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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Viviane et de Merlin.
Le jour où Merlin fait la rencontre de la jeune Viviane, il est déjà sous le geis , car, tout en sachant que celle-ci sera sa
« dominatrice », il ne peut s’empêcher de revenir la voir et de lui
enseigner sa magie, par laquelle, d’ailleurs, se fera l’acte qui le liera à
jamais. Quand Viviane fera neuf fois le tour de l’arbre au pied duquel Merlin
est endormi, elle accomplira le rituel : Merlin sera transformé,
transporté dans un château d’air (ou de verre) d’où il ne pourra plus jamais
ressortir. N’est-ce pas là la matérialisation de l’état psychologique et social dans lequel se trouve plongé l’homme sur
qui a été prononcé le geis  ?
    Et nous trouvons des traces de tout cela dans le folklore,
aussi bien dans les contes, qui ne sont que des transpositions d’anciens
mythes, que dans les superstitions et les pratiques de sorcellerie. Nous avons
déjà parlé de « saint » Guengalc’h, ravi aux yeux de ses compagnons
par une « femme de mer », et qui, malgré une confession et une vie
exemplaire, mourut un an plus tard, victime de l’acte magique que la
« femme de mer » avait accompli sur lui afin de le lier à jamais [410] .
Mais que dire des pratiques bizarres concernant les mariages ?
    Le folkloriste Paul Sébillot fait remarquer l’usage très
répandu qu’ont les jeunes filles, qui veulent se marier à tout prix, de
s’adresser à la statue d’un saint et de se comporter comme si la statue était
de chair et d’os, véritable substitut de celui qu’elles aiment. Ainsi dans le
Minervois, vers 1850, les filles défilaient devant la statue de saint Sicre et
levaient sur sa tête une fourchette en lui disant, sous une forme rimée,
qu’elles l’en frapperaient, si, dans un an, elles n’avaient pas trouvé un
amoureux ou un mari [411] . Ce geste est
révélateur : il s’agit d’une menace, et par conséquent, l’homme attendu
par les filles (qu’elles le connaissent ou non) est représenté par l’effigie du
saint, se doit d’obéir et de répondre à l’appel. S’il n’obéit pas, il sera
frappé, meurtri, honni . Il en était de même
dans l’Ain où les filles menaçaient saint Blaise de le jeter dans le Rhône, et
à Sorbey (Meuse), où elles lapidaient saint Vildbrock, ou encore au Portugal,
où elles lançaient une pierre sur la statue de saint Élisée, sur le Mont Lucie [412] .
    Ailleurs, le geste rituel est effectif dès la première parole.
Ainsi à Perros-Guirec (Côtes-du-Nord), les filles enfoncent des épingles dans
le nez du malheureux saint Guirec en lui demandant de leur trouver un homme. Au
XVI e  siècle en France, la fille brûlait
un laurier, arbre consacré à Apollon, en souhaitant que l’amoureux s’enflamme
et se consume d’amour. Dans le sud de l’Angleterre, la fille jetait du sel dans
le feu, la nuit, trois vendredis de suite, en prononçant ces mots :
« Ce n’est pas ce sel que je souhaite brûler mais le cœur de celui que
j’aime… Qu’il ne puisse avoir ni repos ni bonheur avant qu’il ne soit venu et
ne m’ait parlé [413]  ! » En
Cornwall et en Sussex, la fille, à minuit, la nuit de la Saint-Jean, lave un de
ses vêtements et le met en silence à sécher sur une chaise, devant le feu de la
cuisine, en laissant la porte ouverte. L’homme qu’elle verra retourner le vêtement
sera l’élu. Le même procédé a cours dans le comté de Donegal (Irlande), mais le
soir de la Toussaint, c’est-à-dire de l’antique fête celtique de Samain , c’est la chemise de la fille qui sert à
cette épreuve, après avoir été lavée à l’eau courante [414] .
La sorcellerie n’est pas éloignée de tout cela, et surtout le fétichisme du vêtement
qu’on peut observer fréquemment aussi bien de la part des femmes que de la part
des hommes.
    Toujours dans le comté de Donegal, et à l’occasion de la
Toussaint, la fille qui veut se marier, ou tout au moins s’attacher un homme,
fait le tour d’une meule de foin avant d’y enfoncer un couteau à manche noir en
prononçant le nom du diable. Celui qui enlèvera le couteau sera l’élu [415] .
On remarquera que le diable vient comme d’habitude s’infiltrer dans une
pratique magique, parce qu’il symbolise ce qui est
interdit . Cependant le geste de planter le couteau dans la meule de foin
est caractéristique d’un rituel érotique, la meule de foin représentant la
femme et le couteau l’homme : et par-delà cette

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