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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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contraire, mon père, dit-elle, permettez-moi d’en parler encore, car il me semble que tout n’est pas dit.
    – Qu’est-ce à dire ? gronda le duc en fronçant le sourcil.
    Sans se laisser démonter, avec la même déconcertante fermeté, elle expliqua :
    – Il est un moyen très simple de faire votre paix avec M de Pardaillan, c’est d’accepter cette condition que vous repoussez, et qui, venant de M le chevalier, ne peut être qu’honorable pour vous.
    – Assez, trancha le duc en se faisant sévère, je ne vous permettrai pas d’aborder des questions qui ne sauraient intéresser une enfant de votre âge, et dont, au surplus, vous ignorez le premier mot.
    – Pardonnez-moi, monseigneur, mais c’est que, au contraire de ce que vous croyez, je sais très bien de quoi il est question.
    – Vous savez ? s’étrangla le duc.
    Et, railleur :
    – Que savez vous, voyons ?
    – Je sais que, pour vous rendre son estime et son amitié, M de Pardaillan vous demande simplement de renoncer à vos prétentions sur le trône de France.
    Le duc plia les épaules, comme assommé par ce coup auquel il était loin de s’attendre. Tout de suite, il comprit que Pardaillan avait dû renseigner sa femme et sa fille Et aussitôt l’inquiétude de savoir jusqu’à quel point il pouvait avoir poussé ses révélations s’insinua en lui Du même coup d’œil soupçonneux, il enveloppa sa femme, sa fille et Pardaillan.
    Mais il ne trouva que Giselle devant lui La duchesse s’était mise à l’écart avec Pardaillan qui, en ce moment même, lui présentait cérémonieusement le comte Odet de Valvert. Ce groupe paraissait se désintéresser complètement de ce qui allait se passer entre le père et la fille. Bien qu’il se rendît compte que cette indifférence était affectée et qu’ils tendaient une oreille attentive de son côte, il éprouva un certain soulagement à se dire que cet entretien, qui débutait d’une manière si imprévue et si inquiétante pour lui, demeurerait entre sa fille et lui.
    Cependant, il se rendait compte aussi que l’enfant – dûment stylée par la duchesse et le chevalier, il n’en doutait pas – allait se dresser devant lui en adversaire, et pis encore : en juge sévère. Et ce juge lui paraissait doublement redoutable. D’abord, parce qu’il le sentait bien renseigné et qu’au fond de sa conscience il était bien forcé de reconnaître qu’il n’était pas sans reproche, ensuite parce qu’il savait bien que son affection paternelle allait jusqu’à la faiblesse et qu’il appréhendait avec terreur les larmes de son enfant, auxquelles il sentait qu’il n’aurait jamais le courage de résister.
    Il se dit que le mieux était de briser net une discussion où, il en avait l’intuition, il n’aurait pas le dessus. Sa mauvaise humeur était réelle ; il l’accentua. Il se fit plus sévère encore. Et, dans un éclat :
    – Tout simplement ! Vraiment, vous avez des mots extraordinaires ! Alors vous trouvez « très simple » qu’on renonce à une couronne pour garder l’amitié d’un homme ?
    – Quand cet homme est M. de Pardaillan, oui, mon père.
    – C’est de la démence !
    – Vous m’avez dit, autrefois, que toutes les couronnes de la chrétienté étaient moins précieuses que son amitié.
    L’argument faillit désarçonner le duc. Ne trouvant pas de réponse capable de réduire l’implacable logique et la non moins implacable mémoire de l’enfant, il s’emporta :
    – Chansons !… Des mots !… Et des mots creux !… Il n’est pas d’amitié au monde qui vaille qu’on lui sacrifie un royaume !
    – Vous m’avez souvent répété le contraire, fit-elle avec une douce obstination.
    – Dieu me pardonne, je crois que vous vous permettez de discuter avec moi ! s’écria le duc, avec d’autant plus de violence qu’il se sentait plus embarrassé.
    – Père !…
    – Assez. Rentrez dans votre chambre, mademoiselle, et n’en bougez pas sans ma permission.
    Il pensait en être quitte avec cet acte d’autorité brutale qui le tirait momentanément d’affaire, mais qui n’arrangeait rien, il le sentait bien. En effet, elle s’inclina devant lui avec le plus profond respect, en disant :
    – J’obéis, monseigneur. Et se redressant, elle ajouta :
    – Mais laissez-moi vous dire que, dans votre propre intérêt, vous feriez mieux de renoncer, comme vous le demande M. de Pardaillan et comme je vous en supplie

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