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La Dernière Bagnarde

La Dernière Bagnarde

Titel: La Dernière Bagnarde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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avait juste
décidé de ne pas mourir sous l'abominable étreinte
des hommes qui payaient Cha r lie.
Et elle y était parvenue. Elle était loin d'eux,
vivante, elle respirait, elle écoutait les bruits de la f o rêt,
et ces hommes n'étaient plus là. Ils avaient disparu.
Elle était dans un monde où ils n'existaient pas, ni Charlie,
ni le Chacal, ni les autres détenues, et c'est tout ce qu'elle
avait souhaité. Elle profitait de ça. Il lui fallait
seulement retrouver l'allée des bambous, le seul endroit qui
pou r rait
la mener ailleurs, vers cette ville cachée d'où elle
embarquerait vers la liberté. Forte de cette pensée,
elle essaya de réfléchir par rapport à l'endroit
de la forêt où elle s'était e n fuie,
derrière le bar du Chinois. L'allée était plus à
l'ouest. Mais, où était l'ouest ? Comment s'orienter
sous cette chape verte qui ne laissait rien voir ? Elle chercha en
vain. Alors elle se décida à ma r cher
au hasard.

31

    Romain
n'avait pu s'entretenir avec la mère supérieure. Quand
il était arrivé au carbet, une détenue lui avait
dit qu'elle était souffrante. Elle lui conseillait de
s'adresser désormais au fonctionnaire nommé chef de
dépôt. Romain avait trouvé ce dernier au quartier
des officiels dans la rue principale. Mais celui-ci avait été
très surpris de le voir et s'était révélé
inc a pable
de lui dire ce qui était arrivé aux trois détenues
que Romain lui dit avoir trouvées au carbet sur leur
paillasse, se to r dant
de do u leur.
    — Je
ne suis pas là pour régler ce genre de détail,
avait-il rétorqué. Voyez avec les sœurs au
carbet. Moi, je ne m'occupe que des cas e x trêmes,
des décisions importantes. Je n'ai pas le temps de gérer
cela.
    — Je
reviens du carbet, avait insisté Romain. La mère
supérieure est souffrante et on m'a dirigé vers vous.
    — Je
viens de vous dire que je ne traite que les questions off i cielles.
Il n'a jamais été question que je m'occupe de ces menus
pr o blèmes.
    — C'est-à-dire
? interrogea Romain, surpris de cette véh é mence.
    — Comment
ça, c'est-à-dire ? s'énerva le chef de d é pôt
qui, de son côté, ne voyait pas où Romain voulait
en venir. Que voulez-vous s a voir
de plus ? C'est quand même clair, non ? Les questions
officielles ce ne sont pas les maux de ventre, que je sache ? D'où
sortez-vous ?
    — Bien
sûr, répliqua vertement Romain qui n'aimait pas du tout
le ton du fonctionnaire. Ça, c'est mon travail, je m'en
o c cupe.
Mais ce que je viens vous dema n der,
c'est comment cela est arrivé. Il faut bien que je soigne,
moi.
    — Qu'est-ce
que c'est que ce charabia !
    — Pour
soigner les détenues, j'ai besoin de certaines info r mations.
Savoir ce qu'elles ont fait, ce qu'elles ont ma n gé...
    — Eh
bien, voyez avec les sœurs, bon sang !
    — Je
viens de vous dire que la mère supérieure est
souffrante, je n'ai même pas pu la voir...
    — Alors
voyez Sœur... heu... sœur machin, celle qui est plus
âgée.
    — Mais,
comment ? Vous ne savez pas ?
    — Quoi,
que devrais-je savoir ?
    — Elle
n'est plus là. On l'a envoyée d'urgence en renfort au
couvent de Cayenne pour une s e maine.
    — Ça
alors ! Et qui a décidé cela ? Qui avez-vous vu là-bas
?
    — Personne,
justement. Les détenues sont seules et ce sont elles qui m'ont
averti.
    — Mais
qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
    — Je
comptais sur vous pour me renseigner, précisa R o main.
Vous êtes bien le chef de dépôt, non ?
    — Oui,
fit l'homme, extrêmement contrarié, tout en coiffant
ne r veusement
son casque blanc en pain de sucre. A l lons
voir ce qu'il en est.
    La
mère Supérieure les accueillit sur sa couche.
Visiblement, elle n'allait pas bien. Elle pouvait à peine
parler et toussait interminabl e ment.
Romain s'inquiéta. Il fallait éviter à tout prix
que la toux ne gagne les poumons. Il prit ses instruments dans son
inséparable s a coche
de cuir noir et demanda au chef de dépôt de sortir.
Celui-ci s'exécuta sans difficulté. Il ne vo u lait
pas s'attarder au carbet où les femmes le regardaient
curieusement, et il désirait retrouver au plus vite la
quiétude de son bureau.
    — Vous
en avez pour longtemps ? questionna-t-il, pérem p toire.
    — Le
temps qu'il faudra, trancha Romain qui commençait à le
trouver très déplaisant avec son autorité mal
v e nue.
    Le
diagnostic fut rapide et, comme prévu, inquiétant. La
mère sup é rieure
avait pris un très mauvais coup de froid et elle avait

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