La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
force et de simplicité. De magnifiques serpents couronnés et ailés forment les bras. Entre les montants qui soutiennent le dossier, se lovent six cobras protecteurs, sculptés dans le bois, dorés et incrustés. Mais c’est le panneau du dossier qui donne toute sa valeur au trône, et je n’hésite pas à affirmer que c’est la plus belle chose que j’aie jamais vue en Égypte.
La scène représente une des pièces du palais, délimitée par deux colonnes florales, une frise d’uraei (les cobras royaux) et un soubassement à redans. Le soleil darde ses rayons protecteurs sur les souverains. Le roi est assis sur un trône recouvert de coussins, dans une pose familière, un bras négligemment posé sur le dossier. Devant lui, se tient la jeune reine qui met la dernière touche à la toilette de son époux. Elle tient dans une main un petit flacon de parfum ou d’onguent et, de l’autre, elle enduit doucement son épaule ou ajoute une touche de parfum à la collerette du roi.
Les couleurs de la scène sont restées étonnamment vives. Le visage et les autres parties exposées du corps des souverains sont en pâte de verre rouge, et les coiffures en terre vernissée, turquoise. Les vêtements, plaqués d’argent noirci par le temps, jettent un éclat délicat. Les couronnes, collerettes, écharpes et autres détails ornementaux, sont incrustés de pâte de verre colorée, de terre vernissée, de cornaline et d’un élément jusqu’ici inconnu – du calcite fibreux translucide, souligné de pâte polychrome, qui ressemble au verre mille-fiori. Tout le reste du trône est plaqué de feuilles d’or. Dans son état original, l’or et l’argent fraîchement appliqués, le trône devait briller de tous ses feux. Sans doute eût-il paru excessif à un œil occidental, accoutumé aux ciels gris et aux teintes neutres. Aujourd’hui, un peu terni par le temps, il présente une harmonie de couleurs incomparable.
Sa valeur historique n’est pas moindre. Les scènes ici représentées illustrent parfaitement les hésitations politico-religieuses de l’époque. Dans la conception originale – témoins les rayons du disque solaire, terminés par des mains humaines – elles appartiennent au style amarnien. Mais les cartouches sont plus ambigus. Sur certains, le nom d’Aton a été martelé pour être remplacé par le nom d’Amon alors que, sur d’autres, il est demeuré intact. Il est, pour le moins, curieux qu’un objet, si manifestement marqué par l’influence hérétique, ait été officiellement enterré ici, dans la place forte du culte d’Amon. Et il n’est peut-être pas indifférent qu’on ait retrouvé des fragments de linges qui devaient apparemment envelopper le dossier. Il semblerait que le retour de Toutankhamon à l’ancienne foi n’ait pas été entièrement dicté par la conviction, ou qu’il ait suffi de faire disparaître le nom d’Aton pour apaiser les esprits conservateurs. Peut-être aussi le pharaon jugea-t-il ce trône trop précieux pour qu’on le détruise, et le cacha-t-il dans ses appartements.
Sur le siège du trône, reposait le tabouret pour les pieds. Il est fait de bois doré et de terre vernissée bleu foncé. Sur ses panneaux supérieurs et latéraux sont représentés des captifs enchaînés et prosternés. C’était une convention très commune en Orient – « jusqu’à ce que tu foules aux pieds tes ennemis », chante le psaume – et il est plus que probable que, de temps à autre, la convention devenait réalité.
Devant le lit, se trouvaient deux autres tabourets, l’un en bois peint, l’autre en ébène, ivoire et or, avec des pieds sculptés en forme de tête de canard, et un siège incrusté d’ivoire évoquant la peau d’un léopard. Derrière, contre le mur sud de la chambre, venait d’abord un naos à doubles portes, fermées par des loquets d’ébène. Il est entièrement plaqué d’épaisses feuilles d’or, dont le décor en relief, délicatement sculpté, représente des épisodes de la vie quotidienne des souverains. Dans toutes ces scènes, domine l’amitié entre mari et femme, la tendresse familière qui marque l’école amarnienne. Là encore, nous n’avons pas été surpris de trouver le nom d’Aton remplacé par celui d’Amon. À l’intérieur du tabernacle, un socle vide laisse penser qu’il devait contenir à l’origine une statuette, probablement en or massif, trop visible pour ne pas avoir attiré l’attention des
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