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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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demeura calme et dit :
    — Continue, ma fille !…
    — Cet homme, donc, reprit Marie toujours souriante, cet homme à qui Dieu a remis un poignard, cet homme qui a vu l’ange, cet homme que dévore le feu de la passion, attend et prie au fond d’un monastère. Il attend que l’ange revienne le trouver et lui dise : « Frappe ! Le moment est venu ! Frappe ! »
    Marie de Montpensier éclata de rire et ajouta :
    — Or, mes frères, j’ai justement l’heur de connaître intimement cet ange. Je puis l’appeler quand je veux. Sur un signe de moi, l’ange ira trouver Jacques Clément, le moine exterminateur, et lui dira : « Frappe !… » Et Jacques Clément frappera.
    — Jacques Clément !… Le moine !… murmura sourdement Henri de Guise, Oh ! je comprends ! C’est cet homme qui, un soir, au fond de la Cité, à l’auberge
Pressoir de fer

    — Chut, mon frère ! dit Marie qui ne se donna pas la peine de rougir au souvenir de la scène d’orgie évoquée par le Balafré, chut ! Ne révélons pas les divins mystères !…
    — Et vous dites que cet homme est prêt ?
    — Le poignard sacré que l’ange lui a confié ne quitte plus sa ceinture.
    — Et vous dites qu’il ne tremblera pas ?
    — Pas plus que la foudre !
    Le Balafré demeura une minute songeur. Non qu’il eût quelque suprême hésitation. Mais peut-être eût-il préféré frapper lui-même. Peut-être son orgueil se révoltait-il à la pensée d’être aidé par un moine obscur.
    — Eh bien ? reprit Marie de Montpensier, dois-je faire signe à l’ange ?
    — Oui, gronda sourdement le duc de Guise. Peu importe après tout le bras qui frappe, pourvu que l’arme soit mortelle !
    Et secouant la tête, reprenant ce ton de commandement qui lui était habituel :
    — Mes frères, c’est décidé ! Nous allons nous transporter à Chartres. Que dès demain le bruit soit répandu dans Paris que le roi de France, enfin, cède aux prières… aux ordres de ses sujets : il renvoie d’Epernon, il accepte les nouveaux échevins nommés par la bourgeoisie de Paris, il reconnaît la Sainte-Ligue, il s’engage à faire la guerre aux huguenots, et enfin il promet la réunion des états-généraux. Voilà ce qu’il faut que les Parisiens sachent. Qu’on leur dise aussi qu’Henri de Lorraine est décidé à se rendre à Chartres pour obliger Valois à tenir ses promesses, et qu’il invite les fidèles ligueurs à l’accompagner en une vaste procession qui s’en ira jusqu’à Chartres même pour frapper l’esprit du roi. Vous, cependant, cardinal, et vous, Mayenne, réunissez vos gens d’armes sous Paris ; vous, ma sœur, allez trouver… l’ange !… Et vous, ma mère, priez Dieu pour nous !
    — Pour Henri de Lorraine, roi de France ! dit la mère des Guise en étendant les bras dans un geste de bénédiction.
    — Allons dîner, murmura Mayenne, qui jetant un coup d’œil sur l’horloge, constata avec un soupir que l’heure de son repas était sonnée depuis longtemps.
    q

Chapitre 45 LE TIGRE AMOUREUX
    I l était près de onze heures. Tous les bruits s’étaient apaisés dans le vaste hôtel de Guise. Paris dormait. Le Balafré, dans ce cabinet où s’était tenu le conseil de famille, où avaient été décidés l’assassinat d’Henri III et la marche sur Chartres, se promenait de long en large, d’un pas lent et alourdi. Depuis le départ de ses frères, de sa sœur et de sa mère, il rêvait ainsi et toute sa pensée morose pouvait se condenser ainsi :
    « Etre roi !… Oui, sans doute, ce sera magnifique. Je serai roi. Ma mère l’a dit : je n’ai qu’un pas à faire… Oui ! Mais ce pas va me conduire hors de Paris et m’éloigner d’une petite bohémienne sur qui tant de gentilshommes laisseraient à peine tomber un regard de mépris ! Et voilà donc pourquoi mon cœur n’éclate pas d’orgueil à la certitude de cette prochaine royauté ! Voilà donc pourquoi ce cœur se serre d’angoisse ! Ah ! c’est que pour me rapprocher du trône, il faut que je m’éloigne de Violetta !… »
    Deux hommes demeurés près de Guise à cette heure tardive, debout dans un angle de la pièce, attendaient que le duc leur donnât congé pour se retirer. C’étaient Maineville et Bussi-Leclerc.
    « Où est-elle ? continuait Henri au fond de sa pensée. Sauvée de cette mort affreuse qui lui était préparée sur la Grève, elle est sans doute perdue pour moi… Pourquoi

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