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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Berland, et non à ce…
    – Chaque année, Guichard, vous nous infligez vos plaintes, repartit froidement Olivier de Fontenay. Et ferait-on vos quatre volontés que vous y verriez malice à votre égard !
    Le Roi d’armes abandonna le capitaine du château d’Angle, tandis qu’Ogier s’adressait à Herbert Berland :
    – Messire, il me déplaît de courir contre vous.
    – Et pourquoi ?
    « À sa voix, le voilà qui paraît offensé !… Dommage que nous ne puissions nous regarder en face ! »
    – Messire, vous êtes le père de celle dont je porte l’emprise.
    Sous la ventaille close, droite, face aux dames, quel était le visage de cet homme ? Quel regard avait-il ? Moqueur ou méprisant ?
    – Soit, Fenouillet, vous portez ses couleurs… Et après ? Ne mêlez pas ma fille à notre déduit (89) .
    – Messire, c’est un solas (90) rude que je ne pouvais prévoir.
    Voilà qu’il suffoquait, manquait d’air : l’émotion. La sueur traversait ses sourcils, poivrait ses yeux puis coulait jusqu’à sa bouche. Il avait soif, horriblement.
    – Messire…
    – Puisque vous redoutez de déplaire à Blandine, cela signifie que vous êtes plus hautain que je l’imaginais.
    Ogier découvrait un chevalier différent de celui qu’il avait cru connaître : superbe et méprisant. Il fut édifié : vaincu ou triomphant, jamais cet homme ne lui accorderait la main de sa pucelle.
    Il se sentit malheureux, douloureux, offensant par mégarde et bafoué résolument. Cette lance qu’il poignait, si pareille à celles qu’il avait maniées presque à la perfection jusque-là ; cette arme que Marcaillou, Thierry, Raymond et Denis avaient examinée de plus près que les précédentes – car le jour baissait – semblait peser le double de son poids. Il la regarda. Ce n’était plus l’attribut de la vigueur guerrière mais un ustensile encombrant ; et voir la tête de Marchegai, par-dessus laquelle ce bois passerait – Marchegai, l’infatigable ! – ne parvenait plus à lui rendre sensible le fait que leur « couple », jusqu’à ce moment difficile, avait été l’un des meilleurs des joutes. Longtemps, ils n’avaient formé qu’un seul « être » agissant. Le père de Blandine semblait mettre leur valeur en doute !
    Il renifla et fut près de jurer. Aucun désespoir ne le travaillait, pourtant ; ce qui le tourmentait, c’était le sentiment que sa vigueur ayant atteint ses limites, il suffirait d’un rien pour qu’il en fût privé.
    Tenir encore deux courses ! Il n’en demandait pas davantage… Blandine !… Que pensait-elle ? Et sa mère ?… Et la reine ?… Et Géralde de Morthemer ?… À défaut de s’attirer son estime, vaincre ce présomptueux serait le bon et seul moyen d’obtenir son respect !
    –  Berland ! cria un homme dans l’assistance noble.
    La foule, aussitôt, prit fait et cause pour le prud’homme surhaussé d’un poisson qui se mordait la queue et sous lequel à l’arrière du tortil, pendait une bannerole blanche si longue que ses deux pans déchiquetés touchaient terre.
    –  Berland ! Berland !… Vive le Poitevin !
    – Boute ce Fenouillet !
    – Nous l’avons assez vu !
    Foule inconstante ! Ogier fut près de la mépriser, bien qu’il en sortît çà et là maints « Vive le Poing Vermeil ! » Et les plus acharnés à vouloir sa défaite semblaient être les manants !
    « Ingrats ! »
    – Messire, dit Olivier de Fontenay, nous avons décidé que le meilleur d’entre vous rencontrerait Guichard d’Oyré pour le Coup de lance des Dames, par lequel s’achèveront ces joutes.
     
    *
     
    Herbert Berland lança son cheval sans avoir brandi préalablement sa lance. Des «  Hou ! Hou ! » accompagnèrent son galop, tandis qu’Ogier s’élançait à sa rencontre.
    « Il veut donc me vaincre à tout prix !… Déloyal… Perfide ! »
    Il coucha son bois à l’instant où la bannerole de son adversaire s’accrochait à la barrière, sans que son cheval, d’ailleurs, fît un écart et ralentît ses foulées.
    Les lances par moitié se brisèrent.
    Du fait que le seigneur des Halles de Poitiers s’était penché sur l’encolure de son coursier pour se protéger abusivement, sans souci d’exposer celui-ci à un coup d’autant plus terrible qu’il galopait tête haute, Ogier se reprocha, pour épargner l’animal, d’avoir frappé le chef de la targe adverse au lieu de son abîme (91) .
    La course

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