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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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royaume saigne, flambe, et que Philippe est mal heureux tandis que sa putain de femme en clopinant, tourne autour de lui et l’opprime (143) parce qu’il n’est qu’un marmouset…
    –… incapable sans moi, interrompit Blainville, de prendre une décision… Ah ! je les vois d’ici : elle criant qu’elle a épousé un goguelu qui perd ses guerres, et lui, le roi, pâle et le museau bas, pleurant presque d’impuissance…
    – Adonques, compagnons, dit Harcourt, Édouard va être avisé de tout ce que nous avons décidé ce soir. C’est peu : ainsi, vous n’oublierez rien !… Toi, Cahors, tu sais comment informer Derby en l’absence de Passac…
    – Je le verrai avant la fin de cette semaine.
    – Kergœt et Calveley nous faisant défaut, je vais, à mon retour, passer par la Bretagne, où j’embarquerai… J’y avertirai quelqu’un de sûr…
    – Qui, Godefroy ?
    – Que t’importe, Richard !… L’ouvrage imminent qui vous revient, à Cahors et toi, c’est non seulement d’occire Alençon au tournoi de demain ; c’est aussi de meurtrir Tancarville et Guînes qui vous seront opposés.
    – Comment le sais-tu ?
    – Par Alix, bien sûr… Ces deux-là, s’ils ne succombent pas et sont en état de chevaucher, retiens-les tant que tu le pourras. Peut-être savent-ils des choses dangereuses.
    – Lesquelles ?
    – Je ne sais… Des Anglais ont pu être capturés à Aiguillon, et parler des desseins d’Édouard… de ses nefs dans les havres, de ses préparatifs… Des tenailles rougies ou des brodequins bien serrés délient les langues…
    – Soit… Et si, par grande déconvenue, Alençon survivait ?
    – Propose aux deux messagers de regagner Paris en ta compagnie et celle d’Espagne et d’Alençon… Attardez-vous en chemin…
    Blainville toussota et s’éclaircit la gorge :
    – Philippe refusera d’accorder des renforts à son fils bien que, s’il le faisait, ce serait pour nous une bonne chance : moins il y aura d’hommes d’armes au nord du royaume de France, plus vous y avancerez aisément !
    – Bien… Tout est dit… Où nous reverrons-nous ? demanda Chandos impatiemment.
    – Nul ne le sait… Peut-être sur un champ de mort, et face à face !
    Cahors fit entendre son grand rire. Ogier quitta le ventre de la cheminée ; il chuchota en se frottant l’oreille :
    – Ce que je sais, Thierry, me suffit amplement.
    – C’était bien un complot ?
    – Tel que Montfort me l’avait dit.
    – Qu’allez-vous faire ?
    – J’ai la nuit pour penser, l’aube pour entreprendre.
    La porte s’ouvrit sur un rectangle de ciel gris.
    – Venez, messire. Mais avant…
    – Quoi ? Que veux-tu me dire encore ?… Hâtons-nous !
    – Confiez-moi le sachet que vous portez au cou. Si par malheur vous tombiez en leur pouvoir, mieux vaut que ce soit sans ça.
    Ogier dénoua le lacet de cuir et l’attacha, avec son enveloppe, au cou de l’écuyer :
    – Tu parles sagement. Si quelque meschef (144) m’advenait, va tout d’abord à Paris. Essaie de prévenir le roi que les Goddons assailliront la Normandie à partir, sans doute, du second dimanche de juillet. Harcourt descendra vers Coutances en passant par Valognes. C’est là-bas qu’il faut arrêter leur avance… Ne parle pas de Blainville : c’est mon affaire… Au cas où tu ne pourrais voir le roi, reviens à Gratot. Attends-moi avec les miens… Et si parfois tu doutes de mon retour, dis-toi que Dieu ne peut permettre que je meure tout près du but !
    Ils traversèrent la petite cour, puis la pièce ténébreuse, et sortirent dans la rue. Thierry remit la clé en place.
    Les pharillons fumaient sur le seuil du château d’Harcourt, et tout semblait dormir au-dedans des murailles.
    – Frère Isambert s’est montré loyal, dit Thierry.
    – Le remords…
    – Vous alliez ajouter autre chose.
    – Qu’il faut nous préparer à la fête écarlate… C’est ainsi qu’Harcourt appelle la prochaine mêlée. Il y songe gaiement, comme à quelque liesse immense d’où il sortira grandi… Quel homme !… Et c’est étrange, vois-tu : parmi les malfaisants réunis dans le souterrain, il est le seul que je ne puisse maudire… Oh ! nullement parce qu’il est Normand, mais…
    – Mais encore, messire ?
    – Il a je ne sais quoi de juste et d’honorable.
    – Holà !
    – Et puis, que veux-tu : il témoigne à Blainville un mépris sans ambages ; il s’est promis de

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