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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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élevé en partie. Je me suis efforcé d’en faire un homme. Et je crois avoir réussi. Je le considère comme mon fils.
    – Je ne m’étonne plus de sa force et de son adresse. Vous avez là un élève qui vous fait honneur, chevalier, complimenta le roi.
    Et, affectant un air détaché :
    – Il m’a sauvé la vie. Je ne l’oublie pas. Oh ! j’ai une excellente mémoire.
    Et lâchant le bras de Pardaillan :
    – Nous voilà redevenus bons amis, maréchal, dit-il, en s’adressant à Concini.
    Radieux, Concini se courba. Déjà il préparait son remerciement. Le roi ne lui laissa pas le temps de le placer. Tout de suite, il ajouta :
    – Si vous tenez à ce qu’il en soit toujours ainsi, n’oubliez pas, je vous prie, que le chevalier de Pardaillan est aussi de mes amis. Et des meilleurs, je ne vous en dis pas plus. Et ce que je vous dis à vous en particulier s’adresse à tous ceux qui seraient tentés de l’oublier.
    Il avait dit cela très simplement, sans élever la voix, en laissant tomber, comme par hasard, un pâle regard du côté des partisans du maréchal. Il n’en est pas moins vrai qu’ils comprirent tous la menace voilée. Et ils dissimulèrent leur rage impuissante sous des sourires convulsés, tout en courbant la tête.
    Le roi revint alors à Pardaillan.
    – Suivez-moi dans mon cabinet, chevalier, lui dit-il, nous serons mieux qu’ici, où trop d’oreilles nous écoutent, trop d’yeux nous épient.
    – Au contraire, sire, répliqua vivement Pardaillan, je demande comme une faveur que l’audience particulière que le roi veut bien m’accorder ait lieu ici même.
    – Je n’ai rien à vous refuser, consentit le roi, sans le mettre dans la nécessité d’insister davantage.
    Mais s’il avait cédé de bonne grâce, sans se faire prier, il était étonné, car la véritable faveur était précisément celle que Pardaillan venait de refuser. Il comprit bien que ce refus ne pouvait être motivé que par des raisons sérieuses. Et il demanda :
    – Puis-je savoir pourquoi ?
    Pardaillan, un instant très court, le fouilla du regard, comme s’il hésitait à parler. Et se décidant soudain :
    – Sire, je suis venu ici comme à la bataille. Je ne veux pas avoir l’air de me dérober devant l’ennemi.
    Et, à la dérobée, il continuait à observer sa contenance. Il vit ses yeux se dilater et une flamme ardente jaillir de ses prunelles. Ce fut plus rapide qu’un éclair. Et ce fut tout. Sur un ton très naturel, comme s’il n’avait pas compris la gravité des paroles qu’il venait d’entendre, il répondit :
    – Demeurons donc ici… face à l’ennemi !
    Et très calme, très maître de lui, il fit un geste impérieux qui écarta tous ceux qui se tenaient autour de lui. Pardaillan souriait d’un air satisfait en songeant : « Allons ! il est brave ! »
    Les courtisans, déçus dans leur attente curieuse, s’étaient éloignés. Concini, cachant son inquiétude sous des airs souriants et assurés, était revenu se pavaner au milieu du cercle de la reine. Un large cercle s’était formé, au centre duquel le roi et Pardaillan étaient demeurés isolés.
    Toutes les conversations particulières avaient repris. Personne ne paraissait s’occuper d’eux. En réalité, toutes les oreilles étaient tendues de leur côté, tous les regards, à la dérobée, se braquaient sur eux. Et ils le savaient bien, l’un et l’autre.
    Ce fut Pardaillan qui parla le premier, quand il se vit seul avec le roi.
    – Sire, dit-il en s’inclinant, je ne sais comment vous exprimer ma reconnaissance. Vous me voyez confus et émerveillé de l’inoubliable accueil que vous avez bien voulu me faire.
    – N’étiez-vous pas sûr d’être bien accueilli ?
    – Pour être franc, oui, Sire : le roi, votre père, m’avait assuré qu’en tout temps et en tout lieu, je pouvais me présenter hardiment devant vous. Le roi Henri, je le sais, ne faisait jamais de vaines promesses. J’étais donc sûr d’être bien reçu. Mais du diable si je m’attendais… Vraiment, sire, c’est trop d’honneur, beaucoup trop d’honneur pour un pauvre gentilhomme comme moi.
    Le roi posa sur le bras du chevalier sa petite main d’enfant fine et blanche et, avec une gravité soudaine, il prononça :
    – La veille même du jour où il devait tomber mortellement frappé par le couteau de ce misérable Ravaillac, mon père m’a dit ceci : « Mon fils, si le malheur voulait que vous

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