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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui m’insulteront et qui refuseront de m’accorder réparation subiront le même traitement que j’ai subi devant toute la cour et que j’ai infligé à votre ami, dit-il. Ne comptez pas m’échapper. Choisissez : ou vous aligner avec moi ou faire connaissance avec ceci.
    Et, de la pointe de l’épée, il désignait le bout de sa botte.
    Les deux jeunes gens comprirent qu’en effet ils ne pouvaient lui échapper… A moins de prendre la fuite, ce qui était une autre manière de se déshonorer. Et comme Rospignac bravait encore :
    – Décidez-vous, messieurs !… Et si le cœur vous manque, je vous répète que vous pouvez vous mettre à deux…
    – Ce spadassin va nous assassiner froidement, l’un après l’autre, si nous le laissons faire, dit tout bas un des deux jeunes gens.
    – Devant un fauve déchaîné, comme celui-ci, les scrupules ne sont pas de mise. Chargeons ensemble, dit l’autre.
    En effet, ils dégainèrent, se campèrent devant Rospignac et l’attaquèrent tout aussitôt ; tous les deux à la fois. Un sourire satisfait aux lèvres, le baron reçut le choc sans broncher et railla :
    – Vous êtes prudents, à ce que je vois ! N’importe, je me sens de taille à vous tuer proprement tous les deux.
    Cette fois, la passe d’armes fut longue. Les deux jeunes gens possédaient à fond la science de l’escrime. Ils montraient un sang-froid égal à celui de leur redoutable adversaire. Et comme l’intention avouée de celui-ci était de tuer, ils jouaient serré. Rospignac, très sûr de lui, se contenta d’abord de parer les coups qu’ils lui portaient, étudiant leur jeu avec une attention pénétrante, attendant patiemment l’occasion de placer son coup qu’il voulait mortel.
    Cette occasion finit par se présenter : un des deux jeunes gens commit la maladresse de se découvrir un inappréciable instant. Si bref que fût cet instant, Rospignac ne le laissa pas passer. D’un coup de revers formidable, il écarta la seconde épée et allongea le bras dans un geste rapide comme la foudre. En même temps, il lançait cet avertissement :
    – A vous, monsieur ! Je vise au cœur !
    Le coup était porté avant qu’il eût fini de parler. Le jeune homme laissa échapper son épée et, sans un cri, sans une plainte, tomba foudroyé. Ainsi qu’il l’avait dit, Rospignac, froidement et implacablement féroce, avait encore visé le cœur. Et il ne l’avait pas manqué.
    Il n’avait plus qu’un adversaire devant lui. Il avertit celui-là comme il avait averti l’autre.
    – Tenez-vous bien, monsieur, je veux vous tuer !
    Comme si la fatigue n’avait pas de prise sur lui, il reprit la lutte avec plus d’ardeur. Et, cette fois, c’était lui qui attaquait et qui menait rudement le jeu qu’il voulait encore mortel.
    Et il gagna cette épouvantable partie comme il avait gagné les deux précédentes. Atteint en plein cœur, comme les deux autres, ce troisième adversaire tomba en rendant l’âme dans un flot de sang. Et les curieux qui avaient assisté à ces duels successifs, purent voir, avec un effarement indicible, trois cadavres étendus dans des flaques de sang.
    Tous ces curieux étaient des gentilshommes ou des officiers qui se trouvaient dans la cour du Louvre au moment où la provocation avait eu lieu. Rospignac le savait. S’il n’était pas lié avec eux, du moins il les connaissait tous et savait leurs noms, comme il était connu d’eux. Il les prit à témoin.
    – Messieurs, leur dit-il, vous avez pu voir que ces rencontres, dont une était inégale avec moi, se sont déroulées en toute loyauté. J’ose espérer que vous voudrez bien l’attester.
    Certes, en cette circonstance, on ne pouvait douter ni de sa loyauté ni de sa bravoure. Ceux à qui il s’adressait le reconnaissaient en leur for intérieur. De même qu’ils reconnaissaient qu’ils ne pouvaient pas refuser un témoignage qu’on leur demandait poliment, en somme. Mais tous, ils méprisaient Rospignac. De plus, ils étaient tous outrés de la férocité avec laquelle il s’était acharné à porter des coups mortels et du cynisme révoltant avec lequel il avait proclamé son intention. Aucun d’eux ne lui fit l’honneur d’une réponse. Les plus polis se contentèrent d’un signe de tête affirmatif, assez dédaigneux.
    La susceptibilité ombrageuse du spadassin faillit prendre de nouveau la mouche. Mais Rospignac qui, c’est une justice que nous devons lui rendre, venait de

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