La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
qu’eux, travaillèrent tous à améliorer nos connaissances. En 1844, Lepsius, à la tête d’une équipe allemande, fit un inventaire complet de la Vallée et vida la tombe de Ramsès II ainsi qu’une partie de celle de Mérenptah. Puis, ce fut le grand calme. Une fois encore, on pensa que l’expédition allemande avait épuisé toutes les richesses de la Vallée et aucune fouille de grande envergure ne fut plus entreprise jusqu’à la fin du XIX e siècle.
C’est pendant cette période, cependant, que se produisit l’un des événements les plus importants de l’histoire de la Vallée. Nous avons dit que les momies royales avaient été retirées de leur cachette pour être entreposées dans un caveau commun à Deir el-Bahari. C’est là qu’elles reposèrent pendant près de trois mille ans, et c’est là aussi que, dans l’été 1875, elles furent découvertes par une famille de Gournah, les frères Abd el-Ras-soul. Depuis le XIII e siècle avant notre ère, les habitants de ce village se livraient au trafic des objets précieux, volés dans les tombeaux royaux. Bien que leurs activités soient aujourd’hui surveillées, ils continuent à prospecter discrètement les endroits laissés pour compte et, de temps à autre, tombent sur un filon. Cette fois, pourtant, la trouvaille dépassait leur compétence. Comme il était impossible de déménager le contenu du caveau, toute la famille jura le secret et décida de ne toucher à rien en essayant seulement de monnayer un objet de temps en temps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le secret demeura effectivement dans la famille pendant six ans et les Abd el-Rassoul, grâce à ce capital d’une quarantaine de pharaons défunts, s’enrichirent rapidement.
Pourtant, au fur et à mesure que les objets apparaissaient sur le marché, il devint bientôt flagrant qu’il y avait eu quelque part une fabuleuse découverte. Ce n’est cependant qu’en 1881 qu’il fut possible de remonter la filière, sans pouvoir pour autant prouver quoi que ce soit. Le chef de la famille fut arrêté et soumis à un interrogatoire par le Moudir de Qéneh, le célèbre Daoud Pacha, dont les méthodes de justice, si elles n’étaient pas très orthodoxes, ne manquaient pas d’efficacité. Il nia tout et, naturellement, tous les habitants de Gournah protestèrent comme un seul homme de l’honnêteté des Abd el-Rassoul. Il fut donc relâché provisoirement pour manque de preuves, mais sortit visiblement secoué de ses entretiens avec Daoud, qui avait à cet égard une réputation bien établie.
À ce propos, l’un de nos plus vieux ouvriers nous a raconté l’histoire suivante : voleur de métier dans son jeune âge, il fut surpris un jour dans l’exercice de ses fonctions. On l’amena devant le Moudir. C’était par une chaude journée et ses nerfs furent mis à rude épreuve dès qu’il se trouva en présence du magistrat en train de faire ses besoins dans une grande jarre pleine d’eau. Du haut de ce siège de justice peu conventionnel, Daoud le regarda et, continua notre homme, « tandis que son regard me transperçait, je sentis mes os se liquéfier. Puis, très calmement, il me dit : "Puisque c’est la première fois que tu comparais devant moi, tu peux partir, mais prends bien garde que cela ne se reproduise jamais. " Je fus si terrifié que je décidai sur-le-champ de changer de métier ».
Il en fut probablement de même pour la famille Abd el-Rassoul car, un mois plus tard, l’un de ses membres vint se confesser à Daoud. Les nouvelles furent immédiatement télégraphiées au Caire. Émile Brugsch Bey, du musée du Caire, fut envoyé pour enquêter et, le 5 juillet 1881, le secret si longtemps gardé était enfin dévoilé. Instant émouvant entre tous ! Entassés dans un caveau grossièrement taillé, reposaient les monarques les plus puissants de l’ancienne Égypte, des rois dont le nom était connu du monde entier, mais que personne, même dans les rêves les plus fous, n’avait jamais imaginé contempler un jour. Ils étaient tous là, à l’endroit même où les prêtres les avaient déposés dans le secret et la hâte, trois mille ans auparavant. Sur les cercueils de bois et sur les momies, se trouvait inscrit avec netteté le récit de leurs tribulations. On procéda au changement de certaines bandelettes et de quelques sarcophages. En quarante-huit heures (aujourd’hui nous ne faisons plus les choses aussi
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