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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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fit Bérarde à Aubeline.
    — Non. De quoi parles-tu ?
    — D’une certaine paire de couilles que je vais déposer
en offrande sur l’autel de sainte Marie Madeleine.
    — Non ! cria Aubeline.
    Il était trop tard. La Burgonde avait talonné son énorme cheval. Elle fonçait sur le comte de Barcelone. Des murmures montèrent de l’armée. Hugon
jura :
    — Par le diable !
    Stéphanie gronda :
    — Qui a osé ?
    — C’est la grande Barbare de Signes, souffla le
chapelain Guillaume.
    Stéphanie n’avait nul besoin des explications de son
confesseur. Elle avait reconnu la géante.
    — Que Dieu l’assiste dans sa folie, dit-elle.
    Tous les regards suivaient la progression de Bérarde. Celui
de Raymond Bérenger évalua l’adversaire. Ces lâches lui envoyaient une femme. Colossale
certes mais une femme tout de même. Il n’y avait pas d’honneur à vaincre un tel
ennemi.
    Bérarde plaqua son écu rouge sur lequel elle avait peint une
ramure de cerf et la tour des Aups. Sa hache fendait l’air ; elle la fit
jouer le long du flanc de sa monture. Ce balancier d’acier inquiéta Raymond ;
la gueuse avait réellement l’intention de lui fendre la tête. Il remonta son
écu, éperonna son fringant coursier et après quelques dizaines de toises ajusta
la cibla avec sa lance. Raymond était un combattant hors pair ; sa science
des armes égalait celle des plus grands champions. Cette femme comparaîtrait
bientôt devant le tribunal de Dieu.
    Il libéra sa monture, donna toute la vitesse. Sa lance
traverserait l’écu et la poitrine de l’écervelée qui ne ralentissait pas. Le
choc était imminent.
    Aubeline se mordit les lèvres. Elle vit Bérarde se coucher
sur l’encolure de son cheval, la lance passer au-dessus d’elle, puis la hache
foudroyante briser la hampe de l’arme.
    Raymond Bérenger n’en revenait pas. Cette affreuse catin
venait de sectionner sa lance et elle le chargeait à nouveau. Il dégaina son
épée et para la francisque avec difficulté. Ils tournoyèrent tous deux en se
donnant de formidables coups jusqu’au moment où le comte de Barcelone comprit
qu’il ne vaincrait pas. Alors, il se dégagea du combat et galopa vers l’étang, poursuivi
par la guerrière. Bérarde vit soudain des archers et des chevaliers parmi les
roseaux. Elle ne dut son salut qu’à la maladresse des soldats ou à la
protection divine. Ce fut sous une nuée de flèches et les vivats des Provençaux
qu’elle parvint à se réfugier sous la bannière de Signes.
    — Beau combat, admit le seigneur Bertrand. Avec un peu
de chance, tu aurais pu mettre fin à cette guerre.
    La Burgonde haussa les épaules ; elle était en colère. Elle
avait échoué. Elle rejoignit Aubeline qui fulminait en silence. Les
remontrances viendraient plus tard.
    Le calme revint. Le grand silence frissonnant du cliquetis
des armes enveloppa la douce Bertrane qui avait prié pour la Burgonde. La tiédeur de l’air et la quiétude du paysage se prêtaient à la rêverie. Elle
aimait cette platitude du paysage parsemé d’étendues d’eau et couvert d’une
riche végétation. Cette vision était trompeuse. La tempête n’allait pas tarder
à bouleverser cet éden.
    À la lisière de son regard, les lignes des roseaux se
courbèrent sous la brise marine. À ses côtés, masquées par leurs casques à
nasal, Aubeline d’Aups, la Burgonde et cinq autres guerrières issues des nobles
maisons de Provence rivalisaient avec Bertrand de Signes, Jehan d’Evenos et
Rostang d’Ollioules qui fixaient les yeux avec une énergie farouche sur le même
point à l’horizon. Bertrane ne lut aucune peur sur ces visages figés. Un cheval
s’ébroua, fit un écart. Avait-il senti ce que les hommes ne percevaient pas
encore ?
    — Ils se sont mis en marche, fit Bérarde à Aubeline.
    D’instinct, la Burgonde décelait les vagues de fantassins, les
forêts de lances, la piétaille et les hommes montés en mouvement. Le chapelain
Guillaume cala sur sa hanche la grande croix de bois de l’église de Saint-Rémy
et leva vers le ciel la lourde masse qu’il tenait de l’autre main. Comme tous
les hommes d’Église, il n’avait pas le droit de verser le sang avec des armes
tranchantes, mais il était autorisé à briser les os et fracasser les crânes. Tuer
de cette façon n’était pas considéré comme un péché.
    Aubeline serra les dents. Un bruit confus monta, s’amplifia.
Quelque chose approchait. Quelque chose allait surgir

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