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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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d’aucuns remplissaient les abreuvoirs, d’autres encore changeaient la paille de leurs litières, leur apportaient de grandes brassées de foin ou remplissaient leurs mangeoires d’avoine.
    Un palefrenier s’avança. Il tenait à la longe un superbe étalon noir. Un pur-sang arabe, me précisa-t-elle avant de me chuchoter a l’oreille :
    « Il est à vous, messire Bertrand. Je vous l’offre (nous étions convenus de nous vouvoyer en présence d’autres gens).
    — M’amie, je ne puis accepter pareil cadeau. Vous m’avez déjà comblé. C’est là présent royal que je ne puis recevoir.
    — Ne soyez point chattemite, messire Bertrand. Refuser un présent princier serait commettre grande chatonie. Vous pourriez navrer votre donatrice et susciter son ire royale. N’avez-vous donc pas appris ce qu’il pouvait vous en coûter à l’affronter ?
    — Vous êtes émerveillable, m’amie, mais vous m’emburlucoquez toujours ! Ne craignez-vous pas que le chevalier de Montfort ou le mestre-capitaine refusent de faire monter ce superbe étalon à bord ?
    — Restez quiet, messire Bertrand. J’ai déjà réglé ces menus détails. Il sera emmené à bord avant votre embarquement Prenez-en grand soin. Prenez garde toutefois. Il est haut à la main. Il n’a que deux ans et n’a guère été travaillé à la longe. Il n’est point débourré. Faites-lui servir de l’orge cuite et des graines de lin avant de le monter. Ce mélange de fagilhère rafraîchit les chevaux trop fougueux, me dit-elle, l’air fétot.
    « Mais vous êtes un cavalier averti. J’ai pu en juger. En vérité, vous ne courrez qu’un risque : celui de susciter la jalousie de votre compain Arnaud. Je doute que la jeune Raïssa ne l’ait gratifié d’autre chose que de quelque maladie honteuse… »
    Elle me sourit tendrement et me déclara tout de gob que l’affaire était entendue. Je lui posai une délicate poutoune sur la joue et la priai instamment de me dire de quel présent pourrais-je la gratifier.
    Elle éclata de rire : « Messire Brachet, je suis de sang royal mais n’attends rien en retour. Je suis certes la fille de mon père mais n’en partage pas toujours les exigences pour autant ! »
     
    Le soir même, nous regagnâmes la librairie qui jouxtait son logis et je grattai moult parchemins pour lui offrir finalement le seul présent que ma bourse me permettait de bailler : le texte de tous les poèmes que je lui avais récités ou chantés pendant qu’elle m’accompagnait de son luth ou de sa vielle.
    Après bien des hésitations, je ne lui en remis qu’un seul. Celui qui l’avait le plus émue, un certain soir :
     
    Ô vous tous chevaliers des temps jadis,
    Vos cœurs ne sont point froids, ils vivent encore.
    D’outre-tombe, ramenez-nous le divin calice,
    Quand vos bras se lèvent, le vent souffle plus fort.
     
    Ô vous tous chevaliers des temps jadis,
    Vous qui savez le silence du désert,
    Dites-leur de se battre pour la lumière
    Et que vivre sans amour est un supplice.
     
    Ô vous tous chevaliers des temps jadis,
    Dites-nous si un homme peut vivre heureux
    Sans ces cercles de feu qui dansent dans vos yeux   ?
    En armure de chair, revenez seuls contre dix.
     
    Ô vous tous chevaliers des temps jadis,
    Vos châteaux sont ruines, mais l’esprit demeure
    Dans ces temples intérieurs que sont nos cœurs.
    En armure de chair, revenez seuls contre dix.
     
    Elle s’approcha de moi et me posa sur les lèvres un baiser d’une exquise délicatesse..
    « Bertrand, le cadeau que tu me fais céans est le plus beau cadeau que tu pouvais m’offrir. Un cadeau royal. Le cadeau que seul un Roi de cœur peut offrir à une Dame de trèfle.
    « Tu es mon roi de cœur et mon troubadour préféré. J’ai grande estime pour toi et jamais ne t’oublierai. Si ton chemin te conduit un jour à nouveau sur nos terres d’Orient, tu y seras toujours le bienvenu et jouiras de ma protection pleine et entière. »
    Quelques larmes perlèrent sur nos yeux que nous écrasâmes gauchement, riants et pleurant à la fois. Quelques hoquets s’étouffèrent dans nos gorges.
    Nous nous accolâmes une dernière fois. Pendant notre étreinte, nos lèvres se collèrent violemment l’une à l’autre. Nos bouches s’ouvrirent, nos langues se caressèrent longuement et passionnément. Je la serrai très fort dans mes bras, par la taille. Trop fort.
    Elle poussa un petit gémissement et je relâchai la pression de s on corps

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