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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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(Conte recueilli par Campbell dans les Highlands. Loys
Brueyre, Contes populaires de la Grande-Bretagne ,
1875, p. 175-183).
     
    On remarquera que c’est toujours le plus jeune qui ose
vaincre sa répulsion. Niall est le plus jeune des fils d’Éochaid. Diarmaid est
le plus jeune des Fiana . Cela semble donner
raison à l’argumentation psychanalytique qui prétend que la grande révolution
sociale de la nuit des temps a été la prise du pouvoir par le plus jeune des
fils, avec la complicité de la mère, contre le Père tout-puissant, les autres
frères suivant ensuite l’exemple du cadet. Dans la plupart des contes, c’est
toujours le dernier, et le plus faible, qui réussit les épreuves. Parfois ses
frères, jaloux de son succès, le neutralisent et usurpent les avantages. On retrouve
cette tradition dans l’histoire biblique de Joseph et de ses frères [79] .
    Cependant, si Niall se satisfait de la Royauté qu’il a
conquise par son geste rituel, il se trouve que Diarmaid a des doutes sur son
destin. Il perd une première fois la Fille du Roi sous les Flots parce que,
inconsciemment, en transgressant le tabou, il veut l’écarter, peut-être à cause
des remords de s’être livré corps et âme à un être féminin mystérieux dont il
ne connaît même pas l’origine. Mais lorsqu’il s’aperçoit de la disparition de
la Femme, il se produit un grand déchirement en lui : sa conscience lui
ordonne de la rechercher, de la reconstituer en lui, exactement comme Orphée
qui descend aux Enfers réclamer Eurydice au Dieu des Ténèbres, et cela parce
qu’il n’a pas encore « fait le tour » de la Femme, qu’il ne la
connaît pas encore. Et la Femme une fois retrouvée et guérie, Diarmaid la perd
une seconde fois, de son propre gré, consciemment, comme Orphée se retournant
vers Eurydice. Car maintenant, il l’a vue. Et comment est-elle ?
Exactement comme lorsqu’elle est entrée pour la première fois chez les Fiana , aussi laide et repoussante. Tout le reste
n’était qu’illusion. On sent, dans le conte de Diarmaid, tout un contexte
paternaliste et chrétien : Diarmaid a trahi les siens, il a trahi son
organisation sociale en acceptant les propositions de la Femme. Mais il est
tellement aveuglé qu’il lui faudra du temps pour retourner dans le droit
chemin, c’est-à-dire pour revenir à la loi patriarcale dont il n’aurait jamais
dû s’écarter. La même idée, plus christianisée encore, se retrouve dans la Quête du Saint-Graal , œuvre composite née de la conjonction
des légendes celtiques païennes et du mysticisme chrétien du XIII e  siècle.
     
    Deux Aventures de
Perceval  : Dans sa recherche du mystérieux château du Graal,
Perceval, après de multiples aventures, se trouve sans cheval dans un endroit
inconnu. Une femme lui propose un magnifique coursier qu’il accepte et qui le
conduit à un train d’enfer. Il a des doutes et se signe. Le cheval se secoue,
jette Perceval à terre et se précipite dans la rivière dont il embrase les eaux
( Quête du Saint-Graal , trad. A. Béguin, p. 90-91).
Un peu après, Perceval voit arriver sur la mer une nef magnifique sur laquelle
se trouve une demoiselle parée des plus somptueux vêtements. Elle invite
Perceval et lui raconte ce qui est advenu à Galaad et aux autres chevaliers. Perceval
la suit. Il est reçu avec de grands honneurs, traité avec beaucoup d’égards.
Après un repas chargé de mets et de breuvages, la Demoiselle fait tendre sur la
rive un pavillon pour que Perceval puisse se reposer des ardeurs du soleil.
Puis elle vient l’y rejoindre et lui fait promettre d’être à elle. Perceval
éméché par la boisson, promet tout ce qu’elle veut et au moment où l’acte va
être accompli, il aperçoit la croix qui se trouve sur son épée. Aussitôt il se
signe. « Le pavillon se renversa, une fumée et un nuage l’enveloppèrent,
si épais qu’il n’y vit plus goutte, avec une telle puanteur de toutes parts
qu’il se crut en enfer. » Bien entendu, quand il rouvre les yeux à la
lumière, plus de trace du pavillon. Il aperçoit la nef qui s’en va et sur la
nef la demoiselle qui s’écrie : « Perceval, vous m’avez
trahie ! » Plus tard, un ermite à qui il raconte son histoire, lui
explique que la demoiselle, créature de « l’Ennemi », a voulu
l’enfermer dans le pavillon rond, qui est le monde entaché de péché, et le
soustraire au « grand soleil », c’est-à-dire au feu du

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