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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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(et la tête) c’est parce
qu’il a refusé de donner son épouse, Buân, l’éternelle . La série de vengeances qui s’ensuit,
marquée par un alignement de têtes, est la lutte des successeurs. À ce moment,
la tête représente aussi la souveraineté, puisque Mesgegra est mort et Buân
également. Tout ce qui reste de l’ancienne souveraineté est cette tête,
dangereuse et bénéfique à la fois, qui saigne et qui tue. On la transforme en
balle de fronde, donc on s’en sert pour attaquer les autres. C’est le
déplacement de la souveraineté, qui, n’étant plus en possession de la femme,
mais des hommes, devient agressive et cimente les structures de la nouvelle
société masculine. Et de la même façon que la reine Guenièvre avait des amants
qui participaient à tour de rôle à sa souveraineté, la tête appartient
désormais au plus fort, jusqu’à ce que la justice, c’est-à-dire la voix de la
Terre, la voix de la Déesse, se fasse entendre par le cri de la Pierre de Fâl,
la Pierre de Souveraineté. Ainsi revient-on à un équilibre provisoire. Tout se
passe comme si les tenanciers de la souveraineté se tuaient les uns les autres,
laissant à leur vainqueur immédiat la jouissance du pouvoir. C’est ce qui
ressort de l’histoire d’Yvain, dans Le Chevalier au
Lion de Chrétien de Troyes : Yvain, ayant tué le Chevalier Noir,
épouse bientôt la veuve de celui-ci, laquelle a d’ailleurs une double
caractéristique dans la Fontaine Magique qui fait pleuvoir et donne la fécondité.
    Il faudrait maintenant découvrir le sens profond de cette
quête qui met aux prises les hommes pour la possession de la Femme, et aussi
sur le sens qu’il convient de donner à la « Souveraineté ». La quête
épique, dans laquelle des objets symboliques comme la lance qui saigne, le
plat, la tête ou la pierre ne sont que des idéogrammes, ne peut s’expliquer
vraiment que par une finalité. C’est alors qu’il convient d’interpréter la
quête comme un rituel religieux et mystique. Cela a été fait par les auteurs
chrétiens du XII e et du XIII e  siècle, et ils n’ont eu aucune difficulté à
le faire, ce qui prouve que le schéma était tracé, et que ce schéma était déjà
mystique. Mais il s’agit de mysticisme païen remontant dans la nuit des temps.
L’ARCHÉTYPE MYSTIQUE DU GRAAL
    Dans tous les textes relatifs au Graal, les personnages qui
habitent le Château du Graal, ou qui sont liés d’une façon quelconque à
ceux-ci, se présentent à nous sous des formes sans cesse mouvantes, sans cesse
différentes. Nous avons vu, grâce à l’Élucidation ,
que le Roi-Pêcheur savait tant de magie qu’il pouvait à son gré changer de
« semblance ». Il n’est pas le seul. Le Roi Méhaigné et le
Roi-Pêcheur ne sont que deux aspects du même personnage, mais Kundry la
Sorcière est la Hideuse Demoiselle à la Mule en même temps que la Reine,
porteuse du Graal. Et il en est de même dans toutes les épopées celtiques,
gaéliques ou galloises, où un héros se présente souvent sous de multiples
formes et sous de multiples noms. Or le Graal, lui aussi, est multiple. Si
c’est une écuelle chez Chrétien de Troyes, un plat ou une tête chez l’auteur de Peredur , une pierre chez Wolfram, il peut être
encore bien autre chose : un vase dans La Quête
du Saint-Graal , une coupe dans La Mort
d’Arthur de l’anglais Thomas Malory. Et alors il ne faut pas oublier
qu’un archétype bien connu de ce Graal est constitué par le fameux chaudron qui
apparaît un peu partout dans les légendes celtiques insulaires, chaudron rituel
et magique dont la signification se doit d’être étudiée avec soin.
    L’archéologie protohistorique et celtique nous apprend que
le chaudron était d’usage courant en Gaule et dans les îles Britanniques. Il
représentait, surtout au début, un perfectionnement appréciable des méthodes de
cuisine, et constitue une preuve de civilisation raffinée. En effet, si, dans
la préhistoire, les hommes ont commencé par faire rôtir le gibier (après
l’avoir mangé cru), il a fallu attendre le néolithique pour voir apparaître des
récipients pouvant aller sur le feu. Les chaudrons celtiques sont très variés
en dimension comme en matière. On en a retrouvé en bronze, en cuivre, en
argent. Certains, comme le célèbre Chaudron de Gundestrup, dont nous aurons à
reparler, sont richement ornés de gravures. Il est probable que les Celtes,
lorsqu’ils

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