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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bien malheureuse !
    – Parle, autorisa Pardaillan, après une imperceptible hésitation.
    – Merci, monsieur le chevalier. Voici donc ce que je désire savoir de vous : vous êtes sûr que mon père n’a aucun droit sur ce trône de France, qu’il revendique comme l’héritage de son père ?
    – Sur mon honneur, il n’y a aucun droit, d’après les lois qui nous régissent.
    – Vous le lui avez dit ?
    – Je me suis tué à le lui dire sur tous les tons.
    – Et il n’a pas voulu vous entendre ?
    – Non.
    Jusque-là, Giselle avait posé ses questions avec l’assurance d’une personne qui sait où elle va. Et Pardaillan lui avait répondu sérieusement, sans tergiverser, de manière à lui donner pleine satisfaction. Parvenue à ce point de son interrogatoire, elle s’arrêta et réfléchit un instant. Puis elle reprit, mais cette fois avec une hésitation manifeste et, à ce qu’il semblait, avec une sorte de sourde anxiété :
    – C’est donc à dire que mon père convoite ce qui ne lui appartient pas ?
    – Tu me l’as déjà demandé et je t’ai répondu : oui.
    – C’est donc à dire… que… que mon père est… un malhonnête homme ?
    – Diable de petite fille ! c’est donc là que tu voulais en venir ? s’écria Pardaillan, remué jusqu’au fond des entrailles.
    – Giselle, mon enfant ! s’écria la duchesse épouvantée du travail sinistre qui se faisait dans l’esprit de sa fille, vas-tu te mettre à douter de ton père ?
    Et, en elle-même, elle se reprochait déjà :
    « C’est de ma faute à moi, mauvaise mère, qui n’ai pas su garder ma langue devant elle. »
    Comme si elle n’avait pas entendu, Giselle, joignant ses petites mains, implora :
    – Pour Dieu, répondez-moi, monsieur.
    – Corbleu, non, ton père n’est pas un malhonnête homme, assura Pardaillan d’un air tout à fait convaincu.
    – Cependant, puisqu’il…
    – Il faut distinguer, interrompit Pardaillan : celui qui veut s’approprier un bien qui ne lui appartient pas, sachant pertinemment qu’il ne lui appartient pas, celui-là est un malhonnête homme. Mais celui qui, comme ton père, croit sincèrement que ce bien lui appartient, celui-là, c’est… c’est un homme qui se trompe, voilà tout.
    Et, en lui-même, il bougonnait avec humeur :
    « Ouf ! j’aurais moins chaud, si j’avais à ferrailler contre dix épées !… Diantre soit de la petite fille avec ses questions, si terriblement précises !… Est-ce qu’elle s’imaginait, par hasard, que j’allais lui dire ce que je pense, à savoir que, dans cette affaire, son père agit comme un véritable larron !… C’est une belle chose que la franchise, il ne faut tout de même pas exagérer. »
    Pendant que, toujours trop scrupuleux, il cherchait à s’excuser lui-même de cette entorse à la vérité qu’il venait de faire dans la plus louable des intentions, Giselle, radieuse, absolument convaincue, puisque Pardaillan avait prononcé, s’écriait en frappant dans ses mains :
    – Je savais bien que mon père n’avait rien à se reprocher !…
    Naïvement, elle montrait la joie puérile, mais puissante, qu’elle éprouvait à retrouver tout entière cette touchante confiance un instant vaguement ébranlée qu’elle avait en son père. Pourtant, si respectable que lui parût ce sentiment de vénération filiale, Pardaillan ne se sentit pas la force de l’appuyer par un mensonge, qui, cette fois, lui paraissait excessif. Tout ce qu’il put faire, ce fut de sourire en hochant la tête d’un air qui pouvait aussi bien dire oui que non.
    Giselle n’était pas encore de force à saisir toutes les nuances d’un geste de Pardaillan, alors que d’autres, plus forts et plus expérimentés qu’elle, s’y laissaient prendre. Ce mouvement de tête, elle l’interpréta comme une approbation. Elle s’en contenta. Mais elle n’avait pas encore épuisé la série de ses questions. Il était évident qu’un travail obscur, dont elle ne se rendait peut-être pas très bien compte elle-même, se faisait dans le cerveau de cette enfant d’esprit ouvert et plus sérieuse qu’on ne l’est ordinairement à son âge.
    Mais, si l’enfant ne se rendait peut-être pas compte du travail qui se faisait en elle, sa mère et Pardaillan s’en rendaient parfaitement compte, eux. La mère s’inquiétait, sans savoir au juste pourquoi. Quant à Pardaillan, il était vivement intrigué. Et il cherchait à

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