La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
voleurs. Nous découvrîmes également dans le tabernacle un collier d’énormes perles d’or, de cornaline, de feldspath vert et de pâte de verre bleue, auquel était suspendu un gros pendentif d’or en forme de déesse-serpent, très rare, ainsi que plusieurs morceaux du corselet dont nous avons déjà parlé.
À côté de ce petit naos, se dressait une statuette schaouabti du roi, sculptée, dorée et peinte et, un peu plus loin, une autre statue, très étrange, coupée à la taille et aux coudes. Elle est exactement grandeur nature et le corps, peint en blanc, semble revêtu d’une tunique. C’est sans doute un mannequin, sur lequel on devait ajuster les vêtements et les collerettes du roi. Citons encore un coffret à toilette et les fragments d’un dais, d’un matériau très léger, dont les éléments devaient s’emboîter rapidement les uns dans les autres pour abriter le roi du soleil pendant ses déplacements.
Des chars démontés, entassés en désordre, occupaient le reste du mur sud et tout le pan est jusqu’à l’entrée. Les voleurs les avaient visiblement malmenés pour s’emparer des revêtements d’or. Mais ce n’était pas la seule raison de leur dégradation. En effet, le couloir était beaucoup trop étroit pour les laisser passer. Aussi en avait-on délibérément scié les axes en deux et démonté les roues.
Il nous faudra énormément de temps pour restaurer ces chars, mais le résultat en vaudra certainement la peine. Ils sont entièrement plaqués de feuilles d’or, et chaque pouce de leur surface est orné soit de décor en relief, sculpté sur l’or lui-même, soit d’incrustations de pâte de verre colorée ou de pierres fines. Le bois est en bon état et ne devrait pas exiger une restauration compliquée. Quant aux harnais des chevaux et autres pièces en cuir, c’est une autre histoire. Le cuir non tanné s’est transformé, sous l’effet de l’humidité, en une vilaine pâte noirâtre. Par chance, ces parties en cuir sont presque toutes recouvertes d’or et, à partir de ce revêtement bien préservé, nous espérons les reconstituer sans trop de difficultés. À côté des chars démontés, on trouvait encore des jarres d’albâtre, des cannes et des arcs, des sandales de perles, des paniers et quatre chasse-mouches en crin de cheval avec des manches à tête de lion en bois doré.
Si nous avons fait le tour complet de l’antichambre, nous sommes loin d’en avoir épuisé toutes les richesses. Sur les six ou sept cents objets qu’elle contenait, nous en avons à peine mentionné une centaine. Seul un catalogue complet pourra donner une idée correcte de l’étendue de la découverte. Nous devons nous contenter ici d’une description relativement sommaire des objets principaux et réserver une étude détaillée des objets pour des publications plus tardives. Il faudra des mois, peut-être des années de travail, pour reconstituer tous les objets. Enfin, nous n’avons vu jusqu’à présent qu’une seule chambre. D’autres attendent de nous livrer leur mystère, et je veux croire que nous allons y trouver des trésors plus fabuleux encore.
8
ON VIDE L’ANTICHAMBRE
En débarrassant l’antichambre, nous avions l’impression de jouer à un gigantesque jeu de jonchets. Les objets étaient si nombreux qu’il était extrêmement difficile d’en déplacer un sans courir le risque d’endommager les autres. Dans certains cas, ils étaient même si inextricablement emmêlés qu’il fallait construire tout un réseau de supports avant de pouvoir retirer celui que nous voulions. C’était un véritable cauchemar. Il nous fallait mesurer chacun de nos gestes et nous n’étions jamais certains que tel ou tel objet fût assez solide pour supporter son propre poids. Certains étaient en parfait état de conservation, d’autres gravement détériorés et, à chaque fois, le problème se posait de savoir s’il valait mieux appliquer le traitement de préservation à l’objet sur place ou au laboratoire. Dans la mesure du possible, nous adoptions cette dernière solution. Mais il était parfois indispensable de traiter l’objet sur place, si nous ne voulions pas qu’il disparaisse entre nos mains.
Une paire de sandales décorées de perles, par exemple, avait l’air d’être en parfait état. En fait, les fils étaient complètement pourris, et il aurait suffi de les toucher pour qu’elles s’effritent aussitôt. Il n’y avait donc qu’une
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