La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
précipitamment !…) le caveau funéraire était vide. Les rois furent embarqués sur un bateau et, quinze jours après l’arrivée de Brugsch à Louxor, ils étaient au musée du Caire.
Il convient de rappeler ici un épisode célèbre. Tandis que le bateau, chargé de son précieux fardeau, descendait le fleuve, les hommes des villages environnants se rassemblèrent pour tirer des salves en l’honneur du convoi funéraire. Sur les berges, les femmes suivaient le navire en s’arrachant les cheveux et en poussant leurs youyous de lamentation. Quels cris auraient pu, mieux que ceux-là, montés des profondeurs de l’histoire, accompagner ces grands rois dans leur dernier voyage ?
Mais revenons à la Vallée. En 1898, sur les indications des fonctionnaires locaux, M. Loret, alors directeur général du Service des Antiquités, découvrit plusieurs autres tombes, dont celles de Thoutmosis I er , Thoutmosis III et Amenhotep II. Cette dernière constituait une découverte de taille. Nous l’avons vu, treize momies royales avaient trouvé refuge dans la tombe d’Amenhotep et c’est là qu’on les trouva en 1898. Mais des trésors enfouis à leurs funérailles, il ne restait plus rien. On leur avait cependant épargné la dernière indignité. La tombe avait été violée, il est vrai ; on avait brisé ou volé la plus grande partie de l’équipement funéraire, mais elle avait échappé à la destruction totale et les momies étaient intactes. Le corps d’Amenhotep lui-même reposait encore dans son sarcophage. À la demande de sir William Garstin, le gouvernement se prononça à juste titre contre son retrait. La tombe fut donc rebouchée, on plaça un garde devant l’entrée et on laissa le roi en paix.
Malheureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. Un an ou deux après la découverte, des pilleurs de tombes modernes y pénétrèrent, sans doute avec la complicité du gardien, et sortirent la momie de son sarcophage pour voler ses trésors. Les malfaiteurs, retrouvés par l’inspecteur en chef des Antiquités, furent arrêtés mais on ne put les faire condamner. Il n’y avait en fait guère de différence avec les anciens procès menés du vivant des pharaons, et nous sommes bien forcés d’admettre qu’à de nombreux égards les choses n’ont pas beaucoup changé depuis le règne de Ramsès IX.
La morale à tirer de ces événements, à l’intention des critiques qui nous traitent de vandales parce que nous vidons les tombes, c’est qu’en déposant les trésors que nous découvrons dans les musées, nous assurons leur sécurité. Laissés sur place, ils disparaîtraient tôt ou tard.
En 1902, un permis de fouilles fut accordé à un Américain, Theodore Davis, qui allait travailler dans la Vallée pendant douze saisons consécutives. Nous connaissons, presque tous, ses principales découvertes. Notamment, les tombes de Thoutmosis IV, d’Hatchepsout, de Siptah, de Iouiya et de Touiyou – arrière-grand-père et arrière-grand-mère de l’épouse de Toutankhamon –, d’Horemheb, et le caveau destiné à recevoir la momie d’Akhénaton après son transfert de sa tombe originale de Tel el-Amarna. Cette cachette abritait la momie et le sarcophage du roi hérétique, une toute petite partie de son ornementation funéraire et des morceaux du naos de sa mère, la reine Tiyi. En 1914, la concession de M. Davis nous était confiée. Ainsi commençait pour nous l’histoire de la tombe de Toutankhamon.
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TRAVAIL PRÉLIMINAIRE À THÈBES
De ma première visite en Égypte en 1890, j’avais gardé l’ambition d’explorer la Vallée et lorsque, sur la recommandation de sir William Garstin et de sir Gaston Maspero, je commençai en 1907 à travailler avec lord Carnarvon, nous avions tous deux l’espoir d’obtenir un jour un permis de fouilles. En qualité d’inspecteur du département des Antiquités, j’avais déjà découvert deux tombes et supervisé, avec M. Theodore Davis, le transport des objets qu’elles contenaient. Cela n’avait fait que renforcer mon désir d’acquérir une concession régulière. Comme c’était alors impossible, nous fouillâmes pendant sept ans, avec des fortunes diverses, d’autres parties de la nécropole thébaine. Les résultats de ces cinq premières années de travail ont été publiés dans Five Years’Explorations at Thebes, livre écrit en collaboration avec lord Carnarvon en 1912.
En 1914, la découverte de la tombe d’Amenhotep, au
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