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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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la dernière livre, et qu’il ne me faille venir prochainement vous en demander d’autre.
    En disant ces mots d’un air navré, elle l’observait en dessous pour juger de l’effet qu’ils produisaient. Mais, nous l’avons dit, Marie de Médicis en avait pris son parti. Elle ne fit pas la grimace. Ce fut même avec une certaine désinvolture qu’elle répondit :
    – Eh bien, je t’en donnerai d’autre, voilà tout. Il faut savoir faire les sacrifices nécessaires.
    Un mince sourire passa sur les lèvres de Léonora. Alors elle eut l’effronterie de reprocher :
    – Si vous vous étiez expliquée tout de suite, vous nous auriez épargné à toutes deux un malentendu pénible.
    – Tu ne m’as pas laissé le temps de placer un mot ! protesta Marie de Médicis. Tu t’es emportée tout de suite. Et tu allais, tu allais, il fallait voir !… Soit dit sans reproche, ma bonne Léonora, tu t’es montrée d’une susceptibilité un peu excessive.
    – C’est vrai, madame, avoua Léonora d’un air contrit, et je vous prie de m’excuser. Mais, voyez-vous, je suis nerveuse aujourd’hui… très nerveuse.
    – Pourquoi ? demanda étourdiment Marie de Médicis.
    – Pouvez-vous le demander ?… Croyez-vous que le sacrifice que je m’impose pour vous n’est pas affreusement douloureux pour moi ?…
    Et avec une fureur concentrée :
    – Cette petite, madame… c’est la fille à Concini… sa fille, à lui !… à qui je suis obligée de faire bon visage… moi ! C’est dur, madame, c’est très dur !…
    – C’est vrai !… Et moi, sotte, qui n’avais pas pensé à cela !… Ah ! pauvre Léonora, je te plains de tout mon cœur !
    Ceci, la reine le disait d’un air faussement apitoyé. Par exemple, sa sincérité éclata, toute, quand elle s’inquiéta :
    – J’espère pourtant que tu auras la force de surmonter ton aversion… légitime… oh ! très légitime… Sans cela… si tu ne le pouvais pas… si tu reprenais ta parole… ce serait un bien grand malheur pour moi !… un grand malheur pour nous tous… car enfin, si je succombe…
    – Vous nous entraînez dans votre chute, voulez-vous dire ? interrompit Léonora, dans l’œil de qui passa une lueur menaçante.
    – Hélas ! oui, gémit Marie de Médicis, qui n’avait rien vu.
    Au fond, elle triomphait. Elle croyait l’avoir réduite à merci par cette menace déguisée qu’elle tenait suspendue sur elle. L’imprudente ! Elle aurait dû savoir à quelle terrible lutteuse elle se frottait et que la Galigaï n’était pas femme à se laisser intimider ainsi. Léonora songeait :
    « Ah ! tu crois m’effrayer !… Ah ! tu te dépêches de me rappeler qu’en travaillant à ton salut je travaille en même temps pour nous !… Ce qui, apparemment, te dispensera de toute obligation envers nous !…
Per Dio,
je ne le sais que trop que ta chute, à toi, c’est notre mort, à nous !… Mais si tu crois que je vais l’avouer !… Attends un peu !… »
    Et tout haut, avec un calme sinistre, qui glaça la mal inspirée Marie de Médicis :
    – Je le sais, madame. Je sais qu’à la cour tout le monde nous hait… à commencer par le roi. Je sais que vous êtes notre seul appui, et que si cet appui vient à nous manquer, nous sommes perdus… Mais vous devez bien penser que sachant cela… et depuis longtemps… j’ai dû prendre mes petites précautions, et depuis longtemps aussi. Si vous tombez, madame… et vous tomberez si je vous abandonne… (Marie de Médicis frissonna d’épouvante), si vous tombez, vous êtes irrémissiblement perdue… on ne sort pas vivant d’une tourmente pareille à celle qui vous aura emportée dans son tourbillon… Nous, au contraire, nous fuyons devant la tempête avant qu’elle soit arrivée jusqu’à nous… Et soyez tranquille, on sera si heureux d’être débarrassé de nous, que personne ne s’opposera à notre départ. Tout au contraire, on s’empressera de nous le faciliter. Nous laisserons, il est vrai, quelques plumes dans la tourmente. Mais vous l’avez dit vous-même, il y a un instant : Il faut savoir faire les sacrifices nécessaires. Nous retournerons en Italie, madame. Et malgré ce que nous aurons perdu ici, soyez sûre qu’il en restera toujours assez à Concino pour acheter une petite principauté où nous finirons tranquillement nos jours, en faisant encore figure fort honorable. Vous voyez donc bien que le sort qui nous attend ne saurait

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