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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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réelle satisfaction.
    Du jour au lendemain, il avait entrepris un long périple spirituel, partant de l'amoralité la plus absolue et parcourant tout le spectre des sentiments pour aboutir ce soir à la culpabilité.
    Mais pourquoi ? qu'est-ce qui avait bien pu déclencher en lui une telle métamorphose et, surtout, la mener à son aboutissement ? Autant de questions dont il ne connaissait pas les réponses.
    Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne se prenait plus pour un bandit romantique ayant pour mission de redresser les torts infligés à lui-même et à l'élue de son coeur. Il n'était qu'un voleur, un criminel. Depuis huit ans, il portait des oeillères. Et voici que la vérité lui sautait brutalement au visage.
    Il entra dans Manhattan et roula sans but dans les rues, retardant le plus possible le moment de regagner son appartement.
    Il se retrouva ainsi dans la Cinquième Avenue et, au moment o˘ il passait devant Saint-Patrick, il freina à
    mort et se gara en stationnement interdit juste devant le portail de la cathédrale. Il sortit de la voiture, ouvrit le coffre et tira d'un sac-poubelle une demi-douzaine de liasses de billets de vingt dollars.
    C'était de la folie que de laisser sa voiture dans un tel endroit quand le coffre renfermait plus d'un tiers de million de dollars, des armes et un Dimess dont la détention était interdite au simple citoyen. Si un flic l'avait arrêté pour lui mettre une contravention et, par routine, lui avait demandé d'ouvrir le coffre, tout aurait été fini pour lui. Mais Jack s'en fichait. D'une certaine façon, il n'était plus qu'un mort qui marche, de même que Jenny avait été pendant des années une morte qui respire.
    Bien qu'il ne f˚t pas catholique, il poussa une des portes de bronze sculptées et entra dans la nef, o˘ une poignée de fidèles agenouillés priait malgré l'heure tardive. Jack observa un instant une vieille femme qui déposait un cierge, puis il se dirigea vers le tronc des pauvres et fourra dedans les liasses de billets.
    Il reprit sa voiture, roula encore quelques minutes et s'arrêta à nouveau. Devant l'église presbytérienne de la Cinquième Avenue, cette fois-ci. Comme tout à
    l'heure, il ouvrit le coffre de la Camaro et plongea la main dans le sac-poubelle.
    Il n'y avait pas de tronc pour les pauvres de la paroisse, mais Jack aperçut un jeune ministre du culte qui s'apprêtait à fermer l'église. Il s'approcha du pasteur, bredouilla de vagues paroles à propos d'une fortune gagnée dans les casinos d'Atlantic City et lui mit dans les mains plusieurs liasses de billets de dix et de vingt dollars.
    En deux fois il avait distribué quelque trente mille dollars. Ce n'était même pas le dixième de ce qu'il avait dérobé dans le Connecticut et ces dons n'allé-geaient en rien sa culpabilité. Bien au contraire, sa honte se renforçait de minute en minute.
    Il lui restait plus de trois cent mille dollars. Pour quelques habitants de New York, le Père NoÎl allait venir avec plus de deux semaines de retard.
    Elko County, Nevada

    L'été de l'année dernière, Dom Corvaisis avait séjourné dans la chambre numéro 20. Il s'en souvenait bien parce que c'était la dernière de l'aile est du motel.
    La curiosité d'Ernie Block étant plus forte que sa peur de la nuit, il décida d'aller avec Dom et Faye jusqu'à cette chambre.
    Faye entra la première, alluma les lumières et tira les rideaux. Dom la suivit en compagnie d'Ernie, qui n'ouvrit les yeux qu'une fois arrivé.
    Dom se souvenait du moindre détail de la pièce et il eut l'impression qu'une horde de spectres moqueurs le guettait, tapis derrière chaque meuble. En vérité, ces spectres n'étaient que de mauvais souvenirs, et ce n'était pas la chambre qu'ils hantaient mais les recoins les plus obscurs de sa mémoire.
    ´Vous vous rappelez quelque chose ? demanda Ernie. «a vous revient ?
    -Je voudrais voir la salle de bains ª, dit Dom.
    Assez petite, elle ne comportait qu'un lavabo, une douche et quelques tablettes de formica. Le sol était carrelé.
    Će n'est pas le même, dit Dom. L'ancien lavabo était assez vieux, un bouchon accroché à une chaînette pendait au robinet d'eau froide.
    -Nous faisons de notre mieux pour moderniser dit Ernie depuis la porte.
    - Nous avons changé le lavabo il y a huit ou neuf mois, ajouta Faye. Ainsi que les tablettes de formica bien que nous ayons gardé la même couleur. ª
    Dom était déçu. Il avait cru que quelques souvenirs lui seraient

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