La danse du loup
première expérience sur ce champ de bataille qui me procurait des saveurs nouvelles et terriblement excitantes.
L’enivrante et douce Marguerite s’escumait un peu, bien qu’il n’y eût aucune cheminée dans l’antichambre de la librairie où régnait une douceur fraîche. Quelques perles de sueur humectaient aussi mon col et mon front.
Elle s’escambilla peu à peu avec langueur. Était-ce une invitation à pénétrer des plis plus intimes et plus humides de son corps ? Je ne me posai pas longtemps la question. Je glissai une main délicate sous les plis de sa robe.
Sa peau était d’une finesse plus douce que la soie. En partant du genou, je glissai la main sur le voile satiné de sa cuisse. Doucement, très doucement. Je descendis, remontai un peu, descendis, remontai toujours plus haut, avec une patience que je contrôlai à grand-peine.
Lorsque j’eus atteint des gorges plus profondes, je me rendis compte que la mignote ne portait ni… ni… ne portait rien dessous. J’en eus les sangs en ébullition. Mon corps arda plus que le soleil le plus chaud au mois d’août.
Le sien se cambra à l’instant où j’effleurai du bout des doigts ses lèvres les plus chaudes, au creux de ses cuisses. Elle eut une brusque et violente contraction, mais elle retint ma main pour l’empêcher de pénétrer plus avant. À moins que ce ne fût pour en conserver le contact.
Elle écrasa sa bouche sur la mienne et abandonna son corps à mes caresses, les yeux fermés. Je dus refréner mes violents fantasmes pour parcourir avec la plus grande retenue possible des terres qui m’étaient jusqu’alors inconnues, mais ô combien douces et glissantes !
Au moment où je m’apprêtais à la dérober tout à plein, la mignote me souffla dans le creux de l’oreille, non sans grande malice :
« Auriez-vous donc appétit à vous emmistoyer avec moi, messire Bertrand ? Vous savez qu’il y a là grand péché ?
— Je te promets d’aller à confesse dès demain », lui murmurai-je, haletant.
Elle me mordit le lobe de l’oreille et me précisa, en relevant délicatement quelques pans de sa robe d’une main tout en glissant les doigts de son autre main entre les miens :
« Il n’est point besoin de me dérober, messire. Jugez par vous-même ! »
L’affaire devenait torride. J’étais moi-même à la limite de… de…
De légers craquements sur les lattes du parquet qui menait à l’antichambre nous parvinrent aux oreilles. Ils clouèrent nos ébats sur le champ. Hélas ! Fort heureusement pour notre virginité respective. Quoique je doutasse quelque peu de la sienne. En tout cas, je ne doutais pas de la mienne. Et j’étais sur le point de la perdre.
À la vitesse de l’éclair, Marguerite rabattit sa robe, rajusta tant bien que mal son corsage, tenta d’en renouer les cordons. Était-ce un simple réflexe de pudeur ou bien le fruit d’une longue expérience ?
Une idée saugrenue m’effleura : Arnaud ne serait-il pas passé par là avant moi ? À cette seule idée, ma personne qui s’était puissamment développée se dégonfla aussi sec pour rentrer dans sa coquille comme un escargot.
Marguerite saisit le plateau du souper, but une dernière gorgée de vin, écrasa un baiser furtif sur mes lèvres et me laissa planté là, en proie à mes doutes et à mes regrets, l’esprit et le corps bouillonnant d’une brassée d’émotions nouvelles.
De moult regrets surtout : Marguerite était sortie sur la pointe des pieds. Elle avait refermé et verrouillé sans bruit la porte derrière elle. Mais personne n’était entré.
Ce soir-là, je fus incapable de trouver le sommeil et ne pus calmer le feu qui brûlait en moi. N’avais-je pas trompé Isabeau de Guirande, l’amour de mon cœur ? Je manderai confesse, dès demain.
Mon esprit était partagé entre mes remords et l’envie violente de cueillir dès que possible la jolie Marguerite. Avant Arnaud.
S’il ne la déflorait pas avant moi. S’il ne l’avait point déjà fait. Enfin… si je sortais vivant de l’antichambre de la mort.
L’instant d’après, je jurai fidélité à Isabeau. L’instant suivant, je me voyais paillarder avec Marguerite. Finalement, je caressai le fantasme de me paonner avec Isabeau. Mais quand ? Où ? Marguerite présentait l’immense avantage d’être d’un accès facile pour moi. Isabeau n’était-elle pas une chimère, invitée par un esprit dérangé ?
Je ne pus trouver un
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