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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Enfin, presque. J’espère de tout cœur que tu pourras mener cette nouvelle bataille jusqu’au bout Vois-tu, je regrette tellement d’avoir joué au turlupin avec toi. Tu as le caractère bien trempé. Sais-tu qu’à la parfïn, je serais presque jaloux ? » suggéra-t-il avec audace.
    Les yeux d’Arnaud s’étaient plissés en amande, ne laissant filtrer que deux éclats pétillants de malice. Son attitude à mon égard venait de changer du tout au tout.
     
     

     
     
    Ce jour-là, mon corps était calme, mon esprit serein. Mais mon cœur était baigné d’une tristesse infinie. Je regardai, sans la voir, la baie de Famagouste s’éloigner, baignée par les rayons du soleil levant.
    Le corps du père Louis-Jean d’Aigrefeuille, aumônier général de la Pignotte, reposait dans un cercueil, dans une chambre mortuaire improvisée, sous le pont. Il avait rendu son âme à Dieu. Dans mes bras.
    Nous déportions sa dépouille en Avignon. Ses viscères et son cœur avaient été prélevés avant que son corps ne soit embaumé. Son cœur gisait dans une urne. Il serait remis à son frère, monseigneur Guillaume d’Aigrefeuille, dès notre retour en terre pontificale.
    J’avais été le témoin passif des circonstances dans lesquelles l’aumônier général de la Pignotte avait été assassiné.
    La veille de notre embarquement sur la Santa Rosa, le père Louis-Jean avait été mandé par le vicaire en la cathédrale de Famagouste pour donner le sacrement de l’absolution à quelques fidèles qui avaient entendu parler de sa présence dans la cité. Ils souhaitaient être confessés par icelui, et par icelui seulement. Le père Louis-Jean s’y était prêté de bonne grâce.
    Nous avions profité de l’occasion pour passer à confesse. Je savais en avoir grand besoin. Arnaud aussi. Le chevalier de Montfort et Arnaud venaient de me précéder dans le confessionnal.
    Arnaud devait réciter ses pénitences dans la chapelle de la Vierge dont l’autel se trouvait du côté opposé au confessionnal, à l’autre bout du transept. Le chevalier de Montfort quittait la cathédrale par une travée latérale.
    Lorsque vint mon tour, je m’étais présenté devant le confessionnal. Au moment où je m’apprêtais à me rendre dans l’espace réservé aux pénitents, la porte du confessionnal s’entrebâilla doucement. La moitié d’un corps chut à mes pieds. Une tête tonsurée, suivie d’une robe de bure blanche maculée de sang. Sur le coup, j’en demeurais interdit, frappé de paralysie.
    J’allais hurler au secours lorsque le mourant leva la main vers moi et tenta de redresser sa tête. Elle retomba sur les marches.
    Cédant à la supplique que m’adressait le père d’Aigrefeuille, effroyablement bouleversé mais reprenant mes esprits, je m’étais agenouillé pour lui soutenir la tête.
     
    Ses lèvres balbutièrent quelques mots dont je ne pus saisir le sens. Sa main grippa le revers de mon pourpoint pour m’attirer à lui Je penchai mon oreille près de sa bouche. Dans un souffle, in articulo mortis , il prit le courage de me chuchoter ces quelques paroles :
    « Messire Bertrand, il ne me reste que peu de temps. Inutile d’appeler à mon secours. Les mires ne peuvent plus rien pour mon enveloppe chamelle. Il est trop tard. Le bon Dieu m’ouvre les bras et me sourit.
    « Lorsque vous serez rendu en Avignon, voyez mon frère Guillaume. Dites-lui simplement : “sustine et abstine ”   ; il vous répondra : “mors ultima ratio Il saura que vous venez de ma part. C’est un homme puissant. Très écouté de notre Saint-Père… un futur cardinal. Si vous êtes un jour dans le besoin, il vous viendra toujours en aide… pour moi. »
    Une bave sanguinolente sortit de sa bouche et coula sur sa lèvre. Il toussit, expulsant un nouveau flot de sang qui macula mon pourpoint. Sa vue se brouillait. Ses yeux devenaient vitreux. Ses doigts s’agrippèrent à moi. Il m’attira plus près de sa bouche et murmura de façon quelque peu décousue :
    « Prenez ma boîte à malices… je vous en confie la garde. Celui qui m’a occis a volé une des fioles qu’elle contenait. Je crois que dans sa précipitation il n’a pas eu le temps de s’emparer du parchemin… de la lettre pour l’Aumônerie des pauvres Je ne sais si ces fioles contiennent l’eau et le sang du Christ. Frère Joseph le prétendait. Je crains qu’elles ne referment qu’un terrible poison. Je redoute le pire… le pire des

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