La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
servira peut-être en temps utile. Je pourrais vous conseiller utilement. Appelez Philip et laissez-lui votre numéro. Il me contactera immédiatement à mon domicile selon un code préétabli. Je me rendrai ensuite dans une cabine publique, le rappellerai, noterai votre numéro et vous joindrai le plus rapidement possible.
Mon expérience est tout ce que je puis vous offrir, docteur.
-C'est déjà beaucoup. Après tout, rien ne vous oblige à m'aider.
-Bonne chance. ª Il s'éloigna rapidement dans la neige.
Ginger revint vers la fosse. Elle s'inclina devant le cercueil de Pablo, lança une fleur dans le trou béant.
Álav ha-sholem. Puisse ce sommeil n'être qu'un peu de rêve entre ce monde et quelque chose de meilleur.
Baruch ha-shem. ª
Les fossoyeurs jetèrent les premières pelletées de terre.
Elko County, Nevada
Le jeudi, le Dr Fontelaine fut satisfait de voir Ernie Block débarrassé de sa nyctaphobie. ´ Je n'ai jamais constaté de guérison aussi rapide, fit-il. Les Marines ne sont décidément pas des hommes comme les autres. ª
Le samedi 11 janvier, après seulement quatre semaines passées à Milwaukee, Ernie et Faye regagnèrent leur domicile. Ils prirent deux avions et arrivèrent à
Elko à onze heures vingt-sept du matin.
Sandy Sarver vint les accueillir à l'aéroport. Ernie ne la reconnut pas tout de suite. Elle n'avait plus ce visage triste et ces épaules vo˚tées qu'il lui avait toujours connus. Pour la première fois, Sandy avait mis un peu d'ombre à paupières et de rouge à lèvres. Elle ne se rongeait plus les ongles. Ses cheveux, toujours ternes dans le passé, étaient à présent brillants et gonflés. Elle avait pris quatre ou cinq kilos. Elle qui avait toujours eu l'air plus vieille que son ‚ge faisait aujourd'hui plus jeune.
Elle rougit quand Ernie et Faye la plaisantèrent sur sa ´ métamorphose ª. Elle dit que ce n'était rien, mais apprécia tout de même les compliments qu'ils lui prodiguèrent.
Le changement ne s'arrêtait pas là. Elle qui avait toujours été timide et réservée, voici qu'elle posait toutes sortes de questions à propos de Lucy, de Frank et des petits-enfants. Elle s'installa au volant de la camionnette. Sur la route qui les menait vers Elko et la nationale, Sandy parla abondamment des fêtes et du travail au Tranquility Grill.
Ce fut surtout la façon de conduire de Sandy qui surprit Ernie. Il lui connaissait une véritable aversion pour les 4 x 4, mais elle roulait maintenant à vive allure, maniant le véhicule avec gr‚ce et audace.
Survint alors un incident.
A un kilomètre du motel, l'intérêt d'Ernie pour la métamorphose de Sandy fut soudain remplacé par l'étrange sensation qui, le 10 décembre, lors de son retour d'Elko, s'était emparée de lui pour la première fois: la sensation d'être appelé par une parcelle de terrain située très précisément à huit cents mètres de là.
Le sentiment que quelque chose d'étrange était arrivé
à cet endroit.
Faye était en train de raconter à Sandy comment la matinée de NoÎl s'était déroulée en compagnie des petits-enfants et Sandy riait beaucoup, mais pour Ernie, les rires et les paroles n'existaient plus. Ils se rapprochaient du lieu qui exerçait une véritable attraction sur lui. Il jeta un coup d'oeil rapide à travers le pare-brise éclaboussé de soleil. Un événement d'une importance phénoménale allait survenir et il était empli à la fois d'émerveillement et d'effroi.
Sandy ne roulait plus qu'à quarante à l'heure alors qu'elle avait toujours tenu les quatre-vingts depuis Elko. La camionnette reprit de la vitesse au moment même o˘ Ernie se rendit compte qu'ils avaient ralenti.
Il se tourna vers Sandy, trop tard pour être vraiment certain qu'elle aussi avait été momentanément envo˚tée par le paysage. A nouveau, elle riait en écoutant les bavardages de Faye. Il lui trouva un regard étrange, se demandant comment elle pouvait partager avec lui cette fascination mystérieuse, irrationnelle, pour un bout de terrain sans caractéristique particulière.
Ć'est bon de rentrer chez soi ª, dit Faye quand Sandy prit la bretelle de sortie.
Ernie regarda sa montre. Non qu'il voul˚t connaître l'heure mais pour savoir combien de temps il restait avant le coucher du soleil. Cinq heures environ.
Et si ce n'était pas la nuit en général qu'il redoutait, mais une nuit bien spécifique ? Peut-être s'était-il rapidement débarrassé de sa phobie à
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