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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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autres : « Aumale ! » cri que les hommes du commun reprirent à leur façon :
    – Au mal ! Au mal !
    – Au mâle ! Au mâle !
    Ce qu’entendant, Ogier en profita pour apparaître.
    On reconnut son poing vermeil : on l’acclama. Il sentit qu’Herbert Berland l’observait avec une attention particulière, non plus comme un jeune seigneur plaisant, heureux d’arborer les couleurs de sa fille, mais comme un rival redoutable. Il en fut contrarié.
    Pour la première fois, il étouffait vraiment dans son bassinet. L’émoi ? Il eut du mal à trouver dans sa vue le jeune Ferrant de Hautepenne. Brisant sa lance en son milieu, il ébranla son adversaire tandis que l’arme de celui-ci, arrêtée sur les os de la targe de Kergœt, cédait à sa poignée.
    À la seconde course Hautepenne tomba. Ogier fit accomplir un demi-tour à Marchegai pour galoper jusqu’au vaincu agenouillé, déjà, sur le sol.
    – Vas-tu bien ?
    – Oui, messire ! Par Dieu, vous frappez fort.
    Penché, la main tendue, Ogier aida son rival malheureux à se remettre debout, geste que les dames apprécièrent. Il eut alors une pensée pour Hérodiade. Il y avait longtemps qu’elle ne criait plus. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Était-elle revenue auprès d’Apolline et de Saladin ?
    Un maréchal de lice vint au-devant de lui :
    – Messire, de l’avis de tous, vous avez été le meilleur. À vous le choix !
    – Harcourt, messire.
    « Au moins, s’il est acoquiné avec le Boiteux son frère, et que je l’abîme un tantinet, il ne pourra rejoindre les autres au souterrain ! »
    Deux lances brisées de part et d’autre, coup sur coup. À la seconde épreuve, le rochet d’Harcourt glissa sur la tassette de la cuisse gauche et enfonça le jupon de mailles et le cuissard de fer d’Ogier.
    – Merdaille ! Je suis atteint.
    Son rival l’était aussi, à l’épaule, et de douleur lâchait son bouclier.
    – Pourvu que je puisse marcher !
    Le mal croissait, s’aiguisait. Saignait-il ? Ogier pressa Marchegai jusqu’à ses compagnons :
    – Voyez ma cuisse.
    Thierry sauta sur le montoir et se pencha :
    – Le fer du cuissard, messire, est enfoncé… Vos mailles sont crevées…
    – Je saigne ?
    – Je ne vois rien.
    – Je dois poursuivre, Thierry. Si ça empire, je retournerai chez Sirvin.
    Sans pouvoir étouffer un gémissement de déplaisir, d’inquiétude et de douleur, Ogier entendit :
    –  Le chevalier au Poing Vermeil contre messire Herbert Berland, seigneur des Halles de Poitiers.
    – Merdaille !
    Ce qu’il avait redouté survenait.
     
    *
     
    Le pied senestre pendant, la lance appuyée sur l’étrier, Ogier traversa le champ pour l’hommage aux dames.
    « Blandine me regarde et j’en tremble ! Je dois être aussi angoissé qu’elle… Si son père tombe, elle m’en voudra et il me détestera. »
    Tandis qu’il longeait cette barrière où galoper ne lui convenait plus, il observa que Marchegai encensait : avec le soir, les moucherons se répandaient dans l’air ; s’ils évitaient les yeux du destrier, sans doute le gênaient-ils aux naseaux.
    – Reste paisible, ami !… Bientôt, tu te reposeras.
    Il lui sembla que l’épaisseur de son bassinet s’amincissait. Illusion ! S’il entendait mieux les rumeurs de la lice, confuses et drues, brochées de rires, à travers ce fer courbe piqueté de clartés et ruisselant de la buée de son haleine, c’était qu’elles atteignaient leur comble.
    « Ils étaient à la fête ; les voilà prêts pour la curée ! »
    Le garçon vit approcher Herbert Berland, fièrement assis sur son cheval houssé de sombre.
    « Sous son tabard, il porte un corselet de fer, puis un haubert de grosses mailles. Avec tout le bourras qu’il doit avoir sur la peau, mon coup sera amorti… N’empêche que si je le malmène, Blandine et sa mère m’en tiendront rigueur… Et lui me haïra comme un ennemi de son honneur ! »
    Ces joutes, à leur déclin, devenaient absurdes. Les paupières battantes, le corps lourd, la cuisse dévorée par un mal qui le rendrait boiteux quelques jours, écœuré de galops, repu de coups donnés, inquiet de ceux qu’il allait recevoir encore, Ogier rejoignit l’homme que la male chance lui attribuait pour contendant.
    – Messire…
    Il ne put s’exprimer davantage : au milieu du champ, Guichard d’Oyré contestait la décision du Roi d’armes :
    – C’était à moi de courir contre

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