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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qui nagent. Des
chiens marins se trouvent devant la porte et mordent ceux qui veulent entrer
dans le palais interdit. D’après le Kalevala ,
les vierges de Wellamo ont leur demeure à l’extrémité du « cap nébuleux,
sous les vagues profondes ». La souveraine des ondes surgit des
profondeurs pour écouter la voix du barde Väinämöinen. Dans l’épopée indienne
du Mahâhbârata , lorsque les Daïtyas,
c’est-à-dire les Démons, ont été vaincus par Indra, symbole du héros de culture
paternaliste, ils se réfugient sous la mer. Il en est de même dans la
mythologie irlandaise, ou les Tuatha Dé Danann, les gens de la Déesse Dana
vaincus par les fils de Mile, c’est-à-dire les Gaëls, doivent s’exiler sous les
tertres, dans les profondeurs de la terre, ou dans les îles mystérieuses qui
sont au-delà de l’horizon. Mais les Tuatha Dé Danann sont des êtres aquatiques,
ils chevauchent des chevaux marins sur les vertes prairies de la mer.
     
    La Navigation de Brân,
fils de Fébal (Irlande) : Une femme merveilleuse apparaît à Brân,
lui remet une branche de pommier et l’invite à venir la rejoindre à Émain,
l’île des Femmes. Brân s’en va avec des compagnons, sur la mer. Il rencontre un
cavalier qui chevauche sur les flots, qui se fait reconnaître comme étant
Mananann fils de Lîr (= les Flots), et qui le guide vers Émain. Parvenus dans
cette île, Brân et les siens vivent une vie merveilleuse auprès des Femmes, et
lorsqu’un jour, saisis par le mal du pays, ils reviennent en Irlande, ils
s’aperçoivent qu’il s’est écoulé des siècles depuis leur départ. Un des marins
se précipite à terre et est aussitôt changé en cendres. Brân et les siens repartent
sur la mer sans avoir abordé (G. Dottin, L’Épopée
irlandaise , p. 55-63).
     
    La Navigation de
Maelduin (Irlande) : Après bien des aventures et des rencontres
merveilleuses sur la mer, Maelduin et ses compagnons arrivent dans une île où
ils sont reçus par la Reine et ses dix-sept filles. « Ainsi les dix-sept
hommes et les dix-sept filles couchèrent ensemble et Maelduin avec la
Reine. » Au matin, la Reine dit à Maelduin : « Reste ici, et la
vieillesse ne t’atteindra pas. Tu seras toujours aussi jeune que tu l’es. Et ce
qui t’est arrivé la nuit dernière t’arrivera toutes les nuits. » Alléchés
par ce beau programme, « ils restèrent les trois mois de l’hiver et il
leur sembla que ces trois mois avaient duré trois ans ». Mais le mal du
pays les prend. Ils embarquent en cachette, mais la Reine « lança une
pelote de fil vers le bateau. Maelduin l’attrapa et elle colla à sa main. La
Reine n’eut plus qu’à tirer sur le fil pour faire revenir le bateau au
port ». Ils demeurent alors « trois fois trois mois » dans l’île
et finissent par embarquer de nouveau. La Reine lance sa pelote, un matelot la
saisit. On lui coupe la main et elle tombe dans la mer avec la pelote.
« Alors la Reine se mit à se lamenter et à hurler de telle sorte que toute
la terre ne fut que cris, hurlements et désespoirs. » (Analyse dans J. M., L’Épopée celtique d’Irlande , p. 196-202).
     
    Il s’agit de deux versions de la même légende. La première,
la Navigation de Brân , est la plus
ancienne : on y voit les héros succomber aux charmes de l’île des Femmes,
et même s’ils ont la nostalgie de leur pays, ils se gardent bien, sauf un
malheureux imprudent, de débarquer sur la terre ferme, préférant retourner vers
le pays merveilleux. Mais ce pays merveilleux, c’est aussi, pour reprendre
l’expression de Chrétien de Troyes dans son Lancelot ,
à propos du royaume de Gorre, régi par Méléagant, « le pays d’où nul ne
revient ». La seconde version, la Navigation de
Maelduin , consacre la victoire de l’Homme qui parvient à échapper aux
séductions de la Femme, après y avoir largement et consciemment succombé :
le texte porte déjà la marque du Christianisme, ou tout au moins la marque
d’une évolution du mythe vers la méfiance qu’on doit avoir des entreprises féminines,
autrefois considérées comme parfaitement bénéfiques. Et il existe une troisième
version, largement répandue par la littérature latine et française du Moyen
Âge, la Navigation de Saint-Brendan , dans
laquelle le héros Brân-Maelduin s’est confondu avec le personnage plus ou moins
hypothétique de Brendan, abbé du monastère de Clonfert. Là, le mythe a encore
évolué.

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