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La force du bien

La force du bien

Titel: La force du bien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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«  Je mets devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. C’est la vie que tu choisiras…  » Mais le prophète – en hébreu le navi , c’est-à-dire « l’homme qui parle » – n’est pas un Juste. Pour préserver le monde, trente-six prophètes ne suffiraient pas. Ils sont là pour rappeler l’essentiel : «  C’est la vie que tu choisiras . » Les prophètes sont là pour proclamer la justice. Les Justes, pour la pratiquer.
    Le prophète ne peut d’ailleurs défendre la justice sans se référer à l’exemple des Justes. Mais personne n’aurait connu les Justes sans prophètes pour en parler et dénoncer le Mal. Ce Mal que la Bible n’essaie pas de dissimuler : Adam n’était-il pas un lâche ? Caïn un irresponsable ? Noé un faible ? Abraham n’a-t-il pas laissé violer sa femme parce qu’il avait peur ? Jacob n’a-t-il pas participé à une action frauduleuse contre son frère Ésaü ? Joseph n’était-il pas un intrigant ambitieux ? Et le plus grand de tous, David lui-même, dont la lignée est supposée engendrer le Messie des Juifs comme celui des chrétiens, n’a-t-il pas commis des actes impardonnables ?
    «  Tout être humain a des mérites et des vices , dit Maimonide. Celui dont les mérites dépassent les vices est un Juste. Celui dont les vices excèdent les mérites est un méchant . »
     
    Mais comment devient-on un Juste ?
    L’éducation ?
    Klara Munzer répète :
    « Ma mère me disait : Ce que tu fais au moindre de mes frères, tu me le fais à moi, tu me le donnes à moi. »
    Et pourtant d’autres Klara Munzer, ayant reçu la même éducation, se sont retrouvées du côté du Mal.
    Je m’aperçois que le chemin vers la connaissance du Bien sera long, et qu’il me réserve encore quelques surprises. Néanmoins, je quitte Klara Munzer avec une certitude : quelle que soit la terreur qui puisse s’abattre sur le monde, il se trouvera toujours des Justes pour tenter d’y apporter remède, pour essayer d’en atténuer les effets dévastateurs et pour y parvenir.

15.
    Je ne me rappelle pas qui m’a recommandé d’aller voir Cornélia Schroeder. Mais le fait qu’elle soit protestante et qu’elle habite le quartier de Grünenwald, dont le nom est si souvent mentionné dans la littérature classique allemande, m’a incité à la rencontrer. À l’opposé des protestants français qui, eux-mêmes longtemps persécutés, se sentaient depuis toujours solidaires de leurs frères juifs, les protestants d’Allemagne, majoritaires chez eux, et en raison d’une tradition nationale plus forte, furent très sensibles, au début, aux thèmes développés par le national-socialisme. Si l’Église catholique a signé avec Hitler un concordat (le Reichskonkordat ), l’Église protestante est devenue, elle, l’Église du Reich, la Reichskirche . Il est vrai que certaines thèses de Martin Luther lui-même, auteur d’un traité intitulé Des Juifs et de leurs mensonges , préfiguraient déjà quelques éléments de l’idéologie nazie : l’Église au service de l’État, l’antisémitisme, le nationalisme, la germanité. Tout cela, selon Luther, pour réfléchir « l’ordre de la Création voulu comme tel par Dieu ».
    Dès 1933, Hitler organise le Mouvement des chrétiens allemands, auquel adhère aussitôt le cinquième de l’ensemble des pasteurs protestants. Je me souviens, lors de mon premier passage en Allemagne, avoir rencontré le pasteur Martin Niemöller, qui, à l’époque nazie, avait constitué, lui, l’Association d’urgence des pasteurs afin de s’opposer à une idéologie contraire à la foi qui proclamait l’amour du prochain. Martin Niemöller et quelques-uns de ses amis furent jetés en camp de concentration en 1937. Il est le seul à avoir survécu.
    Pourquoi s’était-il opposé aux nazis ? À cette question, le pasteur m’avait répondu en souriant :
    « Je me demande encore pourquoi je m’y suis pris si tard. Quand les nazis persécutaient les Juifs, je n’ai pas réagi car je n’étais pas juif. Quand les nazis arrêtaient les communistes, je me suis tu car je n’étais pas communiste. Quand ils enfermaient les socialistes, je n’ai rien dit car je n’étais pas socialiste. Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté car je n’étais pas catholique. Quand ils sont venus me prendre, il n’y avait plus personne pour protester… »
     
    Cornélia Schroeder est

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