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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Calatin, une sorcière qui sait métamorphoser son aspect et qui ressemble
fort à la Morrigane, prend la forme de Niam et parle ainsi à Cûchulainn :
« Ô mon âme, ô guerrier, ô Beau Chien… les armées sont venues jusqu’à
Émain, et c’est à moi que les nobles de la province ont fait le reproche de te tenir en ne te permettant pas de venger la province
et de repousser les armées . Et je sais de plus que Conall me tuera si je ne te donne pas la permission de protéger la
province et d’approcher les hommes d’Irlande [399]  ».
    Le fait de voir le héros Cûchulainn, qui a été capable de
résister à lui tout seul contre quatre armées liguées, dépendre entièrement de
la volonté d’une femme a de quoi laisser rêveur. Mais de même que Lancelot du
Lac, il est en présence d’une autorité supérieure à sa propre force, autorité
incontestable et incontestée puisqu’elle vient de la femme aimée, de la
« Maîtresse », de la « favorite ». C’est là une des formes
du geis . Il y en a bien d’autres.
    On voit dans le Livre des
Conquêtes [400] la curieuse histoire d’Elgnat,
femme de Partholon, l’un des premiers conquérants de l’Irlande. Cette Elgnat
invite un de ses serviteurs à coucher avec elle. Le serviteur refuse, par
crainte de Partholon. Alors la femme « lui fait honte [401]  »
et le serviteur obéit. Quand Partholon apprend cela, il a d’ailleurs une
réaction très philosophique : « Quand vient le désir d’accouplement,
il n’est pas facile d’y résister ! »
    Dans le récit de L’Éducation de
Cûchulainn [402] , le héros se trouve
chez la « sorcière » Scatach pour apprendre les jeux guerriers. La
fille de Scatach, dénommée Uatach (= Très Terrible), est amoureuse de lui et se
glisse dans son lit. Cûchulainn la repousse et lui casse même un doigt. La
fille place alors le héros sous un geis de
destruction s’il ne consent pas à la garder avec lui, et Cûchulainn doit se
résigner, tout en arrachant à Uatach la promesse qu’il aura une récompense. Le
même Cûchulainn, dans La Maladie de Cûchulainn ,
est atteint d’un mal mystérieux qui lui est venu le jour où il a manqué son
coup en chassant deux oiseaux, en réalité deux femmes-fées [403] .
Il ne peut être guéri que parce qu’il va dans le monde des fées, à l’appel de
l’une des deux femmes, Fand, qui était amoureuse de lui. C’est encore là un
aspect du geis prononcé par une femme sur
l’homme qu’elle aime, et nous le retrouvons dans le thème du chant des sirènes,
lesquelles entraînent avec elles au fond de la mer le navigateur qu’elles ont
choisi, et plus particulièrement, dans la mythologie celtique, l’histoire irlandaise
de Condlé le Rouge à qui une femme-fée a donné une pomme, et qui ne peut
résister à l’appel de l’Autre Monde. Enfin, la femme peut, sans prononcer de
véritable geis , entreprendre une action équivalente.
La jeune Derbforgaille, qui était tombée amoureuse de Cûchulainn à cause de ses
prouesses, et sans l’avoir jamais vu, vient à lui sous forme d’oiseau. Cûchulainn
la blesse, et comme elle reprend sa forme humaine, il suce le sang de la
blessure qu’il vient de lui faire pour extraire la pierre de fronde. En vertu
du lien du sang qui les unit désormais, Derbforgaille ne peut plus être à
Cûchulainn, mais elle est donnée par celui-ci
à un de ses amis que lui-même a choisi [404] . Le geis a tout de même créé un lien indissoluble entre
les deux êtres et, lorsque Derbforgaille sera tuée, Cûchulainn mettra tout en
œuvre pour la venger.
    Si le geis apparaît
nettement et formellement dans la tradition irlandaise, c’est sous une forme
atténuée que nous le retrouvons dans la tradition brittonique, et par là, dans
la tradition arthurienne. Quand Peredur va combattre l’ addanc , le serpent monstrueux qui est au fond d’une
grotte (on remarquera l’analogie de l’épisode avec celui de la légende de
Tristan où le héros tue le Serpent Crêté et obtient ainsi la main d’Yseult), il
rencontre une femme, la fameuse et mystérieuse « Impératrice ».
Celle-ci l’avertit que l’ addanc est invincible
car il voit tous ceux qui pénètrent dans la grotte. Mais, ajoute-t-elle,
« si tu me donnais ta parole de m’aimer plus qu’aucune autre femme au
monde, je te ferai don d’une pierre qui te permettrait de le voir en entrant
sans être vu de lui [405]  ». Le caractère
obligatoire du don que

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