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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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reine ne soupçonnait même pas, et dont elle devait être la dupe.
    Si elle avait voulu amener Marie de Médicis à se résigner de bonne grâce et sans marchander aux sacrifices nécessaires, nous devons reconnaître qu’elle y avait parfaitement réussi. En effet, la reine était bien décidée à jeter l’or à pleines mains, et sans compter. Ce n’est pas qu’au fond ce sacrifice ne lui fût pas pénible. Mais elle avait compris que si elle ne voulait pas tout perdre, il fallait, de toute nécessité, faire la part du feu.
    Ayant pris bravement son parti, et c’est ce qu’elle avait de mieux à faire, elle alla à un meuble sur lequel se trouvait de quoi écrire. Elle prit une plume et griffonna quelques lignes sur une feuille de papier, qu’elle tendit ensuite à Léonora en disant :
    – Voici un bon de deux cent mille livres que tu pourras faire toucher, quand tu voudras, chez Barbin, mon trésorier.
    Léonora ne prit pas le précieux papier. Elle la fixa avec insistance, d’un œil qui se fit soudain très froid, et s’étonna :
    – Deux cent mille livres !… Pourquoi deux cents ?
    Et sans lui laisser le temps de parler, elle fit elle-même la réponse :
    – Oh ! je comprends !… Le surplus est pour moi !…
    Et, se redressant, le sourcil froncé, la lèvre dédaigneuse, avec un accent d’indicible raillerie :
    – Cent mille livres !… Vous estimez à cent mille livres l’honneur de Léonora Dori, marquise d’Ancre !… Pas un denier de moins que la complaisance de cette hideuse sorcière qui s’appelle La Gorelle !… Tout juste autant !… Par la madone, voilà qui est flatteur pour l’honneur de Léonora !… Et quand je pense que j’étais assez sotte pour vous donner pour rien, par pur dévouement, une chose que vous estimez à un si haut prix !… Quelle leçon, madame !… Et quel outrage gratuit, que rien ne justifie !…
    Dans son indignation, dans sa fière attitude, elle avait un air de majesté tel que vraiment on pouvait se demander si ce n’était pas elle la reine, et que Marie de Médicis se sentit comme écrasée. Il est certain que, ce faisant, elle croyait se montrer généreuse et n’avoir que des remerciements à recevoir. Il est non moins certain qu’elle n’avait pas eu un instant la pensée que son présent pouvait constituer une offense. L’attitude de Léonora, en lui révélant qu’elle le considérait comme tel, lui fit comprendre et quelle fâcheuse erreur elle venait de commettre, et quelles conséquences, plus fâcheuses encore, cette erreur pouvait entraîner. Elle lui saisit les deux mains qu’elle garda affectueusement entre les siennes et, de toute la force de sa sincérité, elle se récria :
    – Oh !
cara mia,
comment peux-tu croire que j’ai voulu t’humilier, te faire injure !… Quoi, j’irais sottement t’outrager au moment où j’ai le plus besoin de toi, au moment où, par ton admirable dévouement, tu me sauves plus que la vie !… Mais voyons, ce ne serait plus de l’ingratitude, cela, ce serait de la folie pure !… Et Dieu merci, je ne suis pas folle !… Ni ingrate !… Et tu le sais bien !…
    Il n’y avait pas moyen de tenir rigueur devant de telles excuses, faites si spontanément et sur un ton si affectueux. Léonora le comprit. Elle se radoucit.
    – Je me suis donc trompée ? dit-elle.
    – Certes.
    – Alors, veuillez me dire, madame, à quel usage vous entendez que soit employé cet argent ?
    – N’as-tu pas dit qu’il me faudra plus d’une fois délier les cordons de ma bourse ?
    – Je ne m’en dédis pas, madame.
    – Eh bien, j’ai pensé que puisque tu voulais bien te charger de tout, et que je ne puis te seconder en rien, puisque je suis censée ignorer tout de cette misérable affaire, j’ai pensé, dis-je, que je devais au moins t’épargner l’embarras de faire pour moi des avances qui peuvent être considérables et te causer une certaine gêne. C’est uniquement pour t’éviter cet ennui que je te donnais ces cent mille livres. Tu vois qu’il n’y a là rien d’humiliant pour toi. Or, puisque cet argent est destiné à être dépensé pour moi, j’espère que tu ne vas pas t’obstiner à le refuser.
    – Non, certes, fit Léonora en empochant d’un air détaché le bon qu’elle lui tendait de nouveau.
    Et, avec un soupir :
    – Si seulement c’était le dernier !… Malheureusement, je crains fort que cet argent ne soit bientôt parti jusqu’à

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