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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dans ses beaux yeux :
    – Le ciel croulera, engloutissant l’univers entier, avant que le duc d’Angoulême, mon père adoré, commette la plus petite faute contraire à l’honneur.
    Et ceci encore, elle le prononçait avec un accent de conviction tel que l’on sentait que nulle puissance humaine ou divine ne pourrait entamer cette sainte confiance.
    – Ah ! la brave petite ! murmura Pardaillan, ému.
    Le père lança à son enfant un regard d’ardente gratitude et plia les épaules, comme s’il se sentait écrasé par le poids de cette trop haute opinion que sa fille avait de lui.
    La mère la contempla avec un rayonnement d’orgueil, la serra passionnément contre son cœur, et, bouleversée d’émotion, prononça :
    – Oh ! cœur de mon cœur, toi seule, dans la candeur de ton innocence, tu as su dire les paroles qui convenaient et qui, sous leur apparence naïve, contiennent une leçon profonde qui ne sera pas perdue.
    Et, se tournant vers son époux, comme si tout était dit, avec une grande douceur :
    – Allez, monseigneur, dit-elle, vous savez maintenant ce que vous devez faire.
    Et le duc sortit, descendit les marches quatre à quatre, en criant qu’il venait ouvrir. Ce qui eut pour résultat d’arrêter net l’assaut de la porte.
    Et il commençait à se faire temps, car elle avait été rudement malmenée.
    Dès que le duc fut sorti, Giselle se tourna vers Pardaillan et le fixant de son regard limpide, d’un air profondément sérieux, elle l’interrogea :
    – Monsieur de Pardaillan, pouvez-vous me dire pourquoi mon père, qui vous aimait comme un frère, vous considère maintenant comme un ennemi ?
    – Diable, ce serait trop long à expliquer à une petite fille comme toi, répondit Pardaillan assez embarrassé.
    – Ne pouvez-vous me répondre en quelques mots, insista Giselle je tâcherai de comprendre à demi-mot.
    – Oui-da ! fit Pardaillan, qui cherchait ce qu’il pourrait bien lui dire, je vois bien à ces beaux yeux clairs que tu es loin d’être une sotte.
    Et, évasif, voyant qu’elle ne lâcherait pas :
    – Eh bien, c’est parce que nous ne suivons plus le même chemin voilà.
    – Je comprends, fit Giselle avec une gravité déconcertante chez une enfant de son âge, mon père veut reprendre le trône, héritage de son père, le roi Charles IX et vous, vous ne le voulez pas. C’est bien cela, n’est-ce pas, monsieur de Pardaillan ?
    Pardaillan fut si déconcerté par cette attaque imprévue, qu’il demeura un instant sans voix. Et, pour se donner le temps de se remettre, il plaisanta :
    – Peste, duchesse, vous ne m’aviez pas dit que vous aviez une petite fille si bien instruite !
    – Mais, monsieur, répliqua Giselle, de son petit air sérieux, c’est vous-même qui l’avez dit tout à l’heure, devant moi.
    – Hum !… l’ai-je bien dit ?
    – J’en suis sûre, monsieur. Je l’ai bien entendu.
    – C’est différent… Alors, si tu es sûre de l’avoir entendu… tu en es tout à fait sûre ?… bon, bon… Alors, ma foi, si je l’ai dit… je ne m’en dédis pas.
    – Eh bien, monsieur, voulez-vous me dire pourquoi vous ne voulez pas que mon père reprenne un bien qui lui appartient ?
    Pardaillan tortilla sa moustache grisonnante d’un air embarrassé. Et, se décidant soudain :
    – C’est que précisément j’estime, moi, que ce bien ne lui appartient pas.
    – Mon père convoite donc un bien qui ne lui appartient pas ?
    – Oui.
    Ce oui tombait sec et tranchant comme un arrêt sans appel. Giselle demeura une seconde rêveuse. Puis, s’approchant de Pardaillan, elle prit une de ses mains qu’elle garda entre les siennes, et avec une émotion qu’elle ne cherchait pas à surmonter :
    – Monsieur de Pardaillan, dit-elle, ma mère, ma bonne grand-mère et mon père lui-même m’ont appris à vous connaître et à vous aimer, dès mon plus jeune âge. Ils m’ont appris que vous êtes l’incarnation vivante de l’honneur et de la loyauté. C’est vous dire que j’ai pour vous la même vénération fervente que j’ai pour mon père. J’ai foi en votre parole, autant qu’en la parole de mon père. Et c’est tout dire, n’est-ce pas ?
    – Ho ! plaisanta Pardaillan, que diable veux-tu donc me demander, petite Giselle ?
    – De me répondre sérieusement, monsieur, parce que je vois que vous n’êtes pas du même avis, mon père et vous. Alors, je ne sais plus que croire, moi. Et j’en suis

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