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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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n’avaient pas de métal à leur disposition, fabriquaient de grands
récipients avec de l’argile [285] . Bref, le chaudron
était d’utilité courante, mais nous savons, d’après une réflexion de Strabon
(VII, 2), qu’il existait des chaudrons sacrés, donc des chaudrons qui étaient
des objets cultuels. C’est évidemment à partir du sens religieux et symbolique
de l’objet que le Chaudron est devenu un élément mythologique.
    Sans entrer dans les détails [286] ,
il convient de citer les principaux aspects de ce chaudron dans les textes
irlandais ou gallois. Un poème de Taliesin décrit un « chaudron qui ne
bout pas la nourriture d’un lâche [287]  » Ce poème gallois
se réfère à une tradition que l’on reconnaît dans un poème irlandais ayant Cûchulainn
pour héros : celui-ci est allé, avec Cûroi, dans une mystérieuse
forteresse pour s’emparer « d’un chaudron ruisselant d’or et d’argent [288]  ».
Le Chaudron gallois de Tyrnog, lui aussi, ne bouillait pas la nourriture d’un
lâche, tandis que le bassin (= chaudron) de
Diwrnach le Gaël semble procurer une nourriture abondante [289] .
Toujours parmi les Treize Joyaux de l’île de Bretagne, se trouve le panier
magique de Gwyddno : « Lorsqu’on y mettait la nourriture d’un homme,
lorsqu’on le rouvrait, il présentait la nourriture de cent [290] . »
Lorsque Keridwen, la déesse-mère, veut donner l’intelligence à son fils
Avanc-Du, elle prépare pour lui un chaudron d’inspiration. Trois gouttes de ce
breuvage tombent par hasard sur le doigt de Gwyon Bach, lequel possède
immédiatement la science du passé, du présent et de l’avenir, et c’est à la
suite de cela qu’il devient le barde Taliesin [291] .
    Mais les plus intéressants de ces chaudrons, à la fois par
leur fonction et par le contexte qui les entoure, sont ceux de Dagda en
Irlande, de Brân et de Peredur au Pays de Galles. Il s’agit bien là de
véritables archétypes de l’objet appelé Graal, et vraisemblablement, ils sont à
l’origine directe de la signification qu’a prise le Graal dans son cadre
chrétien.
     
    Le Chaudron de Dagda (Irlande) : « De Murias fut apporté le chaudron de Dagda ;
aucune compagnie ne s’en allait sans lui en être reconnaissant » ( La Bataille de Mag-Tured , G. Dottin, L’Épopée irlandaise , 37). Lorsque Dagda va dans le
camp de ses ennemis les Fomoré, ceux-ci, par dérision, l’obligent à manger le
contenu d’un énorme chaudron qu’ils ont déversé dans un trou creusé à même la
terre. Dagda vient à bout de ce repas phénoménal ( La
Bataille de Mag-Tured , d’Arbois de Jubainville, L’Épopée celtique en Irlande , 426-427).
     
    Le Chaudron de Brân (Pays de Galles) : « Je parferai la réparation en te donnant un
chaudron dont voici la vertu : si on te tue un homme aujourd’hui, tu
n’auras qu’à le jeter dedans pour que le lendemain il soit aussi bien que
jamais, sauf qu’il n’aura plus la parole » ( Branwen ,
J. Loth, Mab . I, 129). « Les Gaëls
se mirent à allumer du feu sous le chaudron de résurrection. On jeta les
cadavres dedans jusqu’à ce qu’il fût plein. Le lendemain, ils se relevèrent,
redevenus guerriers aussi redoutables que jamais, sauf qu’ils ne pouvaient
parler » ( Ibid. , I, 143).
     
    Le Chaudron de Peredur (Pays de Galles) : « Il alla à la cour des fils du Roi des
Souffrances. En y entrant, il n’y aperçut que des femmes. Elles se levèrent à
son arrivée et lui firent bon accueil. Il commençait à causer avec elles,
lorsqu’il vit venir un cheval portant en selle un cadavre. Une des femmes se
leva, enleva le cadavre de la selle, le baigna dans une cuve remplie d’eau
chaude qui était plus bas que la porte, et lui appliqua un onguent précieux.
L’homme ressuscita, vint le saluer et lui montra joyeux visage. Deux cadavres
arrivèrent encore, portés en selle. La femme les ranima tous les deux de la
même façon que le premier » ( Peredur , J. Loth, Mab , II, 94).
     
    Le chaudron celtique a au moins deux caractéristiques :
il procure l’abondance et il ressuscite. Le Graal christianisé, lui aussi,
procure l’abondance, puisque les participants au repas du Graal reçoivent dans
leurs assiettes les mets qu’ils préfèrent. De la même façon, il procure
l’immortalité, puisqu’il ressuscite les morts en leur donnant la vie éternelle.
Mais ce n’est pas de la vie passée qu’il s’agit, c’est de la vie

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