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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Valois ! acheva la mère des Guise d’une voix sourde. Jure, mon fils !…
    — Jurez, mon frère !
    — Je jure ! dit le Balafré avec un tel accent qu’il n’y avait plus moyen de douter de sa résolution.
    Alors tous reprirent leurs places et se regardèrent, livides. Ce qui venait de se jurer là, c’était l’assassinat d’Henri III de Valois, roi de France.
    — Il ne s’agit plus que de combiner cette action, reprit le cardinal de Guise qui, calmé, redevenait le diplomate avisé qu’il était.
    On eût dit que ce silence qui pesait sur eux, aucun n’osait le rompre. Mayenne, le premier, fit un geste qui voulait dire : « Après tout, autant cette solution-là qu’une autre, pourvu qu’on en finisse. » Et il demanda tranquillement :
    — Le tout est de savoir comment nous allons procéder à la chose.
    — Je m’en charge, fit la duchesse de Montpensier avec un singulier sourire.
    — Laissez donc vos ciseaux tranquilles, ma sœur ! dit Mayenne en haussant les épaules, ce qui fit craquer les deux chaises sur lesquelles il était assis. L’opération proposée par notre illustre mère me paraît possible, je me hâte de le dire. Et même j’ajouterai que je n’en vois pas d’autre. Evidemment, il faut que Valois meure. Seulement, à ce jeu-là, qui ne tue pas à coup sûr est tué. C’est pourquoi je demande comment nous allons procéder.
    — Je m’en charge, répéta la jolie duchesse d’un ton qui attira cette fois l’attention du cardinal de Guise.
    — Mon Dieu, reprit Mayenne, je ne répugne pas plus qu’un autre à planter une dague entre les deux épaules. Saint Mégrin l’a bien vu, n’est-ce pas, Henri ? Mais enfin, on ne tue pas un roi entouré de ses gardes, ayant une armée autour de lui, comme un simple gentilhomme au coin d’une ruelle par une nuit obscure…
    — Je m’en charge, dit la duchesse de Montpensier, et cette fois le Balafré tressaillit lui aussi.
    — Autre chose, poursuivit Mayenne sans accorder d’attention à sa sœur. Je suppose l’opération terminée ; Valois est tombé sous nos coups, Valois est mort. Valois est enterré. Que sommes-nous, nous autres, non seulement aux yeux du royaume, mais surtout aux yeux des rois voisins ?… Des assassins ! Et vous pouvez m’en croire, on ne laissera pas s’établir en Europe cette tradition de l’assassin montant sur le trône de l’assassiné. Je conclus que ce n’est pas un Guise qui doit frapper Valois. Qu’avez-vous à dire à cela, ma mère ?
    — Parle, Marie ! dit la mère des Guise.
    Et la jolie petite duchesse, la fée aux ciseaux d’or, agitant les boucles blondes de ses cheveux, souriante, d’un air mutin laissa tomber ces mots de ses lèvres roses :
    — Tout ce que vient de dire le gros Mayenne est plein de gros bon sens…
    Mayenne roula des yeux furibonds, car ce sceptique avait un point vulnérable : il ne voulait pas qu’on se moquât de sa bedaine.
    — Oui, mon gros Charlot, vous avez laissé couler toute une barrique d’excellentes raisons. Valois est bien entouré, puisque notre cher et grand Henri lui a laissé le temps de se refaire une armée. Il faut qu’il soit frappé à coup sûr ; sans quoi c’est nous qui porterions notre tête à cet échafaud dont vous parliez, ma mère, si bellement que j’en ai encore le frisson. Et enfin, il ne faut pas que ce soit un Guise qui porte le bon coup en question. Tout cela est vrai, juste, légitime, et à tout cela je réponds : je m’en charge !
    — Expliquez-vous, ma sœur ! dit le cardinal de Guise d’une voix brève.
    — C’est bien simple, fit Marie de Montpensier, je connais un homme qui veut tuer Valois : qui veut ! c’est-à-dire qu’il y a engagé sa vie spirituelle… Son bras ne se trompera pas. Son cœur ne faiblira pas.
    — Il hait donc bien Valois ? demanda le Balafré.
    — Lui ?… Non !… Il aime, voilà tout ! Il aime une femme qui hait Valois. C’est pourquoi il réussira là où échouerait un ennemi du roi. Parmi tant de bras que nous pourrions armer, celui-là seul ne faiblira pas à sa tâche. Car cet amour, voyez-vous, le rend capable de regarder Dieu face à face et de le braver ! Que dis-je ? C’est Dieu lui-même qui a armé ce bras ! C’est un ange de Dieu qui a remis à cet homme le poignard qui doit tuer Valois !
    Ces étranges paroles frappèrent ces hommes si forts, si terribles à l’occasion, d’une sorte de terreur. La mère des Guise seule

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