… Un temps pour tout. L’heure n’est pas encore venue. Elle viendra bientôt. Probablement plus tôt que tu ne le penses. La patience est la fille de la sagesse, messire Brachet   !”
    Le baron devait savoir qui je cherchais. Il devait savoir où résidait la Dame de cœur. Ma gente fée aux alumelles. Celle que j’avais vue apparaître dans un songe, par une nuit enneigée en plein hiver de l’an de grâce 1345, à cinq jours des ides, le 8 janvier.
    Accepterait-il pour autant de m’apporter réponses ? Les réponses étaient là, debout, devant moi. Sous un surcot à la croix de sable, symbole de l’Ordre

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