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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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remarqué par les mythologues,
nous donne un raccourci assez saisissant du caractère véritable de Guenièvre.
On comprend alors l’aspect de maîtresse absolue qu’elle prend vis-à-vis de
Lancelot, dans Le Chevalier à la Charrette , de
même que s’expliquent ses exigences qui, autrement, pourraient être considérées
comme des caprices relevant d’une tradition courtoise à l’usage de femmes désœuvrées.
Dans l’action du Perceval , il s’agit d’une
aventure de Gauvain qui, après avoir traversé une rivière, se trouve au Château
de la Merveille en présence de la mère du Roi Arthur. Et celle-ci lui demande
de lui parler de la Reine Guenièvre. Gauvain répond : « Depuis la
première femme qui fut formée de la côte d’Adam, il n’y eut jamais de dame si
renommée. Elle le mérite bien, car de même que le
sage maître endoctrine les jeunes enfants, ma dame la reine enseigne et
instruit tous ceux qui vivent. D’elle descend tout le bien du monde, elle en
est la source et origine . Nul ne peut la quitter qui s’en aille
découragé. Elle sait ce que chacun veut et le moyen de plaire à chacun selon
ses désirs. Nul n’observe droiture ou ne conquiert honneur qui ne l’ait appris
auprès de ma dame. Nul ne sera si affligé qu’en partant d’elle il emporte son
chagrin avec lui [237] . »
    Un tel texte pourrait presque se passer de commentaire. Il y
a d’abord chez Guenièvre un aspect initiateur ,
ce qui ne va pas, chez les anciens Celtes, sans relations sexuelles : nous
reviendrons d’ailleurs sur ce sujet au moment opportun [238] .
Mais il est important d’insister sur le caractère de déesse-mère qui est attribué à Guenièvre par Gauvain, qui, répétons-le, a été, à une période
ou à une autre, l’amant de la reine. C’est de la reine que vient tout le bien
du monde, c’est la reine qui donne la joie ou la tristesse, c’est la reine qui
est source et origine .
On se rend parfaitement compte que le récit utilisé par Chrétien de Troyes contenait
encore bien des éléments archaïques remontant au fond des âges. C’est une
preuve de plus pour voir dans le culte du Graal et notamment dans le rituel de
la Quête, un souvenir du culte de l’ancienne déesse. La reine Guenièvre est
l’image de cette ancienne déesse : elle détient la vie en tant que femme,
elle détient la nourriture qui permet la vie, elle détient la puissance créatrice,
c’est-à-dire la souveraineté de toutes choses, souveraineté qui est administrée
par le roi son mari, ou par les chevaliers qui s’approchent d’elle, autrement
dit ses amants. Cette considération étant faite, on ne peut plus considérer
l’amour courtois, son code et ses lois, comme un simple divertissement pour une
société aristocratique. L’amour courtois n’est que la forme poétique qu’a
revêtue, aux XII e et XIII e  siècles, le culte de la Magna Mater Omnipotens .
    La comparaison qui s’impose alors, est celle qui consiste à
montrer la ressemblance étroite existant entre Guenièvre (Gwenhwyfar ou
Winlogée, ou Guenloïe) et une héroïne irlandaise bien connue, la reine Mebdh de
Connaught. En effet, dans le contexte plus païen de l’épopée gaélique, les
caractères apparaissent plus brutalement que dans les adaptations françaises
des légendes brittoniques. Certes, la reine Mebdh est peu sympathique, mais ce
sont les auteurs d’épopée qui l’ont voulu ainsi, en insistant sur son aspect de virago . Réellement c’est une virago , au sens étymologique de ce mot celtique.
Mebdh ne plie pas devant les hommes, encore moins devant son mari, le roi
Ailill, qui joue dans cette légende un rôle peu flatteur. Mebdh, c’est
« la femme belliqueuse, la femme guerrière ». Elle est fille du roi suprême
d’Irlande. Lors de sa discussion avec Ailill pour savoir lequel d’entre eux a
la plus grosse fortune, elle se targue de posséder plus qu’Ailill : en
vertu de la législation celtique, elle peut alors commander les affaires du
ménage. Mais quand elle s’aperçoit qu’il lui manque un taureau, elle est prête
à faire n’importe quoi pour obtenir une bête extraordinaire, dont la possession
fera pencher la balance en sa faveur. C’est ainsi qu’elle demande à Daré, fils
de Fiachna, de lui céder son taureau, le fameux Brun de Cuanlgé. En échange,
elle lui donnera des terres et un char, et surtout elle le recevra dans son
lit.
    Cette proposition dépasse de loin le détail

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