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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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inspirer à la fillette.

    L'ambiance s'était dégradée après que le grand-père eut fait cette plaisanterie relative à l'hôpital. Marcie avait eu si peur qu'elle s'était souillée et que, pendant près d'un quart d'heure, elle avait résisté à tous les efforts de Jorja pour la changer. Elle poussait des hurlements, griffait, donnait des coups de pied. Finalement, elle accepta de prendre un bain. Mais elle ressemblait alors à un petit zombie, livide, les yeux hagards, comme si toute force, toute vie l'avait abandonnée.
    Peu à peu, Marcie sortit de son brouillard. Elle répondit à Mary et à Pete, par monosyllabes prononcés d'une voix morne, dépourvus de toute émotion. Aussi troublants que les cris poussés tout à l'heure.
    Vers quatre heures et demie de l'après-midi, elle redevint sociable. Elle avait recouvré sa bonne humeur, à un tel point que son éclat à table pouvait presque passer, avec le recul, pour un caprice d'enfant g‚té, rien de plus.
    Jorja savait que le problème était tout autre. Bien pire. quelque chose la dévorait de l'intérieur, quelque chose d'extraordinairement irrationnel et dont Jorja avait peur.
    A présent, une partie de la panoplie de docteur gisait à terre, une autre sur la table de nuit. Et dans le noir l'enfant parlait tout haut de piq˚res, d'infirmières, de grandes lumières aveuglantes.
    Jorja écoutait attentivement la moindre parole de sa fille, espérant que cela l'aiderait à la comprendre ou permettrait au médecin de mieux cerner son cas. Il était plus de deux heures du matin quand Marcie murmura quelque chose de différent, quelque chose qui n'avait plus rien à voir avec les docteurs et les piq˚res.
    Elle donna de violents coups de pied dans les draps et se retourna brusquement sur le dos, le corps tendu, immobile. ´ La lune, la lune, la lune dit-elle d'une voix qui reflétait à la fois la peur et l'émerveillement. La lune..., fit-elle encore, d'une voix telle que Jorja sut que ce n'étaient pas des paroles vaines. La lune, la lune, la lune, la luuuuuune... ª
    Chicago, Illinois

    Brendan Cronin dormait paisiblement sous sa couverture en patchwork. Il souriait. Dehors, le vent gémissait dans les arbres, faisait ployer leurs branches chargées de neige, caressait la fenêtre de la chambre du prêtre selon une sorte de rythme mystérieux, comme une grande respiration. Bien que perdu dans son rêve, Brendan dut prendre conscience de la lente pulsation du vent car, quand il se mit à parler dans son sommeil, les mots s'élevèrent sur le rythme même de la nature: La lune... la lune... la lune... la lune... ª
    Laguna Beach, Californie
    ´ La lune ! La lune ! ª
    Dominick Corvaisis fut réveillé par ses propres cris et une douleur cuisante au poignet droit. Il était à quatre pattes dans l'obscurité, à côté de son lit, tirant frénétiquement sur ce qui tenait son poignet prisonnier.
    Il lutta encore quelques secondes jusqu'à ce que son esprit se désembrume. Il se souvint alors de la corde nouée.
    Le souffle rauque, le coeur battant à cent à l'heure, il chercha à t‚tons l'interrupteur. La lumière le fit cligner des yeux. Il découvrit qu'il avait réussi, dans le noir et en dormant, à défaire le premier noeud et à
    s'attaquer au deuxième avant de perdre patience et de se débattre frénétiquement.
    Dom se releva, rejeta draps et couvertures et s'assit sur le lit.
    Il avait rêvé, mais il ne se rappelait plus quoi. Cependant, il était s˚r que ce n'était pas le cauchemar qu'il avait fait à plusieurs reprises pendant ces quatre derniers mois, car il n'avait rien à voir avec la lune. C'était un autre rêve, tout aussi terrifiant bien que très différent.
    La lune.
    qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
    Boston, Massachusetts
    Ginger se redressa dans son lit en poussant un cri strident.

    Lavinia, la domestique des Hannaby, dit: Óh, je vous demande pardon, docteur Weiss, je ne voulais pas vous faire peur. Vous faisiez un cauchemar.
    - Un cauchemar ? ª Elle ne se souvenait de rien.
    Óh oui, fit Lavinia, quelque chose de terrible, assurément. Je passais dans le couloir quand je vous ai entendue. Je suis entrée dans la chambre et là, j'ai compris que vous rêviez. J'ai hésité, mais vous vous êtes remise à hurler, à répéter toujours la même chose, et je me suis dit qu'il valait mieux vous réveiller.
    -Je hurlais ? dit Ginger en clignant des yeux.
    qu'est-ce que je disais ?
    -Oh, c'était toujours pareil,

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