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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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est fixe, nous le répétons. C’est assavoir quatre varlets pour un prince, trois pour un comte, deux pour un chevalier, un pour un écuyer… Ces hommes auront, selon l’usage, un tronçon de lance de deux pieds et demi au poing pour détourner les coups qui sur eux pourraient choir en la presse, et c’est leur office de placer leur maître hors d’icelle quand il le requerra…
    – S’ils le peuvent, dit Ogier à ses compagnons.
    –… les varlets de pied, également munis d’un tronçon de lance, auront pour office de relever homme et cheval avec lesdits tronçons s’ils les voient choir à terre, si faire le peuvent et, s’ils ne les peuvent relever, ils devront se tenir autour de l’homme et le garder et défendre avec lesdits tronçons de lances dont ils formeront lices et barrières jusqu’à la fin du tournoi, à ce que les autres tournoyeurs ne puissent passer par-dessus…
    – Tout ceci, c’est des mots. On ne peut rien préserver dans la presse…
    Ogier approuva Henri, qui poursuivit :
    – Par ma foi, il vaut mieux combattre près du recet et s’y engager si ça va mal. Cet enclos, tout comme une église, est un lieu d’asile… Vous voilà prêt, messire… Prenez ça pour voir si vous l’avez bien en main.
    Ogier saisit sa masse d’armes, fit des moulinets d’un bras, puis de l’autre ; effectua quelques mouvements du torse et sourit :
    – Je suis à l’aise, Henri… Quant au recet, j’y pense depuis cette nuit…
    apportant les armes du château d’Harcourt était apparu, en fin de matinée, il ne s’était pas porté, comme tant d’autres, à sa rencontre. Il avait attendu que la distribution fut bien avancée pour s’en approcher enfin avec Thierry et trouver parmi les hommes présents, Herbert Berland et Guesclin. En agitant sa masse d’armes, le Breton lui avait promis : « Je vais te mettre de ce pennbaz (153) plein la goule », tandis que le père de Blandine riait niaisement. Il les avait quittés la rage au cœur. Une rage que l’apparition fugitive de frère Isambert avait quelque peu apaisée. «  Monstrum horrendum, informe, ingens (154)  » s’était-il écrié, certain d’être compris par son ancien élève, et sans crainte d’être tancé ou contredit par le Breton qu’il désignait de son pouce. Et maintenant, observant les hommes de fer connus et inconnus à l’entour, lui, Ogier, l’ex-disciple d’un moine égaré dans la truanderie, ne pouvait se délivrer d’une angoisse : outre ces deux ennemis, Blainville, invisible toute la matinée, allait vouloir se venger des offenses de la nuit passée. Son courroux devait être d’autant plus vif qu’Alençon avait dû refuser l’échange des armures.
    Raymond amena Marchegai, houssé de gris et, comme toujours, superbe. Apolline, juchée sur sa selle, croisait les bras et poussait des cris satisfaits, mécontentant peut-être Saladin, qui gardait le museau bas.
    – Je te prépare Artus, Thierry ?
    – Bien sûr… Il a deux yeux, alors que Veillantif est borgne.
    Pour répondre au sergent, l’écuyer avait pris un ton d’autorité inhabituel. Ogier en fût satisfait : lui au moins échappait à l’angoisse.
    – N’oubliez pas surtout, dit Marcaillou, de resserrer les sangles de ces bêtes avant d’aller rejoindre Alençon. Je leur ai donné du foin et quelques poignées de cévade (155)  : elles ont pu se gonfler un peu.
    – Bien, l’ami, dit Ogier.
    Sa voix faiblissait. « Ai-je peur ? » Nulle menace à son égard n’apparaissait hors de la lice. Pourquoi se serait-il soucié de ce qu’il adviendrait au-dedans ! Et pourtant…
    « Oui », convint-il, « j’ai peur. »
    Cet aveu, il en avait perçu l’essence aussi bien en lui-même que dans l’œil de Saladin : le chien semblait pressentir un malheur.
    « Allons, puisqu’il le faut, je défendrai Alençon de toutes les pugnalades (156) et si l’occasion se présente, j’essaierai de m’assurer une bonne prise… Pourquoi pas Blainville ?… Aux joutes, il s’est révélé lourd et branlant… »
    C’était surtout Cahors qu’il devrait maîtriser. Pour atteindre ce félon, il se fraierait un chemin dans la mêlée, taillant sa voie comme un bûcheron ébranchant un arbre. Son épée, heurtant le fer adverse, répandrait autour d’elle des étincelles aussi grosses que des copeaux.
    – Je vous vois sourire, dit Thierry. À quoi pensez-vous donc ?
    – Que je m’ébaudirais fort si je

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