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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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réparable. Et maintenant, monseigneur, écoutez ceci : vous m’avez reproché de manquer de confiance en vous. Qui m’a appris ce que je viens de vous dire ? M. de Pardaillan qui l’a dit devant moi, M. de Pardaillan, l’homme le plus loyal de la terre, l’homme qui, de sa vie, ne s’est abaissé à proférer un mensonge. Eh bien, mon père, voyez si je manque de confiance en vous : dites-moi qu’il s’est trompé, et je vous jure sur mon salut éternel que je vous crois de tout mon cœur et vous demande pardon à deux genoux d’avoir osé vous dire ce que je viens de vous dire… Parlez, monseigneur…
    Le regard étincelant de loyauté qu’elle tenait obstinément rivé sur le sien avait un tel rayonnement qu’il ne put en supporter l’éclat. Il détourna les yeux, baissa la tête, tortilla sa moustache d’un air embarrassé, et finalement, d’une voix basse, comme honteuse, il murmura, en manière d’excuse :
    – C’était surtout pour toi que je voulais cette couronne qui, en bonne justice, devrait m’appartenir.
    C’était un aveu tacite.
    L’effet qu’il produisit sur sa fille fut terrible : ce fut comme si tout croulait en elle. Il lui sembla qu’une main de fer lui broyait le cœur dans la poitrine et qu’elle allait tomber foudroyée. Une teinte livide couvrit le rose de ses joues. Ses narines se pincèrent. Un voile noir assombrit l’éclat de son regard lumineux.
    Cependant, elle ne tomba pas. Et même, si rude qu’eût été le coup, sa défaillance fut brève. Si brève que c’est à peine si le père soupçonna le ravage affreux que, dans son égoïsme inconscient, il venait de faire dans le cœur de son enfant, en qui, sans le vouloir, il venait de briser à tout jamais cette ardente et naïve vénération qu’elle avait pour lui.
    Elle se ressaisit et se redressa. Seulement, ce fut une nouvelle Giselle qui se révéla : une Giselle cérémonieuse, au regard froid, au sourire figé. Et le père, déjà rudement frappé dans son amour paternel qui était réellement profond et sincère, le père, glacé, épouvanté, ne reconnut plus en cette nouvelle Giselle l’enfant qu’il avait toujours vue si tendre, si affectueuse, en admiration et en adoration devant lui, comme devant Dieu.
    Giselle ne releva pas l’aveu paternel. Elle ne se permit pas la moindre réflexion, pas la plus petite observation. Elle se contenta de dire, d’une voix blanche, méconnaissable, comme toute son attitude :
    – Si c’est vraiment pour moi, vous vous êtes donné une peine bien inutile, car, je vous en avertis respectueusement, monseigneur : j’irai pieds nus, en haillons, la tête couverte de cendres, mendier mon pain sur les routes ou sous le porche des églises, plutôt que d’accepter quoi que ce soit d’une royauté acquise par les moyens que vous voulez employer.
    Et ceci, avec son air froidement respectueux, était prononcé sur un ton tel que le père comprit que toute son autorité serait impuissante à la faire revenir sur cette décision, que ni la douceur ni la violence ne pourrait ébranler. Oubliant la présence du groupe formé par la duchesse, Pardaillan et Odet de Valvert qui s’étaient retirés près de la fenêtre, il se mit à marcher avec agitation, en tortillant sa moustache d’un geste nerveux. Et, s’arrêtant devant Giselle qui n’avait pas fait un mouvement, d’une voix sourde :
    – En somme, dit-il avec amertume, c’est une mise en demeure de renoncer à l’héritage de mon père que tu m’adresses !
    Volontairement ou non, il déplaçait adroitement la question. Avec son implacable logique d’enfant, elle sentit la manœuvre sans en avoir l’air.
    – A Dieu ne plaise, dit-elle Vous êtes le maître, monseigneur, et je ne suis, moi, que votre très humble servante…
    – N’es-tu donc plus ma fille ? interrompit le duc en homme qui sonde le terrain.
    Elle se courba en une révérence froidement impeccable et, se redressant comme si de rien n’était, pendant que le père, fixé maintenant, pliait les épaules en soupirant d’un air accablé, elle répéta :
    – Je ne suis que votre très humble servante. Vous ferez donc selon votre bon plaisir, monseigneur. Cependant, puisque vous dites que ce que vous en faites, c’est pour moi, puisque je suis fermement résolue à refuser les bienfaits dont vous me voulez accabler, il m’a semblé que je pouvais, sans vous manquer en rien, vous demander non pas de renoncer à

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