Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
élevé. « Voici ton fils, princesse, dit-il à Rhiannon en lui
désignant l’enfant. Ils ont bien tort, ceux qui t’accusent faussement. Quand j’ai
appris la douleur qui t’accablait, j’en ai éprouvé grande peine et compassion. Je
ne pense pas qu’il y ait dans toute l’assistance quelqu’un qui puisse douter
que l’enfant est vraiment le fils de Pwyll. » Ils furent tous unanimes :
« Personne ne peut dire le contraire. Il ressemble trop à son père pour qu’on
émette la moindre réserve à ce sujet, s’exclamèrent-ils. – Par Dieu
tout-puissant, dit Rhiannon, mon esprit serait délivré de son souci [17] si une telle chose
était vraie. »
    C’est alors que se leva Pendaran, l’un des plus fidèles
vassaux de Pwyll, et il parla ainsi en s’adressant à Rhiannon : « Princesse,
tu viens de nommer toi-même ton fils. Le nom de Pryderi lui conviendra parfaitement. – Mais, remarqua Rhiannon, je suppose qu’il
a été baptisé et qu’il a déjà un nom. Peut-être que le nom qui lui a été donné
lui irait davantage ! – Quel nom lui as-tu donné ? demanda Pendaran à
Teyrnon. – Il a reçu celui de Gouri aux Cheveux d’Or », répondit Teyrnon. Pwyll
intervint alors : « Rien de plus juste, dit-il, de lui donner le nom
qu’a évoqué sa mère lorsqu’elle a appris à son sujet si joyeuse nouvelle. »
Et tout le monde d’admettre en effet que c’était une raison suffisante pour que
l’enfant s’appelât Pryderi, fils de Pwyll.
    Cependant, Pwyll se tourna vers Teyrnon : « Dieu
te récompense, pour avoir élevé cet enfant jusqu’à cette heure. Il est juste
aussi que celui-ci, s’il est vraiment noble de cœur, te le rende par sa
reconnaissance. – Seigneur, dit Teyrnon, aucune femme au monde n’aura plus de
chagrin que la femme qui l’a élevé tendrement. Il est juste, en effet, qu’il ne
nous oublie pas, ni elle ni moi, pour l’affection que nous lui avons témoignée.
– Par Dieu tout-puissant, dit Pwyll, tant que je vivrai, je te maintiendrai, toi
et tes biens, tant que je pourrai maintenir les miens à moi-même. Quand ce sera
au tour de l’enfant de gouverner ce royaume, il aura encore plus de raisons que
moi de te soutenir. Si c’est ton avis et celui des gentilshommes qui sont là, comme
tu l’as nourri jusqu’à présent, nous le donnerons désormais à élever à Pendaran.
Vous serez compagnons, et tous les deux, pour lui, leurs pères nourriciers [18] .
– C’est une bonne idée », dirent tous ceux qui se trouvaient là.
    On confia donc l’enfant à Pendaran. Celui-ci, aussitôt, fit
ses préparatifs et retourna dans ses domaines. Les nobles du pays partirent au
même moment. Teyrnon et ses compagnons se mirent en route au milieu des
témoignages d’affection et de joie. Il ne s’en alla pas sans qu’on lui eût
offert les joyaux les plus précieux, les chevaux les plus racés, les chiens les
plus recherchés, mais il ne voulut rien accepter.
    Quant à Rhiannon, elle dit à Pwyll : « Voici que
mon fils est retrouvé et que justice m’a été rendue. Je ne vois pas ce que je
ferais maintenant en ta compagnie. – Tu dis vrai, femme, ce qui nous est arrivé
est trop triste. – Je reprends donc ma liberté, dit-elle encore, mais je sais
que notre fils n’a rien à craindre à présent. » Sans ajouter une parole, elle
fit préparer son cheval blanc et, vêtue des habits qu’elle avait la première
fois qu’elle s’était présentée sur le chemin, près du Tertre de la Jeunesse, elle
sauta en selle et s’éloigna à travers la forêt sans se retourner [19] .

3

La Dame de la Fontaine
    Le roi Arthur se trouvait à Kaerlion sur Wysg, et il
devisait auprès de quelques-uns de ses compagnons. Il y avait là Lancelot du
Lac, Gauvain, fils du roi Loth d’Orcanie, Kaï et Bedwyr, les plus anciens de
ses fidèles, ainsi qu’Uryen Rheged et son fils Yvain, Sagremor, Girflet, fils
de Dôn, Érec, fils du roi Erbin, Galessin, duc de Clarence, qui avait été l’un
des derniers chevaliers à être enfermé dans le Val sans Retour. La reine
Guenièvre était avec eux, entourée de trois de ses suivantes. Quand Morgane fit
son entrée dans la salle, chacun lui fit bonne figure et la salua aimablement.
« Ma sœur, dit Arthur, il y a longtemps que nous ne t’avions vue. Prends
place parmi nous et raconte-nous ce que tu as fait pendant tes longs mois d’absence. »
Morgane s’assit près du roi Uryen. Elle répondit : « Mon frère,

Weitere Kostenlose Bücher