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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hésitant :
    – Non, il ne peut pas être question d’argent… Mais, si je t’offrais… par exemple, un objet… un joyau… un joyau que j’aurais porté… que tu pourrais porter à ton tour… un souvenir enfin… un souvenir de celle qui t’aime comme une sœur… Si je t’offrais cela, voyons, que dirais-tu ?
    Cette fois, Léonora daigna s’humaniser, parler, sourire :
    – Je dirais, madame, qu’un souvenir de vous me serait doublement précieux, ayant été porté par vous. Et je ne pourrais qu’accepter avec reconnaissance, de tout mon cœur, ce qui me serait donné avec tant de délicatesse et de cœur.
    – Enfin, je te retrouve ! s’écria Marie de Médicis en frappant joyeusement dans ses mains. Tu ne saurais croire le plaisir que tu me fais. Voyons, avoue qu’il y a longtemps que cette parure te fait envie et que tu serais heureuse de la posséder.
    – Je l’avoue volontiers, si cela peut vous faire plaisir. Mais je vous prie de croire que je n’ai jamais été assez folle pour penser un seul instant que je pourrais posséder une parure pareille.
    – Pourquoi donc ? Le prix de cette parure n’est pas au-dessus de ta bourse.
    – Je ne dis pas non. Mais il n’y en a pas deux pareilles. Quant à celle-ci, elle n’est pas à vendre et je sais que vous y tenez comme à la prunelle de vos yeux.
    – Eh bien, tu te trompes, fit lentement Marie de Médicis. Je tenais beaucoup à cette parure, c’est vrai. Pour rien au monde je n’aurais voulu m’en séparer. Pour rien ni pour personne. Mais toi, ma bonne Léonora, tu t’es, par ton inaltérable dévouement, mise au-dessus de tous. Ce que je n’aurais voulu faire pour personne, je suis heureuse de le faire pour toi. Cette parure te plaît, tu la tiens dans tes mains, emporte-la et garde-la… Je te la donne.
    Marie de Médicis jouissait intérieurement de l’effet qu’elle allait produire. Cet effet fut encore au-dessus de ce qu’elle attendait. En effet, Léonora se rapprocha précipitamment de la table sur laquelle, comme s’il fût devenu soudain trop pesant, elle posa soudain l’écrin. Et comme si elle ne pouvait en croire ses oreilles :
    – Vous me donnez votre belle parure ?… A moi ?
    – Je te la donne, sourit Marie de Médicis.
    – Vous n’y pensez pas !… Cette parure vaut au moins cent mille écus !… Trois cent mille livres !… s’étrangla Léonora.
    – Peut-être un peu plus.
    – Oh ! madame !… Un tel présent !… à moi !… Je ne peux pas… Non, c’est trop, c’est vraiment trop de générosité !… Je ne peux pas accepter que vous vous dépouilliez ainsi pour moi !…
    Mais, tout en protestant ainsi, Léonora caressait doucement de ses doigts tremblants le précieux écrin, et le couvait en même temps d’un regard d’ardente convoitise rayonnant d’une joie quasi puérile. En sorte qu’on ne pouvait en douter : elle mourait d’envie d’accepter et n’était retenue que par un scrupule excessif, mais qui faisait honneur à sa délicatesse. Puis elle levait son regard sur Marie de Médicis qui l’observait. Et ce regard, chargé d’une admiration muette, était mille fois plus flatteur que n’aurait pu l’être le compliment le plus délicatement tourné.
    Si cette attitude était sincère, nous n’avons rien à dire. Si c’était une comédie – et Léonora était bien de force à l’avoir imaginée, cette comédie, et à la jouer avec un art incomparable –, c’était un chef-d’œuvre d’habileté et qui dénotait une connaissance approfondie du caractère de la reine. Or, ce caractère était un composé de lésinerie bourgeoise, combattue par une vanité sans bornes. Il ne s’agissait que de savoir chatouiller cette vanité et de l’exciter convenablement pour obtenir d’elle plus que sa lésinerie naturelle n’aurait consenti à donner.
    Le fait certain, c’est que Marie de Médicis, qui ne s’était résignée qu’en rechignant à faire ce cadeau trop important, selon elle, qui eût peut-être été enchantée si on l’avait refusé, ne regrettait déjà plus le sacrifice. Non seulement elle ne le regrettait plus, mais encore, pour un peu, elle y eût ajouté, tant sa vanité se trouvait satisfaite. Et elle insista, s’efforçant très sincèrement de faire accepter ce qu’elle espérait voir refuser l’instant d’avant. Et ce fut Léonora qui eut l’impudente audace de se faire tirer l’oreille. Tant et si bien que la reine dut

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