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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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indomptable énergie et qui les déchargerait du souci de prendre une décision devant laquelle ils avaient reculé, quitte à discuter âprement avec elle, si cette décision n’était pas de leur goût.
    – Crois-tu, Léonora, c’est terrible, ce qui nous arrive ! soupira Marie d’une voix dolente.
    Dès son entrée, Léonora les avait fouillés de son œil de flamme. Elle avait tout de suite vu combien ils étaient déprimés. Et elle sentit l’impérieuse nécessité de les remonter énergiquement. Aussi, répondit-elle avec le plus grand calme et en levant les épaules avec dédain :
    – Ce qui vous arrive, madame, est fâcheux assurément, mais je n’y vois rien de terrible.
    – Comment peux-tu dire cela, alors que ce matin même tu me soutenais le contraire ! se récria la reine.
    – J’ai réfléchi depuis, répliqua froidement Léonora. Je me suis rendue compte que mon ardente affection pour vous m’avait fait exagérer fortement le péril qui vous menaçait. J’ai changé d’avis, voilà tout.
    – Mais réfléchis donc à ce qu’il adviendrait de moi si l’on apprenait…
    Elle s’arrêta, n’osant pas prononcer les mots qui convenaient et n’ayant pas l’esprit assez libre pour chercher des périphrases qui eussent dit la même chose en sauvant les apparences.
    Mais elle avait affaire à forte partie. Léonora, quand il le fallait, ne reculait pas plus devant les mots qu’elle ne reculait devant les actes. Et, avec la même froide tranquillité, elle acheva pour elle :
    – Si l’on apprenait que Marie de Médicis, avant de devenir reine de France, eut un amant et fut une mère infanticide ? Ceci, en effet serait terrible. Terrible pour vous et pour nous tous. Mais, madame, il ne tient qu’à vous qu’on ne l’apprenne pas.
    – Comment ?
    – Vous oubliez, madame, que vous êtes reine et régente. Maîtresse souveraine et absolue d’un royaume, on peut ce que l’on veut.
    Jusque-là, Concini s’était contenté d’écouter. Il commençait à retrouver son assurance.
    – C’est vrai,
corpo di Dio !
s’écria-t-il, nous oublions un peu trop que nous sommes les maîtres. Léonora a raison : il ne tient qu’à nous que ce secret ne soit jamais divulgué. Nous avons mille moyens pour clore à tout jamais les lèvres de ceux qui s’aviseraient d’avoir la langue trop longue…
    Et Concini appuya ses paroles par un geste et une mimique terriblement expressifs.
    – Soit, répondit Marie. Mais clorez-vous de la même manière les lèvres de la princesse Fausta, qui, sous le nom et le titre de duchesse de Sorrientès, va représenter à la cour de France Sa Majesté le roi d’Espagne ?
    – S’il le faut absolument, pourquoi pas ?… Un accident mortel peut arriver à tout le monde. A un représentant de Sa Majesté catholique comme au plus humble des manants. Le tout est de savoir s’y prendre.
    Concini ne doutait plus de rien maintenant. Au fond, Marie de Médicis commençait à se rassurer elle aussi. Mais comme elle croyait comprendre que Concini et Léonora voulaient lui faire endosser la responsabilité de la décision à intervenir et qu’elle ne voulait absolument pas la prendre, elle continua de soupirer sans répondre. Et après un court silence, elle implora :
    – Conseille-nous, ma bonne Léonora.
    Elle tombait mal. Léonora, nous l’avons dit, avait décidé qu’elle les laisserait faire ce qu’ils voulaient. Elle leva de nouveau les épaules, assez irrespectueusement, et elle rabroua assez rudement :
    – Un conseil ! Est-ce qu’il est besoin de conseil dans une affaire comme celle-ci ! La solution ne se montre-t-elle pas si claire, si lumineuse, qu’un aveugle même en serait ébloui ?… Au surplus, vous la voyez très bien, cette solution. Concino la voit comme vous. Seulement, voilà, vous n’osez, ni l’un ni l’autre, en parler. Je dirai donc pour vous ce que vous n’osez pas dire : Vous n’avez pas d’autre alternative que de choisir entre la vie et la mort de votre enfant. Choisissez.
    – Si tu crois que c’est facile de choisir !… Voyons, que ferais-tu, toi ?
    – Souffrez que je me récuse, se déroba froidement Léonora.
    – Pourquoi ? gémit de nouveau Marie. Si tu nous abandonnes, toi, Léonora, sur qui pourrons-nous compter, grand Dieu ?
    – Je ne vous abandonne pas, Maria. Et vous le savez bien.
    – Alors, parle.
    – Je n’en ferai rien. C’est à la mère de décider. Vous êtes la

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