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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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guérison.
    « Il ne m’a rien demandé. Est-il riche ? »
    Il contourna Facebelle. L’œil aux longs cils sombres de la jument l’examina et peut-être l’interrogea sur une absence qu’elle ne comprenait pas. Il eût voulu lui parler de la défunte – comme il parlait à son cheval – mais renonça de crainte d’énoncer des platitudes. D’ailleurs, chaque fois qu’il songeait à Adelis, quelque chose brûlait sa gorge et son cœur.
    Il recula jusqu’à Marchegai plus sombre et plus serein que la nuit et toujours, au repos, d’humeur égale. À lui, il pouvait se confier. Tout en caressant l’encolure douce et solide du destrier, et plutôt que de le complimenter comme à l’accoutumée, il s’épancha :
    – Nous allons avoir moult ennemis. Il te faudra parfois deviner leurs fallaces… Évite de prendre des coups et si quelqu’un ou un autre cheval t’en donne, rends-les !… Je te protégerai en te houssant au mieux. Je te garantirai contre ces félonneux… Tu m’as bellement aidé à la joute. C’est, hélas ! insuffisant. La protection que monseigneur Alençon prétend exercer sur moi se borne à des formules creuses. Quels qu’ils soient, les mots n’ont pas l’épaisseur d’une armure de fer… Je me dois cependant de protéger le comte… J’ai peur doublement : pour cet homme et pour moi, mais je redoute surtout que ceux que j’ai humiliés ne s’unissent contre nous… Marchegai ! Marchegai !… Nous serons comme une lumière qu’ils s’acharneront à éteindre…
    Il leva la tête :
    –… comme ces gros nuages qui assaillent la lune… Elle n’a rien à craindre, elle, pour sa clarté. Elle disparaît et ressuscite. Je n’ai pas ce privilège… Soyons forts, bel ami. Soyons forts !… Et qu’à défaut de Dieu, messire saint Michel nous aide.

IV
    Sauf aux entrées, dégagées et gardées par des picquenaires, la foule entourait la lice, fluant et refluant contre les barrières tant on s’y démenait pour obtenir une place avantageuse ou conserver celle qu’on occupait.
    – Regarde-les, Thierry, dit Ogier. Pour mieux nous voir nous meshaigner (152) , hommes, femmes et enfants sont prêts, eux aussi, à se taper sur la goule !
    – Les bancs des échafauds sont vides.
    – Et pour cause !… J’ai appris par Connars de Lonchiens que les notables et leur famille étaient conviés à une collation dans la cour du château d’Harcourt… Maintenant, le commun s’impatiente…
    – Voici, messire, de quoi l’apaiser !
    Le Roi d’armes et sa suite apparaissaient.
    On les hua. Non seulement, à force de crier, le héraut d’Olivier de Fontenay s’était enroué, mais encore, il semblait annoncer toujours les mêmes choses :
    –… à notre grandissime pardon d’armes… Et audit tournoi, il y aura de nobles et riches prix par les dames et damoiselles donnés… Y prendront part, dans la bataille de messire André de Chauvigny : messire Richard de Blainville, messire Bertrand Guesclin, messire…
    Ogier fit mouvoir ses bras enveloppés de bourre, joua des hanches, se tourna de droite et de gauche sans remuer les pieds.
    – Bien, messire ? demanda le sergent d’Alençon.
    – Bien, Henri… Quatre pouces d’épais aux épaules et sur le dos me paraissent suffisants… Es-tu de cet avis ?
    L’homme saisit son vouge et de la hampe de l’arme, durcie au feu, se mit à frapper l’échine et les épaules qu’Ogier lui présentait.
    – Ben quoi, c’est l’usage ! dit-il à Hérodiade, indignée. Ainsi, ma belle, on voit s’il supporte ou non les heurts… Êtes-vous éprouvé, messire ?
    – J’ai senti un tantinet le bois aux épaules.
    – Remettez-y un doigt de tissu, Hérodiade… Et cousez-le.
    Tout près, Thierry, dont s’occupaient Denis et Marcaillou, avait déjà les jambes gainées de fer. Sous les arbres, Raymond houssait Marchegai.
    Le héraut du Roi d’armes hurlait toujours des noms :
    –… messire Jourdain de Loubert, messire Raoul de Cahors, messire…
    – Ne prête pas l’oreille à ces propos, Thierry. Prépare-toi sans hâte… Allons, Henri, commence à me garnir de fer…
    Devant les tentes voisines, s’aidant l’un l’autre, Bellebrune et Lonchiens s’adoubaient et comme tous les tournoyeurs, se souciaient de donner du jeu à leurs bras tout en renforçant l’épaisseur de leurs vêtements de dessous.
    –… le nombre des varlets à cheval assurant, en cas de besoin, la protection d’un homme

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