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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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eussiez à me succéder avant d’avoir atteint l’âge d’homme, c’est-à-dire avant d’être en état de vous défendre vous-même, souvenez-vous du chevalier de Pardaillan dont je vous ai souvent parlé, dont je vous ai conté les exploits qui vous ont émerveillé. Souvenez-vous de Pardaillan, et si jamais il se présente devant vous, en quelque circonstance que ce soit, recevez-le comme vous me recevriez moi-même, écoutez-le comme vous m’écouteriez moi-même, car c’est en mon nom qu’il parlera. » Voilà ce que m’a dit mon père. Et le lendemain il était mort, bassement, lâchement assassiné.
    Il dut s’arrêter un instant, oppressé par les sombres souvenirs qu’il évoquait. Et il demeura le front baissé, l’œil rêveur. Il s’oublia ainsi un instant très court. Puis reprenant possession de lui-même, il redressa la tête et reprit :
    – Le lendemain, j’étais roi… et je n’avais pas dix ans. Ce que mon père avait appréhendé le plus pour moi m’arrivait. Ses paroles qui m’avaient fortement frappé la veille me revinrent à l’esprit. Et elles s’y gravèrent si profondément que je ne devais plus les oublier. Si bien que, j’en jurerais, je vous les ai répétées sans y changer un mot. C’est pour vous dire, chevalier, qu’en vous recevant comme je l’ai fait, je n’ai fait qu’exécuter de mon mieux les volontés dernières de mon père qui étaient des ordres sacrés pour moi. C’est pour vous dire aussi que, n’ayant fait jusqu’ici qu’exécuter les ordres de mon père, je ne me tiens pas personnellement pour quitte envers vous. Il faudra que je cherche et il faudra bien que je trouve comment je pourrai vous témoigner ma gratitude.
    L’accent pénétré avec lequel il disait cela, les regards de naïve admiration qu’il fixait sur lui disaient hautement combien il était sincère. Pardaillan le comprit bien. Et il sourit :
    – Sire, je pourrais vous dire que vous m’avez grandement témoigné cette gratitude que vous croyez me devoir…
    – Que je vous dois, rectifia vivement le roi.
    – Que vous me devez, puisque vous y tenez, continua imperturbablement Pardaillan en haussant légèrement les épaules, en me disant des paroles qui me sont allées droit au cœur. Mais, quoi que vous en ayez dit, moi aussi j’ai été piqué de la tarentule de l’ambition. Et comme je ne sais rien faire à demi, l’ambition qui m’est venue est démesurée. Vous allez en juger, Sire, car, pour vous éviter l’ennui de chercher, je vais, si vous voulez bien le permettre, vous dire ce que vous pouvez faire pour moi, qui me comblerait de joie et d’orgueil.
    – Parlez, chevalier, s’empressa Louis XIII.
    – M’accorder un peu de cette royale amitié dont votre illustre père voulait bien m’honorer, déclara gravement Pardaillan en s’inclinant.
    Et, se redressant, avec un sourire railleur :
    – Je vous avais bien dit que mon ambition n’a pas de bornes. Avec un sourire malicieux, le roi répliqua :
    – Vous me demandez là une chose que je ne peux plus vous accorder…
    – Mordieu, je n’ai jamais eu de chance ! grommela Pardaillan. Mais, lui aussi, il souriait d’un sourire malicieux : il avait compris. Dans un geste charmant de grâce spontanée, le roi lui prit la main qu’il serra affectueusement entre les siennes, et il acheva :
    – Il y a longtemps, il y a des années, que, sans vous connaître, je vous l’ai donnée toute, cette amitié que vous me demandez aujourd’hui. Il y a longtemps que j’attends qu’il me soit donné de vous le dire et de vous le prouver. Je vous en ai assez dit, je pense, pour que vous compreniez que j’en sais beaucoup plus que je n’en dis sur votre compte.
    – Diable ! Et que savez-vous, voyons ?
    – Je sais que, depuis la mort de mon père, vous n’avez cessé de veiller sur moi, de loin. Je sais que, jusqu’à ce jour, je n’ai pas eu d’ami plus sûr, plus dévoué que vous que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu. Et qui sait si ce n’est pas à vous, à votre inlassable vigilance, que je dois d’être encore vivant ?
    En disant ces mots avec simplicité, Louis XIII fixait sur Pardaillan deux yeux où celui-ci lisait beaucoup de curiosité, mais pas l’ombre d’une inquiétude.
    Levant les épaules d’un air détaché, le chevalier, avec son habituelle franchise, expliqua :
    – Il est vrai, ainsi que vous venez de le dire, que je veille sur vous, de loin.

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