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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sentiments pour vous. Il paraît que je me trompais… N’en parlons plus.
    Après avoir prononcé ces paroles, Léonora se levait, exécutait une savante révérence, et se figeait dans une attitude de respect outré : l’attitude raide et compassée exigée par le cérémonial.
    C’était la une manœuvre dont elle usait lorsqu’elle voulait amener sa maîtresse à faire une chose devant laquelle elle se dérobait, ou qu’elle voulait lui arracher une faveur ou un présent dont l’importance faisait hésiter son ordinaire parcimonie. Fréquemment employée, la manœuvre lui avait toujours réussi. Et cela s’explique : depuis tant d’années qu’elle l’avait à son service, Marie de Médicis s’était habituée à ces entretiens familiers avec Léonora, qui avaient lieu, le plus souvent, dans leur langue maternelle. Elle s’y était si bien habituée qu’ils étaient devenus un besoin pour elle. De plus, ils étaient un indispensable repos à l’insupportable contrainte que lui infligeait l’étiquette. Aussi, préférait-elle encore ses mauvaises humeurs et ses rebuffades à cette manière de bouder qui était un vrai cauchemar pour elle. Le résultat était inéluctable : après avoir résisté plus ou moins longtemps, Marie de Médicis finissait par céder pour faire cesser l’assommante bouderie.
    Dans ces conditions, on comprend que ce ne fut pas sans un profond dépit qu’elle lui vit prendre cette attitude significative, qu’elle connaissait trop bien.
    « Allons bon, songea-t-elle, voilà qu’elle va bouder maintenant ! Il ne manquait plus que cela !
Ohime !
il ne va plus y avoir moyen de lui arracher quatre paroles ! »
    Selon son habitude, elle feignit de ne pas remarquer ce changement d’attitude. Elle continua la conversation comme si de rien n’était. Mais elle eut beau multiplier les avances, prodiguer les bonnes paroles et les cajoleries, elle n’en put tirer autre chose que des monosyllabes respectueux, accompagnés de révérences plus respectueuses encore.
    Marie de Médicis en eut vite assez. Elle connaissait la terrible boudeuse et savait par expérience que cela pouvait durer plusieurs jours. Plusieurs jours ! Elle frémit. Quelles catastrophes pouvaient fondre sur elle durant ces quelques jours ! Elle sentit l’impérieuse nécessité de ramener Léonora à elle à tout prix. Alors, et tout naturellement, cette pensée lui vint :
    « Si je lui faisais un cadeau ?… Je le lui dois bien, il faut le reconnaître… Quel cadeau pourrai-je lui faire qui soit assez important pour lui rendre sa bonne humeur ? »
    S’étant posé la question, elle chercha.
    Il nous faut dire qu’entre la reine et sa dame d’atour se dressait une table aux pieds tors, recouverte d’un tapis de velours rouge sombre, encadré d’un galon d’or. Sur cette table, parmi les menus objets, se trouvait un écrin assez grand. C’était une petite merveille, d’un travail précieux, en cuir gaufré, blanc, orné du chiffre en or de la reine, et qui, se détachant sur le rouge du tapis, accrochait à l’œil.
    Maintenant, ajoutons ceci : de par une des nombreuses prérogatives de sa charge, ou de par une des prérogatives, plus nombreuses encore, qu’elle s’était tout bonnement arrogées, c’était à Léonora qu’appartenait le soin de ranger dans un coffre spécial les joyaux de la reine. Donc, si cet écrin se trouvait sur cette table, à cette heure matinale, ce ne pouvait être que par suite d’une négligence de Léonora. Cette négligence de sa part, à elle toujours soigneuse, était-elle volontaire ou involontaire ? Nous nous garderons bien de répondre à cette question. Ce qui est certain, c’est que Léonora, dès son entrée dans la chambre, avait tout de suite vu cet écrin. Et elle n’avait pas bronché. Surtout, elle n’avait pas, comme c’était son devoir, pris aussitôt l’écrin pour le ranger et réparer ainsi sa négligence… Il est vrai qu’à ce moment-là elle avait l’esprit si préoccupé par tant et de si graves affaires que cette nouvelle négligence pouvait s’expliquer et s’excuser.
    Quant à Marie de Médicis, il est probable qu’elle aussi, elle avait vu l’écrin. Il est également probable qu’elle l’avait oublié… Tout comme Léonora l’avait, ou paraissait l’avoir oublié.
    Marie de Médicis cherchant, dans son esprit, quel cadeau assez important elle pourrait faire à Léonora, il arriva que, par hasard, ses yeux

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