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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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pas, nous pouvons prouver, ici même, seul
à seul, toi contre moi, à qui appartient le droit ! – J’accepte ton défi ! »
répondit Mériaduc.
    Ils sortirent tous deux leurs épées, mais le combat ne dura
pas longtemps. D’un seul coup, Guigemer trancha la tête de Mériaduc et, prenant
ensuite sa dame par la main, il s’en alla, suivi de tous ses gens [39] .

7

Les vaines Aventures
    Il y avait déjà longtemps que Bohort de Gaunes avait quitté
la cour d’Arthur. Il s’était toujours demandé si sa place n’était pas ailleurs,
bien qu’il eût été admis parmi les compagnons de la Table Ronde. Il souffrait
en effet d’un sentiment d’infériorité par rapport à son frère aîné Lionel et
surtout à l’égard de son cousin Lancelot. Il les aimait pourtant l’un et l’autre
et se serait fait tuer pour les sauver de n’importe quel danger. Tous trois
avaient été élevés par la Dame du Lac, et rien n’aurait pu les désunir. Mais
Bohort savait que son rôle, à lui, était d’être solitaire, et qu’il devait
errer par le monde pour être digne de ses ancêtres et particulièrement de son
père, le roi Bohort, qui avait si bien défendu son royaume contre les
entreprises pernicieuses de Claudas de la Terre Déserte. Bohort se souvenait du
temps de son enfance, du temps où son frère Lionel et lui avaient été les
prisonniers de l’ignoble Claudas et où ils avaient souffert d’être orphelins et
privés d’affection. Il se souvenait aussi de leur délivrance, quand Saraïde les
avait amenés dans le palais merveilleux de la Dame du Lac. Bohort pensait que, pour
être digne de ses ancêtres et de la confiance que la Dame du Lac avait placée
en lui, il lui fallait accomplir des actions que nul autre n’eût pu accomplir.
    Il errait depuis des semaines, dans la seule compagnie de
son écuyer. Il avait réussi à délivrer une jeune fille prisonnière d’un père
abusif. Il avait défendu un bon nombre de chevaliers en grand danger d’être
vaincus. Il avait déjoué les enchantements qu’un magicien cruel avait suscités
devant lui. Il avait brillé dans de nombreux tournois, provoquant l’admiration
de tous pour son courage et son habileté. Mais, chaque fois qu’il avait été
reçu dans une cour ou en quelque forteresse isolée, il avait entendu vanter les
prouesses de son frère et de Lancelot du Lac. Lancelot était-il le meilleur
chevalier du monde ? Sans aucun doute, et Bohort en était persuadé, mais
il ne pouvait se défendre d’une certaine amertume.
    Un jour, Bohort et son écuyer chevauchaient, traversant des
forêts et des vallées, et ils parvinrent dans une grande prairie devant le
château de la Marche, où le roi Brangore d’Estrangore donnait un tournoi pour
célébrer l’anniversaire de son couronnement. Il y avait là une centaine de
chevaliers qui joutaient et, dans l’assistance, un grand nombre de dames et de
jeunes filles de tout le pays.
    Il faisait aussi chaud qu’au début de l’été, au moment de la
Saint-Jean. Bohort avait enlevé son heaume et l’avait confié à son écuyer. Or, Bohort,
malgré sa valeur et sa bravoure, n’était encore qu’un tout jeune homme, et sa
beauté rayonnait comme le soleil dans les brumes du matin. Il descendit de son
cheval afin de remettre de l’ordre dans sa tenue. Puis, il remonta en selle et
regarda attentivement les joutes, prenant plaisir à voir l’habileté des uns et
critiquant sévèrement la maladresse des autres.
    La fille du roi Brangore d’Estrangore se trouvait sur une
galerie qui avait été aménagée pour la circonstance, sous la muraille du
château, entourée de ses suivantes. Elle prenait grand plaisir à regarder les
chevaliers rompre des lances et se mesurer à l’épée. Les unes et les autres
faisaient des commentaires, parfois très impertinents, sur ceux dont l’attitude
leur déplaisait. Tout à coup, la fille du roi remarqua Bohort, qui se tenait à
l’écart, à la limite du champ clos. « Vois donc ce chevalier, dit-elle à l’une
de ses suivantes, comme il est beau et a belle allure ! Il se tient aussi
droit sur son cheval que s’il y était planté ! Par Notre-Seigneur, sa
beauté ne fait aucun doute, et les fées ont dû se pencher sur son berceau pour
qu’il ait bénéficié de tant de finesse et de fierté ! S’il a autant de
valeur qu’il a de beauté, il mérite qu’on puisse le remarquer. Va donc le
trouver et invite-le à participer aux joutes. »
    La

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