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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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de sa
mission, elle resta.
    Ces deux-là allaient en finir. Dans son souvenir, l’acte ne
durait jamais bien longtemps. Elle crut l’instant arrivé : les jambes
blanches se nouèrent autour des reins de Casteljaloux, la femme haletait et
poussait de petits cris. Elle sentit elle-même du désir dans son ventre. Son
pouls s’accélérait. Elle s’imaginait à la place de la femelle pilonnée par le
chevalier.
    — Plus fort ! Plus vite ! exigea la femme en
griffant le dos d’Edmond.
    Quand elle reconnut cette voix, Delphine crut qu’elle allait
défaillir. La rage et la jalousie l’emportèrent sur sa faiblesse.
    — Jausserande ! s’écria-t-elle.
    Le couple s’immobilisa. Casteljaloux s’écarta de sa
maîtresse. Dans un bruit d’étoffes et de lourdes chaussures, Delphine, haletante,
se rapprocha d’eux, foudroyant du regard la jeune Claustral qui ne cachait pas
sa fureur.
    — Que fais-tu ici ? aboya Jausserande en
bondissant sur ses pieds. Tu vas me répondre, vieille truie ?
    Delphine la gifla.
    — Du respect, petite putain !
    Elle y avait mis de la force. La jeune femme chancela et
recula, muette de stupeur. La question Claustral réglée, la comtesse de Dye se
tourna vers le chevalier qui avait promptement enfilé ses braies.
    — C’est ainsi que tu passes ton temps ? demanda-t-elle
en le toisant.
    Son regard resta appuyé sur la bosse que dessinait le sexe. Cette
insistance ne gêna pas Edmond : il avait été élevé par un père paillard et
une mère lubrique qui, le jour de ses treize ans, lui avaient offert une nuit
avec une courtisane de Bordeaux. L’irruption de cette grande femme sèche et
ridée ne l’indisposait guère. Elle avait toujours été de son côté depuis son
arrivée à Signes. Mais il n’aimait pas qu’on empiète sur son espace vital. Et
Delphine de Dye occupait une sacrée place dans ce nid d’amour. Elle se tenait
face à lui dans son grand manteau à poils fauves, ses longues tresses blanches
baguées de bronze, dégageant l’odeur presque écœurante de l’ail dont elle se
gavait à chaque repas et celle d’une essence de jasmin répandue sur sa peau.
    — Tu me fais donc espionner, dit-il avec calme.
    Ce n’était pas une question. Il avait ses propres sources. Des
manants du village le renseignaient pour quelques piécettes de cuivre. Il la
jaugea. Si elle n’avait pas été la puissante dame de Dye, cousine du baron de
Digne, Pierre Ismidon, et marraine de l’évêque de Vaison, Béranger de Mornas, il
l’aurait fichue dehors à coups de pied au cul, voire étranglée et jetée dans le
Gapeau.
    Delphine la finaude fit semblant de croire qu’il lui
demandait des comptes.
    — T’espionner ! Moi ? Je n’ai que faire de
tes escapades avec cette tramée !
    — Mesure tes paroles ! intervint Jausserande
remise de ses émotions. Tu ne vaux pas mieux que moi ! Sans les sorcières
de Signes la Noire, tu serais morte de la vérole.
    Delphine se précipita sur elle. Jausserande lui bloqua les mains,
la faisant plier. Edmond les sépara brutalement.
    — Suffit, vous deux !
    Puis, s’adressant à la vieille femme courroucée, il gronda :
    — Dis ce que tu as à dire et va-t’en !
    — Je suis venue en amie. Un événement considérable
vient de se produire. Un événement que tu attendais avec impatience.
    — Jean d’Agnis est là ? en déduisit Casteljaloux.
    — Oui, le chevalier d’Agnis est à la cour d’amour sous
la protection de Bertrane.
    Son sang ne faisant qu’un tour, Edmond se mit à hurler :
    — Ancelin ! Ancelin !
    Il se précipita à la fenêtre dont il repoussa le gros volet
d’un coup de poing.
    — Nom de Dieu ! Foutre ! Ancelin !
    L’écuyer se montra.
    — Amène les chevaux ! lui ordonna le sire d’Aquitaine.
    Edmond ne voyait plus les deux femmes ; il ne s’en
souciait plus ; elles pouvaient se déchirer, il ne s’en mêlerait plus. Il
s’habilla à la hâte, ceignit son épée et son poignard. La nouvelle avait frappé
Jausserande de stupeur ; elle ne parvenait pas à réagir. Ce fut la
jubilation mal contenue de Delphine qui la poussa à intervenir :
    — C’est la trêve de Noël ! Tu ne peux te battre
contre qui que ce soit sur le territoire de Signes, sauf en tout honneur
pendant les jours du tournoi. Renonce !
    — C’est son devoir de chrétien, dit Delphine.
    — Edmond, je t’en supplie ! Ne romps pas la trêve !
    Jausserande parlait dans le vide. Delphine

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