La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
Napoléon ne parvint pas à briser l’arrogance de ces bandits. Les membres de la commission scientifique qui visitèrent Thèbes dans les derniers jours du siècle furent molestés et essuyèrent même des coups de feu. Ils parvinrent néanmoins à procéder à un examen complet de toutes les tombes alors ouvertes et à se livrer à quelques fouilles.
Faisons un saut jusqu’en 1815. Nous rencontrons là un des hommes les plus remarquables de l’histoire de l’égyptologie. Dans les premières années du siècle, un jeune géant italien, du nom de Belzoni, gagnait sa vie de façon précaire en Angleterre en exhibant sa force dans les foires. Né à Padoue, d’une respectable famille d’origine romaine, il était destiné à la prêtrise. Mais un caractère aventureux et les troubles intérieurs qui déchiraient l’Italie à cette époque l’avaient poussé à chercher fortune à l’étranger. Cette période de sa vie est évoquée dans un des livres de Smith. L’auteur y raconte comment, avec tout un groupe de personnes, il fut porté par ce colosse sur une scène de cirque. Mais entre deux démonstrations, Belzoni semble avoir pris le temps d’étudier la mécanique et, en 1815, il pensa avoir enfin trouvé l’occasion de faire fortune en introduisant en Égypte une roue hydraulique qui devait faire merveille. Mohammed Ali, le « Pacha », l’autorisa à présenter son invention. Selon Belzoni, ce fut un grand succès, mais il ne semble pas que les Égyptiens aient partagé cet avis : il se retrouva seul sans ressources, en pays étranger.
C’est alors que, grâce à l’explorateur Burckhardt, il fit la connaissance de Salt, le consul général britannique, qui le chargea de rapporter « le colosse de Memnon » (Ramsès II, aujourd’hui au British Muséum) de Louxor à Alexandrie. Ceci, rappelons-le, se passait en 1815. Pendant les cinq années suivantes, il participa à des fouilles d’abord pour le compte de Salt, puis pour lui-même, en se querellant sans cesse avec ses rivaux, notamment avec Drovetti, qui représentait le consul de France. C’était la grande époque des fouilles. On s’appropriait tout, du scarabée à l’obélisque et, s’il y avait divergence d’opinion entre les chercheurs, la querelle se réglait le plus souvent à coups de fusil.
Le récit de ses expériences, publié en 1820, est l’un des livres les plus fascinants de toute la littérature concernant l’Égypte et j’aurais aimé citer longuement ses aventures, raconter comment, par exemple, il cacha un obélisque dans le Nil et le repêcha ensuite. Mais je dois m’en tenir ici au travail qu’il effectua dans la Vallée. C’est lui qui découvrit les tombes d’Ay, de Montouher-khepe-shef, de Ramsès I er et de Séthi I er . Et c’est dans cette dernière qu’il trouva le magnifique sarcophage de marbre exposé à présent au Soane Muséum de Londres.
C’était la première fois qu’on procédait à de véritables investigations dans la Vallée, et il nous faut rendre hommage à son habileté. Même si certains épisodes peuvent choquer les archéologues modernes (il ouvrait les portes scellées en les défonçant à coups de masse), dans l’ensemble, son travail fut bien fait. Relevons au passage que, comme tous ceux qui prospectèrent la Vallée, Belzoni était convaincu d’en avoir épuisé toutes les possibilités. « C’est ma ferme opinion, déclara-t-il, qu’après mes derniers travaux il n’y a plus de tombes à découvrir dans la Vallée de Biban el-Moulouk. Avant de quitter ces lieux, j’ai vraiment mis en œuvre toutes mes modestes compétences pour trouver d’autres tombeaux, mais en vain. Qui plus est, indépendamment de mes propres recherches, M. Salt, le consul britannique, a travaillé quatre mois après mon départ sans davantage de succès. »
En 1820, Belzoni, de retour en Angleterre, organisait dans un bâtiment érigé à Piccadilly en 1812, l’Egyptian Hall, une exposition des trésors qu’il avait mis au jour, parmi lesquels le fameux sarcophage de marbre et une copie de la tombe de Séthi I er . Il ne retourna jamais en Égypte et mourut quelques années plus tard lors d’une expédition à Tombouctou.
Pendant les vingt années qui suivirent, la Veillée fut convenablement exploitée et les rapports arrivaient nombreux et détaillés. Salt, Champollion, Burton, Hay, Head, Rossellini, Wilkinson, qui numérota les tombes, Rawlinson, Rhind, pour ne citer
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