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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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qu’ils se rendent sans attendre à la commanderie hospitalière de Châtel-Rouge pour solliciter une audience auprès du héraut d’armes.
    Dès le lendemain, les pages nous apprirent que le chevalier hospitalier, avec qui nous souhaitions prendre langue, avait présentement accompagné le commandeur pour se rendre près le nouveau grand maître de l’Ordre, en l’île de Rhodes. Ils ne seraient pas de retour avant trois bonnes semaines. Décidément, ces moines-soldats voyageaient beaucoup, pensai-je.
     
     

     
     
    Un mois plus tard, le héraut d’armes, ce chevalier de l’Ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem qui avait dirigé l’ordalie, était de retour à Châtel-Rouge en sa commanderie hospitalière. Il nous fit savoir par un chevaucheur qu’il nous recevrait bien volontiers le surlendemain vers sexte, la princesse Échive et moi.
     
    Le jour venu, je demandai à ma princière mie si elle ne verrait point ombrage à ce que je revêtisse mon surcot aux armes de mon maître, le baron de Beynac. Il n’était point dans nos usages de se présenter en simple pourpoint.
    Je vis son visage se fermer au souvenir de ce que ces habits représentaient pour elle dans le logis où elle avait été violentée. Ils avaient bien failli coûter la vie de trois innocents aussi.
    Je lui affirmai avec tendresse que, si elle devait y voir quelque souffrance, je ne le revêtirais point. Son visage s’adoucit. Elle m’en remercia et me dit :
    « Le chevalier de Montfort a arboré ses propres armes, le jour du jugement de Dieu. Et non celle de son suzerain. Arbore donc les tiennes !
    — Mais, m’amie, je n’ai point de cotte à mes armes ! »
    Échive s’éclipsa un instant, puis revint avec deux pièces de tissu dans les bras.
    « En voici, mon doux ami : j’ai fait confectionner icelles par mes lingères, le mois dernier », me précisa-t-elle en dépliant et en me tendant deux surcots magnifiques. Mes armes étaient brodées avec d’élégants fils de soie sur une solide trame dans le caslin le plus pur, sobrement, sans fioriture, d’une couleur écarlate du plus bel effet.
     
    J’en fus terriblement confus et ne sus comment la remercier Je l’accolai. Elle me prit la tête dans les mains, se hissa sur la pointe des pieds et m’offrit un nouveau présent.
    Nos lèvres se collèrent l’une à l’autre, sa bouche s’entrouvrit, son ventre se pressa contre le mien. Nous échangeâmes un tendre baiser pendant lequel nos langues s’effleurèrent un trop bref instant.
    Lorsqu’elle sentit se roidir à son contact une partie intime de mon personnage, elle s’écarta aussitôt, me repoussa doucement et me pria de revêtir l’une des cottes d’armes qu’elle venait de m’offrir. Incontinent et devant elle. Sinon elle se fâcherait, me dit-elle en riant.
    Je m’exécutai, le geste gauche, fortement troublé. Sans savoir si mon trouble provenait du somptueux présent dont elle venait de me gratifier, du contact charnel de son corps souple, de la douceur de sa bouche ou de la fragrance entêtante de ce nouveau parfum de musc et d’Alep dont je humais les effluves Ou des quatre à la fois.
    « La mesure et la confection en sont parfaites, me confirma-t-elle en s’écartant pour admirer le travail de ses lingères. Le blason armorié est-il fidèle ?
    — La copie en est parfaitement conforme. Comment as-tu pu en retenir les détails alors que tu m’avouas, il y a quelques jours, ne rien savoir de la science des blasons ?
    — Je l’ai observé attentivement sur le sceau que tu portes à ton annulaire, mon doux ami.
    — Mais il est en or ! Les couleurs n’y sont représentées que par des symboles d’héraldique. Comment as-tu réussi à faire reproduire d’aussi belles armes ?
    — J’ai dû prendre quelques conseils auprès de mon entourage… avant d’ordonner ce travail de broderie.
    — M’amie, ce travail est émerveillable. Mais je n’en suis pas digne. Sais-tu que seuls, les chevaliers peuvent arborer leurs armes sur leurs surcots ?
    — Je me suis renseignée sur ce sujet aussi. Tu as tort. Bien des gentilshommes les portent, en Orient et en Occident, sans avoir été armés chevaliers. Certes, tu ne les porteras pas quand tu seras à nouveau au service de ton baron. Peu importe d’ailleurs, je sais que tu seras armé chevalier, me déclara-t-elle soudain d’un ton péremptoire. Tu le seras avant cinq ans ! Mais pas par qui tu crois. »
    Cette fois,

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