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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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plus
insisté sur la sacro-sainte virginité des filles. Il faut dire que la fille
vierge est le symbole le plus éclatant de la proie réservée à l’usage exclusif
du propriétaire, le futur mari, pivot de cette société. Il y a, à ce sujet,
dans un récit gallois, une curieuse histoire qui semble un peu confuse, mais
qui témoigne du mélange des deux types de société.
     
    Histoire d’Arianrod (Pays de Galles) : Le roi Math ab Mathonwy a une infirmité presque
incompatible avec la royauté. En temps de paix, il ne peut vivre que les pieds
dans le giron d’une vierge. En temps de guerre, il peut vivre en montant à
cheval. Or son neveu Gilvaethwy, fils de sa sœur Dôn, est amoureux de la jeune
vierge « en service », et grâce à l’aide de Gwyddyon, son frère, qui
éloigne Math en déclenchant une guerre, Gilvaethwy parvient à « faire
violence » à la jeune fille. La guerre terminée, Math revient, mais la
jeune fille ne peut plus reprendre son service, et elle raconte à Math ce qui
s’est passé. Math, furieux, se venge de ses deux neveux, mais leur demande
cependant conseil pour remplacer la vierge qui lui est nécessaire pour vivre.
Gwyddyon propose alors sa sœur Arianrod, fille de Dôn. Math fait venir Arianrod
et lui demande si elle est vierge. Elle répond qu’elle l’est, mais Math veut
vérifier : il prend sa baguette magique, la courbe et dit à Arianrod de
passer par-dessus. « Elle fit un pas par-dessus la baguette enchantée et,
en même temps, elle laissa après elle un enfant blond et fort. Aux cris de
l’enfant, elle chercha la porte, et aussitôt elle laissa quelque chose après
elle, comme un petit enfant, mais avant que personne ne pût l’apercevoir une
seconde fois, Gwyddyon saisit l’enfant, l’enroula dans un manteau de paile et le cacha au fond d’un coffre. » Cependant
Math fait baptiser l’enfant blond sous le nom de Dylan : « À peine
fut-il baptisé qu’il se dirigea vers la mer. Aussitôt qu’il y entra,
sur-le-champ il en prit la nature et devint aussi bon nageur que le plus rapide
des poissons. Aussi l’appela-t-on Dylan Eil Ton (= Fils de la Vague). »
Quant à l’autre enfant, Gwyddyon le fait élever secrètement, puis un jour il
l’emmène dans la citadelle d’Arianrod. Celle-ci accueille aimablement son frère
et demande quel est l’enfant qui le suit. Gwyddyon lui dit : « C’est
ton fils ». Arianrod se met en colère, accuse son frère de poursuivre et
de maintenir son déshonneur, et lui demande enfin : « Quel est le nom
de ton fils ? » Gwyddyon lui répond
qu’il n’en a pas. Arianrod, alors, prononce cette malédiction : « Je
jure qu’il aura cette destinée qu’il n’aura pas de nom avant d’en avoir reçu un
de moi. » Cela veut dire qu’Arianrod refuse de lui donner un nom. Gwyddyon
s’en va avec l’enfant, et grâce à ses pouvoirs magiques, revient à la citadelle
d’Arianrod, déguisé en cordonnier, toujours accompagné de l’enfant rendu
méconnaissable. Arianrod les reçoit, admire les souliers, les essaye. À un
moment, un roitelet passe dans les airs et l’enfant le tue d’un coup de javelot.
Arianrod se met à rire et s’écrie : «  C’est
d’une main bien sûre que le petit l’a atteint ! » Gwyddyon
rompt immédiatement l’enchantement qui les métamorphosait et déclare à sa sœur
qu’elle vient de donner un nom à son fils : il s’appellera désormais Lleu
Llaw Gyffes, c’est-à-dire le « Petit à la main sûre [168]  ».
Arianrod, furieuse, accomplit une seconde malédiction : l’enfant n’aura
pas d’autre armement que celui qu’elle lui fournira elle-même. Gwyddyon
s’arrange encore une fois pour transgresser le « tabou ». Arianrod,
de plus en plus furieuse, fait une troisième malédiction : « Je jure
que ce jeune homme aura pour destinée de n’avoir jamais une femme de la race
qui peuple cette terre en ce moment. » Alors Gwyddyon, avec l’aide de
Math, et par magie, tirera une femme des fleurs, ce sera Blodeuwedd (J. Loth, Mabinogion , I, 190-199).
     
    Cette histoire, comme d’ailleurs l’ensemble du récit de Math ab Mathonwy d’où elle est tirée, paraît bien
altérée, mais les détails qui subsistent sont assez surprenants pour mériter
quelques commentaires. La baguette magique est l’attribut de Math, qui est dit,
d’après de nombreux autres textes gallois, le maître de la magie des Bretons.
On dit aussi qu’il apprit sa magie

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